Cursillo > Histoire > III. Un Mouvement universel
64. On sait qu'en Espagne, les Cursillos ne se donnaient qu'aux jeunes garçons d'abord, puis, exceptionnellement, aux hommes. C'est en Amérique du Sud, en Colombie, dès 1952, que l'on donna les premiers Cursillos aux femmes, et cela, avant même de l'offrir aux hommes! Mais l'Espagne suivra cet exemple grâce à la ténacité exceptionnelle d'une femme de Tarragona, amie personnelle de Bonnín, qui s'appelait Maité. Intelligente et créative, elle avait été éduquée en Angleterre. Lorsque son mari fit son cursillo, elle commença à harceler les autorités pour être admise elle aussi. Mais on ne voulait pas (pour des raisons qu’on n'oserait jamais mentionner aujourd'hui (12)) et aussi parce que certains prêtres pensaient que «les femmes n'avaient rien en elles qui doivent être changées! » Comme Maité n'arrivait pas à ses fins par la voie normale, elle usa d'un stratagème: elle participa à un Cursillo d'hommes cachée derrière un rideau durant les trois jours! C'était une femme inclassable, sportive malgé son poids, fumeuse invétérée, aimant la vitesse au volant; «elle ne cessait de dérouter messieurs les abbés» avoue Forteza (p. 87). Quand une délégation spéciale se rendit chez le cardinal Arriba y Castro pour demander l'autorisation de donner des Cursillos aux femmes, on avait prudemment laissé parler les hommes, connaissant bien la réticence des ecclésiastiques d'alors envers le beau sexe. Mais finalement, les hommes n'ayant rien obtenu et le cardinal se levant pour signifier que la réunion était terminée, Maité s'approcha vivement et le prit par le bras: «Éminence, lui dit-elle, vous ne pouvez pas savoir combien c'est insupportable d'avoir un saint à la maison et de ne pas pouvoir le partager!» Le cardinal leur demanda de s'asseoir et la réunion fut un succès. Quelques mois plus tard, en avril 1958, on donnait le premier Cursillo pour les femmes. Seulement, il y avait un détail: le cardinal avait omis d'en parler tant à Mgr Hervás qu'à l'abbé Capó. Ceux-ci furent mis tous les deux devant le fait accompli, avec la complicité même du cardinal (Ruhloff, p. 59-60).
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(12) Entre autres, parce que les femmes sont trop curieuses!