En témoignant de ce que le Seigneur
a fait dans notre vie,
nous contribuons à faire connaître
sa présence et son action,
et c'est Lui que nous louons.
"Que votre lumière brille!
Qu'elle soit placée sur le boisseau!
Afin que tous ceux qui la voient
rendent gloire à votre Père
qui est dans les cieux."
(Mt 5, 15-16)
Jean-Paul ii, Ultreya d'Italie en 1990
La vie de Cesareo Gil s'est déroulée presque entièrement au Venezuela. Il était né en Galice (Espagne). En 1942, âgé de 20 ans, il entrait dans la Fraternité des Prêtres Ouvriers diocésains et termina ses études à l'Université Pontificale de Salamanque. Il fut ordonné prêtre le 1 mars 1947. Depuis lors, il n'est jamais arrêté.
Son premier ministère fut la formation des futurs prêtres de Murcie et de Zaragosse. Il a travaillé également au diocèse de Tuy-Vigo où il participa au 4e Cursillo, comme candidat, en 1955. Il n’abandonnera jamais plus ce Mouvement qu’il ira lui-même implanter à Zamora et à Salamanque. Dès 1959, il était destiné par ses supérieurs au Venezuela dans le but de consolider la Fraternité des Prêtres Ouvriers en ce pays.
Ce que personne n'avait prévu, ni même Cesareo, c'est qu'à peine débarqué à Caracas, l'archevêque lui demanda de donner un coup de main pour l'établissement du Mouvement des Cursillos au Venezuela. Qu'est-il arrivé' À peine huit mois après son arrivée, le 20 août 1959, le P. Cesareo Gil dirigeait le premier Cursillo au Collège La Salle.
Et ensuite' On peut parler de feu, d'ouragan, de tremblement de terre' Toutes ces images restent pâles. Cesareo déborde de vitalité. Il n'a sûrement pas le don de la bilocation mais comme il se multiplie! Très tôt, tous les diocèses du pays ont senti renouveler, au moyen du MC, toutes leurs meilleures artères chrétiennes. La carte religieuse du Venezuela changea de couleurs. On a dit et écrit que l'Église de ce pays n'aurait pas, sans le Cursillo, le même visage, les mêmes inquiétudes ni les mêmes espoirs.
Mais malgré son extension, ce pays demeurait petit pour les ailes du P. Cesareo. On se mit à le connaître dans la plupart des pays latino-américains. Il n'y eut aucune rencontre interaméricaine ou mondiale dans laquelle n'apparaissait pas par enchantement la figure incontournable du P. Gil. Il vit sur les braises.
Comme si tout cela n'était rien, il s'occupe de construire à Caracas, la maison des Cursillos qu'il baptise " Mosen Sol ", du nom du fondateur de la Fraternité. Il construit aussi un collège pour la formation des enfants des cursillistes. Il y annexe un immense stationnement pour éviter les embouteillages autour du collège. Il fonde un Centre d'Études pour les futurs candidats au sacerdoce dans la Fraternité. Il édifie une magnifique maison d'éditions, baptisée Tripode (qui signifie Trépied), pour la publication de livres religieux qui diffuseront à travers tout le pays et l'Amérique du Sud la pensée chrétienne. Comme si ce n'était pas assez, il fonde la revue internationale Testimonio, organe de l'O.M.C.C. Mais il n'en reste pas là! Il écrit aussi des volumes, beaucoup de volumes, plus de 40, qui reflètent directement ou indirectement la pensée pontificale. Il construira encore l'église du Saint-Esprit, annexe à la maison des Cursillos, qui deviendra le siège de la paroisse Marie, Mère de l'Église' C'est dans cette église qu'il célébra, le premier mars 1997, son action de grâce pour les 50 années de son sacerdoce. Il y avait là, à cette occasion, la crème de l'Église vénézuélienne. Si je l'avais su à temps'
Le P. Cesareo semble avoir touché à beaucoup de choses, mais il reste que sa spécialisation c'était le MC. Il a su démêler, comme aucun autre, les entrailles du Mouvement' Les fichiers les mieux remplis sur le MC sont ceux qui sont dans sa chambre à Caracas. Il connaît toutes les péripéties du Mouvement. Depuis la première Rencontre Mondiale à Rome, où je le rencontrai pour la première fois, jusqu'à la première rédaction des Idées Fondamentales (1972), le P. Cesareo a été partout. D'une certaine manière, et toujours décisive, il est intervenu dans la création de la O.L.C.C. (Oficina Latinoamericana de los Cursillos de Cristiandad), ensuite du G.E.T. (Groupe Européen de Travail), du G.L.A. (Groupe anglophone), du G.A.P. (Groupe Asie-Pacifique) et, bien sûr, dans la constitution de l'Organisme Mondial.
Au cours de l'année 1991, le P. Cesareo cédera le poste d'A.S. national du MC au Venezuela qu'il avait tenu depuis 32 ans. Il avait eu le temps de se préparer un dauphin dans la personne du P. Ramon Viloria, dont la vie avait été transformée en un Cursillo, à l'ombre dynamique et dynamisante du P. Cesareo. Le témoin passait entre bonnes mains.
Il reste quelques questions insolubles. Où prenait-il le temps' Comment a-t-il évité le stress' Quand prend-il du sommeil' Je me rappelle une anecdote. Nous étions à l'hôtel Calas Mallorca, en 1974, les membres des sept pays désignés pour la rédaction finale des IFMC. Durant la semaine, on avait invité à présider l'Eucharistie l'évêque du lieu, Mgr Théodore Ubeda. L'homélie dépassa les normes du supportable' Et la tête du P. Cesareo, placé juste en face de l'évêque, souffrait la tempête, oscillant de bâbord à tribord et de la proue à la poupe! Ses amis de droite et de gauche, nous le mitraillions de coups de coudes inutiles : nous demeurions convaincus qu'après avoir passé la nuit blanche sur la correction des textes, le pauvre homme ne savait même plus où il était. Et c'est le commentaire que je fis à Hermogenes Castano. Celui-ci me répondit en souriant, questionne-le sur le sermon et tu verras' Durant le dîner, très discrètement, je glissai la conversation sur l'homélie du matin. Sans hésitation aucune, Cesareo me répéta tous les points traités par l'évêque sans en omettre aucun! Il faut le faire! Et sachant bien pourquoi je l'avais interrogé, il se mit à rire à gorge déployée.
Si vous mettiez ensemble une incroyable capacité de travail avec un sens inné de l'organisation, une intelligence supérieure à la normale avec une ténacité capable d'ouvrir les voies les plus abruptes, et si vous ajoutiez enfin une forte dose de foi, vous auriez là le portrait robot du P. Cesareo Gil.
Merci, mon frère pour ta vie, merci pour ton sacerdoce, merci pour ton amitié! Tu m'avertiras quand tu fêteras tes noces d'or de Cursillo' En attendant, il y a un mot qui se détache dans ton dictionnaire personnel : infatigable!
Traduit de la revue KERYGMA de Madrid, no. 75, p. 14-16.
Note du Traducteur : au moment où la revue de Madrid publiait cet article, le P. Cesareo décédait à Caracas, en octobre 1997.