Vivre, comprendre et transmettre la foi
Qu'est-ce que la Nouvelle Évangélisation?
Comment participer à la nouvelle évangélisation?
La mission particulière du Mouvement des Cursillos
Message du Synode des Évêques sur la nouv. évang.
Au pays de l'évangélisation, par Gilles Baril, AS du MCFC
Les pauvres savent qu’ils ne sont pas importants pour personne : dévalorisation personnelle et collective, on leur parle par charité, mais avec une indifférence complète; « Qu’on crève ou pas, tout le monde s’en fout ». Chaque individu est considéré comme un "cas à problème". On les a rassemblés dans des camps de fortune où ils sont mieux que sur le trottoir : dans ces lieux, ils sont ensemble non par une histoire commune, non par choix de valeurs à vivre ou par liens familiaux. Ce qui les réunit, c’est leur similitude dans le malheur ou le fait de manquer de tout.
Tout humain a son lot de souffrances et il demeure difficile de l’accepter.
On dit parfois des pauvres qu’ils sont habitués à leurs souffrances et qu’ils n’en souffrent plus. Comme si on pouvait s’habituer au malheur. À ceci, il faut ajouter encore que souvent la souffrance fait fuir les amis parce qu’ils se sentent impuissants à réconforter. C’est alors qu’arrive la rancœur, un désir de vengeance qui fait que les victimes rêvent parfois de devenir des bourreaux. Toute personne a besoin de se sentir aimée, comprise. Un homme humilié devient vite un homme violent.
La misère fait souvent en sorte que ceux qui la subissent perdent toutes formes de dignité humaine, au point de se rejeter eux-mêmes en se croyant indigne d’amour. On ne sort jamais seul de la misère : pour la rendre supportable, on fabule ou si on a de la chance, on apprend la solidarité humaine.
"La plus grande douleur des pauvres, c’est que personne n’a besoin de notre amitié"
La pauvreté est une école de miséricorde; il y a chez les pauvres comme chez toutes personnes humaines un besoin de donner. Les pauvres n’ont souvent que leur compassion à donner. Souvent c’est l’ignorance qui amène la misère. Les pauvres ont généralement la honte collée à la peau : leur premier besoin consiste à être reconnu et aimé.
Les couples se forment pour se consoler l’un l’autre de leur misère plutôt que pour espérer en un avenir meilleur. Parfois chacun est tellement prisonnier de ses déceptions, qu’il n’arrive pas à donner place à l’autre dans sa vie. Les parents ne possèdent pas la sécurité nécessaire pour élever sereinement des enfants.
Quand la femme devient enceinte, tout le monde se désole autour d’eux : « un autre qui va vivre dans la misère ». Le futur parent se nourrit d’espérance : « Pour lui, ça ne sera pas pareil. Ça va changer pour nous ». Puis la dure réalité les ramène à leur réelle condition de survie. Souvent les enfants qui vieillissent se disent : « Quand je serai grand, je gagnerai beaucoup d’argent pour que ma mère puisse enfin sourire et se reposer. »
« La main qui donne
est toujours au-dessus de la main qui reçoit ». (Proverbe africain)
Les pauvres ne jugent pas les gens au nom de leur inégalité, mais au nom de leur sincérité. Ils attendent de ceux qui leur viennent en aide de la compréhension et du respect. Ils espèrent simplement qu’on leur permette de vivre un moment de bien-être. Parce qu’ils manquent de tout, ils abordent les gens et particulièrement les prêtres en venant les quêter. Mais leur plus grand besoin demeure celui d’être considéré comme un individu qui a quelque chose à offrir de lui-même.
Le besoin de se sentir aimé et reconnu demeure le plus fort. Peu importe nos conditions de vie, on est toujours prêt à "donner la lune" à ceux qu’on aime et de qui on se sent aimé. Parfois, il ne reste que la compassion, le temps et le silence. Mais c’est aussi là que se vit l’essentiel.
Le besoin de se sentir aimé
et reconnu
demeure le plus fort
Publié avec l'autorisation de l'auteur
Extrait de: Le quotidien de l'Évangile, Gilles Baril, prêtre, p. 97-101
Source des images:couché dans la rue; pauvre recourbé; mère-enfants;