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Un an avec le Pape François
Florilège en images des gestes et des paroles du Pape François qui ont marqué la première année de son pontificat, sélectionnés par KTO.
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Au pays de l'évangélisation, par Gilles Baril, AS du MCFC
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« Ma main sera pour toujours avec lui,
mon bras fortifiera son courage ».
« J'ai trouvé David mon serviteur,
je l'ai sacré avec mon huile sainte ».
« Mon amour et ma fidélité sont avec lui,
il me dira :
Tu es mon Père et mon Dieu,
mon roc et mon salut » .(Extraits du Ps 88)
Nous nous réjouissons avec les fiancés qui se marient;
nous rions avec l'enfant qu'ils font baptiser;
nous accompagnons les jeunes qui se préparent au mariage et à la famille;
nous nous affligeons avec celui qui reçoit l'onction sur un lit d'hôpital;
nous pleurons avec ceux qui enterrent une personne chère…
Tant d'émotions…
Si nous avons le cœur ouvert, cette émotion et tant d'affection fatiguent le cœur du pasteur. Pour nous, prêtres, les histoires de nos gens ne sont pas un bulletin d'information : nous connaissons nos gens, nous pouvons deviner ce qui se passe dans leur cœur ; et le nôtre, en souffrant avec eux, s'effiloche, se défait en mille morceaux, il est bouleversé et semble même mangé par les gens :
Et ainsi notre vie sacerdotale se donne dans le service, dans la proximité du peuple de Dieu… qui toujours, toujours fatigue.
Je voudrais maintenant partager avec vous quelques autres fatigues sur lesquelles j'ai médité.
Il y a celle que nous pouvons appeler « la fatigue des gens, la fatigue des foules » : pour le Seigneur, comme pour nous, elle était épuisante – l'Évangile le dit –, mais c'est une bonne fatigue, une fatigue pleine de fruits et de joie.
Les gens qui le suivaient, les familles qui lui portaient leurs enfants pour qu'il les bénisse, ceux qui avaient été guéris, qui venaient avec leurs amis, les jeunes qui s'enthousiasmaient pour le Rabbi…, ne lui laissaient même pas le temps de manger. Mais le Seigneur ne se fatiguait pas de rester avec les gens. Au contraire : il semble que cela le remontait. (cf. Evangellii gaudium, n. 11 ).
Cette fatigue au milieu de notre activité est, en général, une grâce qui est à portée de main de nous tous, prêtres (cf. ibid., n. 279).
C'est vraiment une belle chose : les gens aiment, désirent et ont besoin de leurs pasteurs ! Le peuple fidèle ne nous laisse pas sans occupation directe, sauf si on se cache dans un bureau ou si on part en ville avec des verres teintés.
Et cette fatigue est bonne, c'est une fatigue saine...
C'est la fatigue du prêtre avec l'odeur de ses brebis…, mais avec le sourire de papa qui contemple ses enfants et ses petits-enfants.
Rien à voir avec ceux qui sentent des parfums chers et qui te regardent de loin et de haut (cf. ibid., n. 97). Nous sommes les amis de l'Époux, c'est là notre joie. Si Jésus fait paître le troupeau au milieu de nous, nous ne pouvons pas être des pasteurs au visage acide, qui se lamentent, ni, ce qui est pire, des pasteurs qui s'ennuient.
Il y a aussi la fatigue que nous pouvons appeler « la fatigue des ennemis ». Le démon et ses adeptes ne dorment pas ; et comme leurs oreilles ne supportent pas la Parole de Dieu, ils travaillent inlassablement pour la faire taire ou la troubler. Ici la fatigue de les affronter est plus dure.
Non seulement il s'agit de faire le bien, avec toute la peine que cela comporte, mais il faut aussi défendre le troupeau et se défendre soi-même du mal (cf. Evangelii gaudium, n. 83 ). Le malin est plus astucieux que nous, et il est capable de démolir en un moment ce que nous avons construit avec patience durant beaucoup de temps.
Il est nécessaire ici de demander la grâce d'apprendre à neutraliser – c'est une habitude importante - apprendre à neutraliser - neutraliser le mal, ne pas arracher l'ivraie, ne pas prétendre défendre comme des surhommes ce que seul le Seigneur doit défendre. Tout cela aide à ne pas baisser les bras devant l'épaisseur de l'iniquité, devant la dérision des méchants. La parole du Seigneur pour ces situations de fatigue est : « Ayez courage, j'ai vaincu le monde !» (Jn 16, 33). Et cette parole nous donnera de la force.
Et une dernière – dernière pour que cette homélie ne vous fatigue pas trop – il y a aussi « la fatigue de soi-même » (cf. Evangelii gaudium, n. 277 ). C'est peut-être la plus dangereuse. Parce que les deux autres proviennent du fait d'être exposé, de sortir de nous-mêmes pour oindre et nous donner quelque chose à faire (nous sommes ceux qui prennent soin).
En revanche, cette fatigue est plus autoréférentielle : c'est la déception de soi-même, mais pas regardée en face, avec la sérénité joyeuse de celui qui se découvre pécheur et qui a besoin de pardon, d'aide : celui-là demande de l'aide et va de l'avant.
Il s'agit de la fatigue qui porte à « vouloir et ne pas vouloir », le fait de tout risquer et ensuite de regretter l'ail et les oignons d'Égypte, de jouer avec l'illusion d'être autre chose.
J'aime appeler cette fatigue «minauder avec la mondanité spirituelle». Et quand on reste seul, on s'aperçoit que beaucoup de secteurs de la vie ont été imprégnés de cette mondanité, et on a même l'impression qu'aucun bain ne peut la nettoyer. Il peut y avoir là pour nous une mauvaise fatigue.
La parole de l'Apocalypse nous indique la cause de cette fatigue :
Seul l'amour donne du repos. Celui qui ne s'aime pas se fatigue mal, et à la longue, se fatigue plus mal.
L'image la plus profonde et mystérieuse de la manière dont le Seigneur s'occupe de notre fatigue pastorale est celle de celui qui « ayant aimé les siens…, les aima jusqu'à la fin » (Jn13, 1) : la scène du lavement des pieds. J'aime la contempler comme lavement de la sequela. Le Seigneur purifie la sequela elle-même, il s'implique avec nous ( Evanglii gaudium, n. 24 ), il se charge le premier de nettoyer toute tache, ce smog mondain et onctueux qui s'est collé durant le chemin que nous avons fait en son Nom.
Nous savons que l'on peut voir dans les pieds comment va tout notre corps. Dans la manière de suivre le Seigneur se manifeste comment va notre cœur. Les plaies des pieds, les déboitements et la fatigue sont des signes de la manière dont nous l'avons suivi, de ces routes que nous avons faites pour chercher ses brebis perdues, en essayant de conduire le troupeau vers les verts pâturages et les eaux tranquilles (cf. ibid., n. 270). Le Seigneur nous lave et nous purifie de tout ce qui s'est accumulé sous nos pieds pour le suivre. Et c'est sacré. Il ne permet pas qu'ils restent sales. Il les embrasse comme des blessures de guerre, de sorte que la saleté du travail, c'est lui qui la nettoie.
La sequela de Jésus est lavée par le Seigneur lui-même pour que nous nous sentions en droit d'être « joyeux », « remplis », « sans peur ni faute» et pour que nous ayons ainsi le courage de sortir et d'aller «jusqu'aux extrémités du monde, vers toutes les périphéries», porter cette bonne nouvelle aux plus abandonnés, sachant qu' « il est avec nous, tous les jours jusqu'à la fin du monde ».
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Source du texte: site du Vatican (Homélie du Pape François, Messe chrismale, Basilique vaticane, Jeudi 2 avril 2015)
Source des images: Point-Fort.com, Ressentir... l'empathie ! Par Stephane Bigeard; Ici.radio-canada; L'homélie du Dimanche