Cursillo > Histoire > I. Genèse du Mouvement des Cursillos
6. On ne peut faire l’histoire de notre Mouvement, sans parler de l’Action Catholique, qui a joué un rôle prépondérant dans la genèse du MC. Dans l’euphorie de l’après-guerre, les jeunes de l’Action Catholique vivaient sous le leadership national d’un homme exceptionnel, Manuel Aparici, qui avait été président national de l’AC avant la guerre et qui, devenu prêtre, avait été nommé aumônier national d’Espagne (sa cause de béatification a été introduite à Rome, en 1994). Durant l’étape Républicaine du pays, l’AC avait lancé l’idée d’un pèlerinage national de jeunes à la basilique de St-Jacques-de-Compostelle. Cet événement voulait être la démonstration, face aux organisations de masses anticléricales, que l’Église aussi pouvait mobiliser des foules de jeunes garçons. Cependant, à cause de l’insécurité et des troubles militaires, l’événement fut sans cesse reporté. Maintenant que l’Église était installée sur le banc des vainqueurs, on croyait que la démonstration continuait à avoir du sens, face à la puissante Phalange, qui était encore plus imperméable à l’influence de l’Église.
7. Quel est donc ce sanctuaire de Compostelle dont on parle si souvent? L’histoire remonte en 808 lorsque Théodomir fait la découverte du tombeau de l’apôtre Jacques le Majeur et le transporte en Espagne, à Compostelle. Lorsque les chrétiens ne peuvent voyager en Terre Sainte à cause des guerres, ils se rendront au tombeau de S. Jacques, qui deviendra rapidement l’un des trois plus grands pèlerinages du monde avec Rome et Jérusalem. On l’appellera même «la Mecque chrétienne». Et c’est de ce pèlerinage que tire son origine... la coquille St-Jacques. À l'époque, tout pèlerin se munissait d’une coquille en guise de gobelet pour boire sur la route. C’était facile à transporter et incassable. On reconnaissait même les pèlerins à la coquille qu’il portait attachée sur leurs vêtements(1). Après le pèlerinage à Compostelle, cette coquille a été adoptée comme emblème par le Mouvement, comme on peut le voir sur les livres publiés par le Secrétariat national d’Espagne.
8. Revenons au projet de l’AC. Il est certain que l'objectif à tendance politique qu'aurait pu avoir le pèlerinage à Compostelle, se modifia peu à peu en un objectif beaucoup plus transcendent grâce à la personnalité exceptionnelle et la foi profonde de Manuel Aparici. En effet, ce dernier sut s'entourer d'un groupe de jeunes hommes profondément convaincus et excellents communicateurs. Ils élaborèrent des schémas pour une session qu'ils appelèrent « Cursillos des chefs de pèlerins », un cours qui permettait de ré-orienter le pèlerinage vers un contenu de foi, dans le but d'obtenir « cent mille jeunes en état de grâce à Compostelle». L'abbé Aparici avait même obtenu la bénédiction de Pie XI pour son projet. Simultanément, dans la revue SIGNE, organe du Conseil national de l'AC des jeunes, on complétait la stratégie préparatoire qui exigeait de tous les leaders diocésains un profond changement de mentalité.
9. Et le Directeur de l’École de l’AC était nul autre que l'abbé Sebastián Gayá, dont nous entendrons souvent parler par la suite. Il était déjà renommé sur l’île, indépendament de son jeune âge. Ordonné prêtre en 1937, il avait été affecté immédiatement à l’AC des Jeunes, dont il animait toutes les retraites fermées, les interventions à la Radio et les articles dans leur revue intitulée proa. C’est donc lui qui avait la supervision des Cursillos des Chefs de Pèlerins, et c’est là qu’il rencontrera Eduardo Bonnín.
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(1) C’est ainsi que le grand peintre Caravaggio, au 16e siècle, lorsqu’il voulut représenter les disciples d’Emmaüs, ajoutera une coquille sur le manteau de l’un des pèlerins.