Les difficultés de l'oraison

par le Père H.C.*

 

Je vous l'ai déjà dit, la première difficulté que nous rencontrons et que nous rencontrerons longtemps, vient de ce qu'aujourd'hui nous vivons dans un climat qui ne favorise absolument pas la prière, puisque la prière réclame au point de départ beaucoup de silence, une très grande disponibilité, et cela n'est pas le lot de la civilisation moderne. Nous sommes dans un monde où Dieu est très peu présent, où Il tient peu de place dans les  préoccupations des hommes qui sont entièrement absorbés par leurs tâches profanes. Enfin, j'ai déjà souligné parmi les difficultés que nous rencontrerons une certaine orientation du christianisme, aujourd'hui, qui nous tourne beaucoup plus vers l'action, qui met l'accent davantage sur le service des autres, sur l'engagement, sur la participation à la construction du monde, mais où la dimension d'intériorité, c'est-à-dire la dimension de relation avec Dieu, est très dévaluée.

Ni le devoir d'état, ni le souci des autres ne peuvent en aucun cas compenser le besoin d'être sans intermédiaire uniquement à Dieu au moment de l'oraison. D'ailleurs certains chrétiens sont heureux d'aller faire une retraite car, dans les jours précédents, ils ont eu des problèmes auxquels ils ont à faire face, et ils éprouvent le besoin de se refaire spirituellement. Nous sentons bien ce manque, mais nous sentons aussi qu'il est difficile de mettre Dieu dans notre vie, de Le mettre dans nos rapports avec les autres, de Le mettre dans l'accomplissement de notre tâche, si - écoutez bien - d'abord et avant tout, nous n'avons pas le souci de Le retrouver dans le silence, et si nous ne gardons pas un contact personnel et vivant avec Lui : voilà qui est clair...  Je vous l'ai dit et j 'y reviens, la vie de prière en général est un combat, par conséquent il ne faut pas s'attendre à ce que l'oraison soit facile.

Perdons nos illusions, l'oraison n'est jamais facile, même pour les chartreux qui ne voient personne, car lorsque nous n'avons pas les autres pour nous distraire, nous avons nous-mêmes et c'est déjà un poids bien lourd ! Par conséquent, pour tout homme contemplatif ou actif, la prière, la vie d'oraison, restera un combat, ce ne sera jamais facile, jamais ! Si Dieu le permet, elle peut nous être un jour plus facile.. . une fois tous les trois ou quatre mois ou tous les trois, quatre ans ! C'est tout ! Cependant tout peut s'arranger à partir du moment où, comme je viens de l'exprimer, nous serons convaincus du prix infini de l'oraison. La question de conviction est donc première, la volonté suivra : c'est la question importante à laquelle il faut répondre tout de suite.

Suis-je convaincu jusqu'au plus profond de mon être, que l'oraison est primordiale dans ma vie ? Quand nous tenons beaucoup à quelque chose nous arrivons toujours à l'obtenir et à le faire, bien sûr ! Ah ! pour cela nous sommes industrieux, nous arrivons à convaincre parce que nous sommes convaincus ! ... Lorsque nous tenons vraiment à quelque chose, c'est tout de même curieux, nous trouvons toujours le temps de l'accomplir... Oui, quand on veut quelque chose sur le plan humain, on s'arrange toujours pour réussir, pour arriver, pourquoi faut-il qu'on ne fasse pas le même effort sur le plan spirituel ? C'est parce que Dieu n'est pas le Grand Vivant de notre vie ! C'est parce que nous n'y croyons pas de tout notre être, c'est toujours la foi qui nous manque ! Nous retrouvons ici le problème de la hiérarchie des valeurs : si notre vie, nous nous emploierons à trouver le moyen de faire oraison et nous y arriverons ; mais si nous ne considérons pas que c'est absolument essentiel, le reste passera avant et finalement, nous ne ferons pas oraison.

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(*) Extrait d'une "Retraite sur l'oraison", prèchée par le Père H.C., et reproduite sur le site Jésus/ la prière et les saints

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