S'installer, un danger qui nous guette

Nazaire Auger
AS de l'Outaouais

L'installation est une maladie qui peut conduire un mouvement à la stagnation, à la mort.

Les premiers chrétiens ont affronté cette maladie dès les débuts de l'Église. Le diacre Étienne, mort martyr a crié aux installés, assis sur leur système, la parole qu'avait entendu Abraham: "quitte ton pays, traverse le désert, passe la mer."

Et l'Église, sous la poussée des persécutions a pris le large en osant abandonner les anciennes alliances. Un auteur écrit: "Jeté sur les routes par vocation, le peuple de Dieu apprend à rencontrer le monde tel qu'il est en 2001 pour établir avec lui des itinéraires encore inconnus".

Les ghettos ne sont pas lieux d'Évangile. Le passé est là non pour le répéter mais pour innover. Les apôtres se trouvaient enfermés et, voici que sous la force d'un vent violent, ils partent et se mettent à évangéliser. Ils commencent à remplir leur mission "Allez..." La bible est un long récit écrit dans le mouvement du temps: "Au commencement ..." (Gn 1,1). "Oui, mon retour est proche, Oui, Viens, Seigneur Jésus". (Ap.22,20)

Le Cursillo est "un mouvement d'Église" inscrit dans son histoire qui se vit sur les places publiques, dans le but de former des noyaux de chrétiens qui seront ferments d'évangile, comme un feu, comme une lumière.

"Frères cursillistes, allez de par le monde entier et dites à tous les hommes, sans distinction de race, de couleur (divorcés, ou bien mariés, consacrés, quel que soit leur rang, je verse pour eux mon sang) que tous sont enfants de Dieu, frères de Jésus et temple de l'Esprit Saint. Le Père les a créés, rachetés, sanctifiés pour leur communiquer son propre bonheur". (Mgr Hervas) "Aidons les bons à devenir meilleurs et les autres à se convertir".

Le Mouvement des Cursillos est né sous le souffle des pèlerinages. Ce même souffle doit encore aujourd'hui gonfler ses voiles. Le pèlerinage guérit la maladie de l'installation, stimule la marche en avant, n'a que des haltes de ressourcement.

Les fondateurs du cursillo préparaient des animateurs jeunes pour aider les autres jeunes à garder leur intérieur libre de tout encombrement qui ralentit la marche vers un but fixé.

Des milliers de jeunes ont marché dans les rues de St Jacques de Compostelle. Ils ont usé les pavés des rues étroites et remplies de vieux souvenirs. Le Guide pour notre vie de cursilliste s'appelle "Guide du pèlerin".

Le cursilliste installé dans les structures créées au rythme des âges n'est pas un vrai. Change tes souliers usés par la marche, saute dans la barque de 2002 qui approche du rivage pour te prendre à son bord, ôte le "ci-gît" inscrit sur ton front. C'est un écriteau mortuaire. "La Gloire de Dieu, c'est l'homme vivant" dit le psaume. Le"quitte ton pays, traverse le désert, passe la mer." pèlerin porte peu de bagage. "N'apportez ni argent, ni sac..." a dit Jésus à ses pèlerins d'Évangile.

L'Église s'est déjà donnée un "aggiornamento" pour le monde entier. Cette mise à jour n'a pas encore atteint tous les installés qui pratiquent encore la religion de leur enfance.

Nous avons eu un congrès à Québec qui a permis la révision de nos méthodes d'action. Ce fut une belle occasion de nous ouvrir les uns aux autres, non pour uniformiser, mais pour respecter la marche diversifiés des différents secteurs.

Combien de fois les "mass média" et les discours nous rappellent la rapidité des changements dans les comportements humains individuels et sociaux. Nous avons besoin de recyclage permanent, de nouvelles formes d'autorité, de nouveaux yeux, de nouvelles oreilles pour voir et entendre les nouveautés d'aujourd'hui.

La barque de 2002 approche du rivage. Les avirons ont changé, les matelots ont suivi une nouvelle formation. Seule la mer demeure la même. Elle est capable d'accueillir toutes les nouveautés sans être obligée de changer. C'est à nous de nous transformer.

Le Mouvement des Cursillos a pris sa source à même la formation des jeunes pèlerins. De plus en plus de jeunes (peut-être que vous aviez cet âge quand vous avez fait votre week-end - 18 à 35 ans) vivent leur fin de semaine avec leur mère, grand-mère, ou seuls et profitent de la sagesse des plus âgés. Cependant leur formation, matelot, la religion de leur enfance, leur philosophie et leur signe, leur civilisation n'est plus la nôtre. Cependant, le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont les mêmes, comme la mer demeure la même.

Serait-il bon que nos jeunes organisent un aggiornamento pour eux et par eux?

Dans son premier discours, lors de la Pentecôte, Saint Pierre a rappelé ces mots du prophète Joël: "Vos fils parleront en mon nom: vos jeunes verront ce que les autres ne voient pas".

Est-ce vrai aujourd'hui?