Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : annoncer... témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!
Commençons par nous demander: C'est quoi, un milieu?
Les "Idées Fondamentales" disent ceci: "L'être humain est social. C'est comme par instinct qu'il cherche à se regrouper avec d'autres pour vivre, pour être et pour se réaliser. Toute sa vie est intimement liée à sa participation à des groupes (foyer, travail, loisir, sport…) Ces milieux de vie, où il s'exprime et agit conditionnent aisément toute sa personne. Chacun de ces milieux où l'être humain se trouve et se réalise a des caractéristiques qui influencent plus ou moins sa propre manière d'être, de penser et d'agir." (Éd. 1977, p. 100)
Voilà ce qu'on appelle: MILIEUX. Un milieu, ce n'est pas un espace physique dont on sait où il est situé et comment il est limité. Le milieu, c'est un GROUPE DE PERSONNES différentes, mais qu'un lien commun rassemble: une famille, un groupe de travailleurs (patrons ou syndiqués; usines, ateliers, bureaux…), un club social ou sportif, un cercle d'ami(e)s, un parti politique, une association bénévole ou religieuse, etc…
On dit souvent de ces groupes qu'ils sont des groupes "d'appartenance", pour les différencier de ceux qui ne sont que des groupes "occasionnels", où "on ne fait que passer". Mes "groupes d'appartenance" sont importants pour moi, comme pour tous ceux et celles qui en font partie. On les appelle "milieux" parce qu'ils ont un impact (positif ou négatif) sur la manière d'être, de penser, d'agir, de réagir, de choisir, de tous ceux et celles qui en font partie.
En me levant, le matin, j'ai les pieds dans mon milieu familial. Une heure plus tard, je me retrouve dans mon milieu de travail. Dans la soirée, je peux me retrouver en milieu de loisirs. Le dimanche, ou le samedi, si je suis pratiquant(e)-célébrant(e), je me trouve en mon milieu paroissial. Je suis donc en lien avec différents milieux. Dans certains de ces milieux, je ne me sens peut-être pas dans mon élément. Je peux même m'y trouver mal à l'aise. Peut-être que je ne sens aucun lien avec les personnes que j'y rencontre.
Parler de "milieux", c'est parler de liens entre les personnes. On pourrait donc définir le milieu de la façon suivante: Le milieu est formé de personnes entre lesquelles des liens se sont établis à cause d'idées et de goûts semblables, à cause de la communion à un même idéal, à cause de personnalités qui se rejoignent, à cause de circonstances particulières.
Les membres d'un groupe politique forment un milieu où l'on partage les mêmes idées politiques. Les membres d'une chorale ou d'un orchestre forment un milieu où les personnes partagent le même goût de la musique. Un chantier de travail forme un milieu où les personnes deviennent vite solidaires. La famille est le milieu où les liens les plus intimes se créent entre les personnes. Parler de milieu, c'est parler de solidarité qui réunit des gens.
Une description imagée pourrait aider à mieux comprendre le sens du mot: milieu: Le milieu c'est "là où tu t'attardes volontiers, pas là où ne fais que passer". Le milieu: "c'est là où tu te retrouves souvent, là où tu crées des liens."
Maintenant que je connais un peu mieux mes milieux, je vais faire un pas de plus. Je vais essayer de comprendre ce que veut dire: "fermentation chrétienne des milieux".
La définition du "Cursillo", (dans les Idées Fondamentales, que l'on "connaît maintenant"), se termine de la façon suivante: "… en aidant à découvrir et à réaliser la vocation personnelle comme FERMENT D'ÉVANGILE dans les milieux respectifs." (Éd. 1977, p. 38)
L'expression "ferment d'Évangile" vient de la parabole de Jésus, qui disait: "Le royaume des cieux est comparable à du levain (ferment) qu'une femme prend et enfouit dans trois mesures de farine, si bien que toute la masse lève." (Mt 13, 33)
Le levain fait lever la pâte. Le levain, c'est tout petit. Et il en faut très peu pour que la pâte lève pas mal! Ainsi le(la) chrétien(ne) est-il(elle) appelé(e) à "faire lever" (transformer) son milieu par des gestes simples et souvent sans éclat.
C'est vrai que, souvent, c'est le contraire qui arrive: le milieu influence (en bien ou en mal) ceux (celles) qui y vivent et le fréquentent.
À première vue, il semble bien que ce soit le milieu qui l'emporte! Le milieu "façonne", le milieu influence les gens. "Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es!" Mais il faut dire que moi aussi, si je le veux, je peux avoir un impact sur mon milieu.
Si je veux "influencer" mon milieu, je dois vivre personnellement ce que je veux voir lever dans le milieu. Pour être témoin de Jésus Christ, il est important que d'abord j'en vive moi-même!
Si je veux influencer mon milieu, je dois m'efforcer de vivre une vraie solidarité avec les autres personnes de ce même milieu. Solidarité va jusqu'à signifier: communion. Cette communion m'ouvre les oreilles et le cœur.
Toute personne est digne de respect, quelle qu'elle soit et quelle que soit sa situation. Tous les êtres humains sont faits à l'image de Dieu. Le milieu où je vis est fait de personnes qui, non seulement sont à l'image de Dieu: elles sont de plus enfants de Dieu. Chaque personne est donc digne du plus grand respect. Je les accueille jusque dans leurs différences. Être ferment d'Évangile dans mon milieu ne doit jamais ressembler à de la manipulation. Je respecte la liberté de chacun, car la liberté fait partie de sa dignité.
Jean-Paul II le rappelle: "Les saints, les saintes ont toujours été source et origine de renouvellement dans les moments les plus difficiles de l'histoire de l'Église. Aujourd'hui, nous avons un très grand besoin de saint(e)s; nous devons en demander au Seigneur avec insistance." (Les Fidèles laïcs, no 16)
Ma mission de cursilliste c'est d'être "ferment d'Évangile" dans mes milieux, dans les réseaux où je suis habituellement impliqué(e). Arrive un jour où, avec d'autres cursillistes, je voudrais rejoindre des milieux nouveaux qui sont peu rejoints par la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.
Que faire alors? Le Mouvement des Cursillos propose une stratégie:
1. Je sélectionne, moi seul ou avec d'autres, un milieu nouveau, qui ne "figure pas dans mon programme" régulier. Par exemple, je désire aider le personnel d'un établissement de santé. J'entre d'abord en relation avec des gens que je connais de ce milieu pour pointer quelques personnes capables d'influence dans ce milieu.
2. J'invite (je parraine!) ces personnes à vivre l'expérience du Cursillo. Pour devenir ferment dans leur milieu, ces personnes parrainées feront une rencontre plus forte de Jésus Christ et seront prêtes à en témoigner à leur tour. Cette démarche exige du doigté, du temps et beaucoup de prière.
C'est par mon agir quotidien que je réaliserai ma mission de "ferment d'Évangile". Pas question de rechercher des actions spectaculaires: elles sont rarement ou même jamais à ma portée et elles ne sont pas d'ailleurs les plus efficaces.
L'eau qui coule lentement se rend quand même à la mer. C'est à petits pas que l'alpiniste arrive au sommet de la montagne. Il faut des années pour que le gland devienne chêne. Chaque année une mince couche de bois s'ajoute aux précédentes pour grossir le tronc de l'arbre progressivement.
Je porte cette certitude dans mon cœur: Par mes attitudes quotidiennes, par mes gestes persévérants, je suis déjà un ferment d'Évangile. Et ce ferment est habité par la puissance de l'Esprit. Si j'attends les grands projets et les beaux plans structurés pour être "ferment", je ne ferai pas "lever" grand-chose, ou je serai très en retard!
Je commence dès maintenant, avec "mes moyens du bord"!
De Colores!