Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!
AU PAYS DE
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Quand nous faisons un bilan de notre agir pastoral, il est facile de constater qu’une grande faiblesse est souvent au niveau de la pastorale jeunesse. Il se fait un travail formidable auprès des enfants par la mission catéchétique des paroisses, mais où en sommes-nous avec les ados et les jeunes adultes?
Il est vrai que le travail auprès des jeunes est un espace d’incertitude, car rien n’est acquis d’avance. Il faut multiplier les propositions de tout ordre, d’autant plus qu’avec Internet et "Facebook", le monde est devenu un immense village. Le danger est de s’identifier au "lointain semblable" et de négliger "le prochain différent". La différence fait peur parce qu’elle remet en question, mais, en même temps, elle fait toujours grandir.
La jeunesse est l’âge des grands idéaux et des enthousiasmes débordants. C’est l’âge aussi des sensibilités qui blessent. Les jeunes, souvent, ne se sentent pas aimés, ni aimables. Ils se sentent inutiles, dérangeants, non appréciés par les adultes qui les entourent. Ils ont peur de décevoir, peur de ne pas être à la hauteur des autres, peur d’être humilié.
Ils cherchent ce qui a du sens. Ils ne craignent pas les exigences si ce qu’on leur propose a du sens. Ils sont rêveurs : le rêve fait toujours grandir celui qui le porte, même s’il n’amène pas au succès. Ils respectent l’autorité si la personne en autorité semble compétente et authentique. Ils aiment les propositions audacieuses et les défis extrêmes : vivre une nuit d’adoration et de méditation est plus attirant pour eux que de vivre une ou deux minutes de silence au début d’une rencontre, surtout si ce bref temps d’intériorité est offert presqu’en s’excusant. Les jeunes sont attirés par le mystère et ils veulent connaître ce qui nous habite de l’intérieur. Ils ont besoin de témoins heureux qui respirent Dieu.
Un évêque qui rencontre les jeunes avant de célébrer leur confirmation écrit :
« Il y a une dizaine d’années, les jeunes me questionnaient sur la drogue, la guerre, les préservatifs, la richesse du Vatican ». Aujourd’hui, ils s’intéressent sur le sens réel de la vie : « Comme jeune, suis-je vraiment important pour Dieu? Est-ce qu’il vous arrive comme évêque d’avoir des doutes? » (Mgr Gérard Daucourt, évêque de Nanterre dans : Pour une nouvelle présence de l’enseignement catholique au sein de la laïcité, p. 9)
Un jeune témoigne:
« J’appartiens à une génération de solitude spirituelle : je n’ai rien reçu à ce niveau de ma famille, mes amis ignorent Dieu, je ressens rarement une foi qui est inspirante et dynamique. On dirait que tout le monde autour de moi vit une foi de passage : rien d’intense et de gratuit. Les gens prient quand ils ont des besoins précis puis ils passent à autre chose. Puis à l’église, je ne sens pas la "gang" : dans ma paroisse, je ne connais personne, et si les gens qui sont là se connaissent, ça ne parait pas. Le dimanche, à la messe, chacun s’assoit le plus loin possible des autres et personne ne salue son voisin… »
Les jeunes sont très sensibles aux valeurs d’aide humanitaire. Les causes sociales et communautaires les rejoignent facilement. Il y a là un terrain important de formation à la vie chrétienne. Leur permettre de développer le sens du service peut les aider à identifier leurs talents personnels.
Les jeunes ont besoin qu’on les appelle chacun par leur nom. Que notre parole et notre agir soient transparents et "sans hypocrisie" que nous soyons signifiants et authentiques. Que nous soyons disponibles pour les écouter quand ils désirent se confier. Ils sont conscients qu’ils nous dérangent dans nos schémas bien établis, mais cela fait partie de la remise en question de leur âge. Se remettre en question c’est se donner la chance de "se grandir intérieurement". Qu’on ne fasse pas auprès d’eux une job qui consiste à s’occuper d’eux parce qu’il faut bien étant donné qu’ils sont notre avenir, mais qu’on y mette notre cœur, qu’on ne considère pas qu’ils ne sont que l’avenir, ils ont besoin de ressentir qu’ils sont importants pour nous dès aujourd’hui et qu’ils ont quelque chose à faire dans le monde d’aujourd’hui. Que nous les acceptions tels qu’ils sont : ne pas avoir peur de leur "look" et les aimer dans leur différence. Que nous sachions leur faire confiance, les encourager dans leurs initiatives. Qu’on leur donne des responsabilités réelles en leur rappelant qu’on compte sur eux. Qu’on sache pardonner et recommencer.
Publié avec l'autorisation de l'auteur
Extrait de: Le quotidien de l'Évangile, Gilles Baril, prêtre, p. 84-86
Source des images: Ados et jeunes adultes; Groupe de jeunes.