Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!
AU PAYS DE
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Au cœur de toute cette évolution que nos aînés ont connue, il y a une grande réalité qui n’a jamais changé : leur foi et leur espérance de Dieu. Ils misaient sur les valeurs de l’Évangile : le service, la justice, la paix, la confiance et le soutien mutuel. Peu importe l’année où nous sommes nés (1250 – 1640 – 1880 – 1960 – 2010), il y a une vérité qui ne changera jamais :
Permettez-moi une deuxième anecdote :
Le train filait rapidement à travers la verte campagne illuminée par un ciel azur. La portière du wagon de deuxième classe s’entrouvrit. Un jeune universitaire entre, l’air hautain.
Un vieux continue tranquillement d’égrener son chapelet.
L’universitaire lui lance cette question naïve : « Vous croyez encore à cette vieillerie? » « Bien sûr! Cher ami. Je crois. Et toi, tu crois à quoi? « Moi? » et il s’esclaffe lourdement. Puis d’un air insolent :
« J’aurais un conseil pour vous. Jetez-moi ce chapelet par la fenêtre. Mettez-vous plutôt au courant des nouvelles découvertes scientifiques. Tiens! Donnez-moi votre adresse, continue-t-il, je me charge de vous envoyer quelques livres qui éclaireront votre intelligence. »
Le vieillard tire de sa poche sa carte de visite et la passe à l’autre. Il n’y avait qu’une ligne :
"Louis Pasteur Institut de Recherches scientifiques de Paris."
Rouge comme une tomate, l’universitaire baisse la tête, s’éclipse et descendit au premier arrêt.
Louis Pasteur continue paisiblement de réciter son chapelet.
« Une société qui ne transmet plus le savoir, le savoir-faire et le savoir-être est une société en danger de mort. » (Tony Anatrella)
Notre peuple est né du martyr et des sacrifices d’hommes et de femmes qui ont donné leurs vies par amour du Bon Dieu. Nous avons reçu de nos ancêtres un double patrimoine qu’il nous appartient de transmettre enrichi à ceux qui nous succèderont : le patrimoine de la foi et celui de la culture. Ce précieux héritage a coûté trop cher à nos aïeux pour que nous nous permettions de le dilapider.
Nous avons reçu un vivant esprit de foi qui se traduit par une prise de conscience de la présence agissante de Dieu dans notre vie. Nos ancêtres se sont signalés par leurs engagements bénévoles et soutenus au sein de l’Église et de la société promus par les valeurs nobles de la famille et du service du prochain, en combattant le matérialisme rongeur de la société, en affirmant avec vigueur la priorité de l’être sur l’avoir, en luttant à temps et à contretemps pour la dignité du pauvre, du malade, de l’enfant, de l’handicapé et du vieillard.
Notre capacité d’apprendre de nos aînés demeure ce qui nous distingue du monde animal. Un vieux chien ou un vieux cheval ne peut pas transmettre son expérience de vie à un jeune chiot ou à un jeune poulain. Il lui manque le témoignage par le langage parlé ou écrit, de même que par le langage de l’art. Il me semble que nous plongeons ici dans la perspective de la révélation spirituelle : Dieu se manifeste dans l’émerveillement, dans la joie de vivre, dans la relecture des événements.
Notre société présente un visage complexe du vécu humain : on y retrouve des étudiants de 70 ans, des grands-parents de 40 ans, des retraités de 55 ans, des pères de jeunes enfants de 60 ans, des parents de 85 ans qui portent encore le souci de leur progéniture ou des jeunes parents de 35 ans qui sont devenus les parents de leurs parents.
On devient vieux quand on devient morose, défaitiste, "critiqueux" et rongé par le cynisme… quand on pense que la vie n’a plus rien à nous apprendre… quand nos expériences du passé deviennent plus importantes que les nouveaux défis… quand on déserte son idéal… quand les regrets ont pris la place des rêves…
On reste jeune chaque fois que les perspectives d’avenir nous ravivent le cœur… chaque fois que l’écoute nous permet de changer notre idée ou du moins nous évite de juger trop sévèrement… chaque fois qu’on s’occupe d’une autre personne… chaque fois qu’on se réjouit d’une nouvelle rencontre… chaque fois qu’on s’émerveille en reconnaissant ce qui est beau autour de nous…
Le vieillissement ne dépend pas du regard des autres sur nous, il dépend surtout de notre propre regard sur nous-mêmes. Il est vrai que les aînés font face à des pertes parfois difficiles à surmonter : perte de travail, perte d’un statut social (souvent lié au travail), perte du conjoint et d’êtres aimés, perte de résidence, perte d’autonomie, diminution des capacités physiques… mais savoir retrouver sa sérénité intérieure à travers ces différentes épreuves, c’est le plus bel enseignement sur Dieu à transmettre à tous ces gens qui nous regardent vivre au quotidien.
Après être devenu cardinal, le futur pape Pie X rend visite à sa vieille mère. Celle-ci n’a jamais vu un cardinal en personne : elle lui demande de revêtir tous ses atours. Puis, remarquant sa grosse bague ronflante de cardinal, elle lui montre la petite alliance usée de son mariage et elle lui dit : « Mon fils, n’oublie jamais que tu ne porterais pas cette belle bague si je n’avais pas porté celle-ci avant toi. »
Publié avec l'autorisation de l'auteur
Extrait de: Le quotidien de l'Évangile, Gilles Baril, prêtre, p. 79-83
Source des images: égrenage d'un chapelet; Louis Pasteur; icone de l'amitié; grands-parents et enfants; Mamma Margherita; St Pie X