Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : annoncer... témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!
La première réponse qui vient spontanément à cette question est celle-ci:
"J'ai la foi parce que mes parents m'ont fait baptiser et m'ont envoyé au catéchisme..."
Autrement dit, je suis croyant comme je suis Québécois. Cela ne me satisfait pas: ma foi serait alors le fruit du hasard, et surtout, elle ne consisterait pas que dans un ensemble de connaissances que j'affirmerais vraies par simple habitude... Non, merci!
Il y a une autre réponse, classique : « La foi vient de Dieu, elle est un don; Dieu donne à certains de croire, à d'autres, non. »
Mais je ne suis pas plus satisfait! Pourquoi serais-je un privilégié de Dieu? Pourquoi Dieu, qui veut que tous les humains soient sauvés, refuserait-il à certains d'avoir la foi? Non, la foi qui ne peut être seulement un héritage humain des parents, ne peut pas être non plus un héritage de Dieu. S'il en était ainsi, je n'existerais plus comme personne libre, je ne serais qu'une marionnette. C'est inadmissible!
Pour mieux comprendre la foi en Dieu, je vais la comparer à ce qui se passe lorsque j'ai foi en quelqu'un, en prenant quelques exemples parmi les jeunes, lors d'une enquête sur la foi.
Une première jeune fille répondit ceci :
« J'ai foi en quelqu'un lorsque je lui fais confiance. Ainsi ce garçon que je ne connaissais pas, s'est imposé tout à coup à mon attention : une sympathie est née avant même que j'en prenne conscience. Je l'ai revu, nous avons échangé. Je n'étais pas sûre de mes sentiments. Je n'étais pas assurée de son attention à mon égard, mais la confiance l'emporta sur mes craintes. Maintenant, je me fie à lui, même s'il est loin dans le moment. Il me suffit de relire ses lettres pour renouveler ma confiance... »
Voilà, croire en Dieu, c'est Lui faire confiance, c'est dominer ma peur et mes doutes. C'est le savoir présent, même quand je n'éprouve pas avec ferveur la présence permanente de sa grâce.
D'où vient ma foi? — Du jour où j'ai croisé Dieu dans ma vie; à partir de ce moment-là, je puis me fier à Lui, je vais croire en Lui.
Un deuxième témoin, lui, va apporter la réponse suivante:
« J'ai foi en quelqu'un qui se fait connaître à moi. C'est ainsi avec ma fiancée. J'ai aimé sa franchise : elle m'a raconté son enfance et j'ai été surpris de découvrir un tas de choses sur elle. Je m'étais fabriqué une toute autre idée à son sujet. Mais maintenant, je ne la rêve plus, car pour moi, elle est devenue réelle. Elle existe pour moi dans sa réalité à elle. Je n'ignore pas que j'ai encore beaucoup de choses à découvrir, mais elle n'est plus secrète. Au fur et à mesure que nous échangeons, j'ai l'impression de la connaître mieux que quiconque... »
Et voilà, croire en Dieu, c'est aussi accepter de Le découvrir tel qu'il est.
Au début, l'idée que l'on se fait de Dieu est un peu comme un rêve: on l'imagine bien différent de ce qu'Il est en réalité. Mais à force d'écouter ce que l'on dit de Lui dans la Bible, je finis par L'apprivoiser en quelque sorte. Son existence devient plus réelle en moi; je Le connais de mieux en mieux même si je suis sûr d'avoir à Le redécouvrir tous les jours. Dieu est inépuisable.
Un troisième témoignage, d'une jeune fille :
« J'ai foi en quelqu'un, s'il change ma vie. C'est d'ailleurs à ce signe que j'ai reconnu la valeur de mes sentiments à l'égard de mon ami. Je n'étais plus la même! Et les gens autour de moi me le disaient. Mon frère surtout. Avec lui, j'étais plutôt acariâtre. Et presque d'un seul coup, je me suis surprise à m'intéresser à ses affaires, à ses vêtements, à sa coupe de cheveux... Je parlais davantage, je voyais le bon côté des choses. J'étais changée et j'avais l'impression que les autres autour de moi étaient changés aussi... »
Voilà, croire en Dieu, c'est donc vivre d'une autre manière, c'est regarder les autres avec un autre regard, un regard positif qui cherche uniquement ce qu'il y a de bon en eux. L'indifférence n'est plus possible. Croire en Dieu, c'est croire en l'être humain quel qu'il soit. Car tout être humain est fils et fille de Dieu. Croire en Dieu, c'est élargir notre conscience à une dimension de plus en plus large; c'est essayer de répandre des ondes concentriques d'attention aux autres, de respect des autres, de tendresse même. N'ayons pas peur du mot! Croire en Dieu c'est devenir « frère universel » de tout être humain, comme disait le grand Charles de Foucauld. Et c'est d'abord à ce signe qu'on se reconnaît croyant.
Cet article a été publié dans la revue Pèlerins en Marche, no 40, Hiver 2013