Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : annoncer... témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!
Avez-vous remarqué combien les choses accaparent notre vie? Toutes ces grandes choses qu'il nous faut avoir (maison, auto, moto) jusqu'à ces mille petites choses dont on se régale à l'avance en regardant la télé (téléphones intelligents, GPS, etc.) On n'a jamais fini, et c'est toujours à recommencer car les gadgets s'usent de plus en plus vite... Nos contemporains sont devenus des machines à désirs.
Et ce n'est pas seulement dans le domaine matériel, il y a aussi ces choses comme les diplômes, les assurances, les permis, les cartes de crédit, tout ce qu'un personnage célèbre appelait « les papiers de conséquence » (Séraphin Poudrier). Et nous n'avons pas encore parlé des choses à faire: faire ses études, faire son devoir d'état, faire son chemin dans la vie.
Il n'est pas difficile de constater que la majeure partie de la journée des gens est accaparée par ce qu'ils ont à faire ou à se procurer. Est-ce que nous ne risquons pas d'oublier l'essentiel de notre vie humaine qui consiste à vivre avec des personnes, et non avec des choses?
Eh bien, il en va de même pour notre vie de foi.
Est-ce que l'essentiel de notre vie de foi serait ce monde de choses que nous essayons de croire, de faire ou d'éviter?
Ou si ce ne serait pas d'abord un monde de personnes à aimer?
Et si l'essentiel de la foi était de se savoir aimé de Dieu?
Essayons un instant d'oublier toutes les choses à croire et à faire, et pensons seulement à ceci: il y a un Dieu-Père qui m'aime, moi personnellement, d'une façon gratuite, indépendamment de ce que je suis ou de ce que j'ai fait. Nous sommes alors au cœur même de la foi.
Un monde techniquement parfait où rien ne manquerait, mais qui serait sans affection, deviendrait absolument inhabitable! C'est vraiment le désir et la capacité d'aimer et d'être aimé qui caractérise l'être humain. On ne se sent bien dans sa peau que lorsqu'on vit dans un échange de personne à personne. Aucun d'entre nous n'oserait s'avancer et dire :
« Je n'ai pas le goût d'être aimé. »
La grande détresse dans une vie humaine, c'est de n'être aimé de personne et de n'avoir personne à aimer. Cette détresse conduit au suicide. Or, quelle que soit ma situation, de solitude, de détresse ou d'angoisse, au beau milieu de toute cette noirceur, Dieu se révèle et me dit:
« Moi, je suis avec toi, moi je t'offre mon amour, le veux-tu? »
L'essentiel de notre foi, il est là: croire en l'amour exclusif et inconditionnel de Dieu pour nous.
Le centre de notre vie chrétienne ce n'est pas ce que nous faisons pour Dieu, c'est ce que Lui fait pour nous. Il nous tire de notre solitude profonde en nous offrant son amour. Dieu ne se cherche pas des serviteurs (des gens qui font des choses pour un maître), mais des amis à aimer.
Saint Jean le dit très bien : « Ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c'est Lui qui nous a aimés le premier. » (1 Jn 4, 10-19)
Je termine avec l'histoire étonnante de Guillaumet racontée par Saint-Exupéry. Perdu en montagne, dans la neige, à la suite d'un accident d'avion à hélices, Guillaumet se sent tellement épuisé qu'il veut se laisser mourir... Tout à coup, lui vient à l'esprit l'image de son épouse :
« Si elle pense à moi, elle croit que je marche! » Remarquez qu'il ne dit pas: « je l'aime », mais
« ma femme a confiance en moi, elle croit que je marche ». Et il retrouve assez de forces pour se remettre en route... et il s'en sortira.
Cet article a été publié dans la revue Pèlerins en Marche, no 40, Hiver 2013
Source de l'image: https://www.antoinedesaintexupery.com/henri-guillaumet-1902-1940