Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!
Les jeunes nous tiennent à cœur de manière toute particulière, parce que, tout en étant une part importante du présent de l'humanité et de l'Église, ils en sont aussi l'avenir. Également en ce qui les concerne, le regard des évêques est tout sauf pessimiste. Il est certes préoccupé, mais non pas pessimiste. Préoccupé parce que les pressions les plus agressives de notre temps convergent principalement vers eux; mais non pas pessimiste. Avant tout parce que – nous y insistons – l'amour du Christ est ce qui façonne l'Histoire en profondeur. Mais aussi parce que nous voyons chez nos jeunes une profonde aspiration à l'authenticité, à la vérité, à la liberté et à la générosité, aspiration pour laquelle seul le Christ est en mesure d'être une réponse satisfaisante, nous en sommes convaincus.
Nous voulons les soutenir dans leur recherche, et nous encourageons nos communautés à entrer sans réserve dans une attitude d'écoute, de dialogue et de proposition courageuse concernant la condition difficile des jeunes, afin de de ne jamais décourager, mais de préserver la puissance de leur enthousiasme. Et pour soutenir en leur faveur le juste combat contre les lieux communs et les spéculations intéressées des puissances du monde qui veulent capter l'énergie des jeunes et utiliser leurs élans pour leur propre avantage, en les privant de la mémoire reconnaissante du passé et de tout projet sérieux dans le futur.
Tout en demandant beaucoup d'attention, cette nouvelle évangélisation dans le monde des jeunes est particulièrement prometteuse, comme le montrent de nombreuses expériences, certaines plus visibles, comme les Journées mondiales de la jeunesse, certaines plus cachées sans être pour autant moins passionnantes, comme les différentes expériences de vie spirituelle, de service et de mission. Nous reconnaissons donc aux jeunes une part active dans l'œuvre d'évangélisation, en particulier envers la jeunesse elle-même.
La rencontre de la foi et de la raison alimente aussi l'engagement de la communauté chrétienne dans le vaste champ de l'éducation et de la culture. Un rôle spécial est joué par les institutions de formation et de recherche : écoles et universités. Partout où se développent les connaissances de l'homme et se propose une action éducative, l'Église se réjouit d'apporter sa propre expérience et sa contribution pour une formation de la personne dans son intégralité. À cet égard une sollicitude particulière va aux écoles et universités catholiques, dans lesquelles l'ouverture à la transcendance, propre à chaque itinéraire culturel et éducatif sincère doit être complétée par des chemins de rencontre avec l'événement de Jésus-Christ et de son Église. La gratitude des évêques rejoint ceux qui en ont la charge dans des conditions parfois difficiles.
L'évangélisation exige qu'on prête une attention particulière au monde des communications sociales, routes sur lesquelles, en particulier dans les nouveaux medias, s'entrecroisent tant de vies, tant d'interrogations et tant d'attentes. C'est un lieu où se forment souvent les consciences et où se rythment les temps et les contenus de la vie vécue. C'est une chance nouvelle pour rejoindre le cœur de l'homme. Un domaine particulier de la rencontre entre foi et raison se situe dans le dialogue avec le savoir scientifique. Ce dernier n'est pas, en soi, éloigné de la foi dès lors qu'il manifeste le fondement spirituel que Dieu a déposé dans ses créatures et qui permet de discerner les structures rationnelles qui sont à la base de la création. Quand les sciences et les techniques ne prétendent pas enfermer la conception de l'homme et du monde dans un matérialisme aride, elles deviennent un allié précieux pour développer l'humanisation de la vie. Par conséquent notre gratitude se porte également vers tous ceux qui sont engagés sur le front délicat de la connaissance.
Nous voulons élargir l'expression de notre reconnaissance aux hommes et aux femmes engagés dans une autre manifestation du génie humain, celle de l'art en ses diverses expressions, des plus anciennes aux plus récentes. En tant qu'elles visent à donner forme à la tension de l'homme vers la beauté, nous reconnaissons dans leurs œuvres un mode très significatif d'expression de la spiritualité. Nous sommes reconnaissants aux artistes quand, par leurs créations de beauté ils nous aident à manifester la beauté du visage de Dieu et de celui de ses créatures. Le chemin de la beauté est une voie particulièrement efficace pour la nouvelle évangélisation.
Ce ne sont pas seulement les chefs-d'œuvre de l'art mais l'ingéniosité créative de l'homme qui attirent notre attention en tant que terrain favorable où celui-ci se fait coopérateur de la création divine grâce à son travail. Au monde de l'économie et du travail nous voulons rappeler quelques exigences émanant de la lumière de l'Évangile: préserver le travail des conditions qui, souvent, en font un fardeau insupportable et lui enlèvent toute assurance pour l'avenir, en raison des menaces de chômage frappant surtout les jeunes; mettre la personne humaine au centre du développement économique, penser ce développement lui-même comme une occasion de croissance du genre humain dans la justice et l'unité. L'homme est aussi appelé à travers son travail, par lequel il transforme le monde, et par sa responsabilité envers les générations futures, à préserver le visage que Dieu a voulu donner à sa création.
L'Évangile éclaire aussi le sens de la souffrance lié à la maladie. Les chrétiens doivent faire ressentir ici la présence de l'Église auprès des malades et sa reconnaissance envers tous ceux qui s'engagent avec professionnalisme et humanité dans les soins à leur donner.
Un domaine où la lumière de l'Évangile peut et doit jaillir pour éclairer les pas de l'humanité est celui de la politique. Il lui est demandé un engagement désintéressé et transparent pour le bien commun, dans le respect de la pleine dignité de la personne humaine, de sa conception jusqu'à sa fin naturelle; de la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, de la liberté d'éducation; de la promotion de la liberté religieuse; dans la lutte contre les injustices, les inégalités, les discriminations, les violences, le racisme, la faim et la guerre. Un témoignage clair est demandé aux chrétiens qui, dans l'exercice de la politique, vivent le précepte de la charité.
Le dialogue de l'Église enfin a un interlocuteur naturel dans les autres religions. L'évangélisation se fait par conviction de la vérité du Christ, et non contre quelqu'un. L'Évangile de Jésus est paix et joie, et ses disciples sont heureux de reconnaître ce que l'esprit religieux de l'homme a su discerner de bon et de vrai dans le monde créé par Dieu, et a exprimé en donnant forme aux diverses religions.
Le dialogue entre les religions veut être une contribution à la paix, il refuse tout fondamentalisme et dénonce toute violence visant les croyants, en grave violation des droits humains. Les Églises du monde entier sont proches dans la prière et la fraternité de ces frères souffrants et demandent à ceux qui ont en leurs mains le sort des peuples de sauvegarder les droits de tous à la liberté de choisir et de professer de leur foi et d'en témoigner.
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