Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!
_________________________________________________________________________________
Ardeur vient de « ardent » tel un feu. Tant de passages des Actes des apôtres illustrent le feu intérieur des disciples. Le zèle, le feu, l’ardeur des missionnaires sont à la mesure du bouleversement réel qu’ont opéré dans notre vie la rencontre, la vie et l’amour du Christ.
Comme il est impossible de garder pour soi cette expérience brûlante, on la partage avec flamme, vérité et authenticité. Attention! Certains chrétiens se méfient d’un trop grand enthousiasme des évangélisateurs. Il faut, bien sûr, agir avec discernement et sagesse non selon l’esprit du monde, mais celui du Christ. Il ne faut pas non plus éteindre les appels de l’Esprit par une organisation structurelle trop rationnelle ou systématique. L’évangélisateur nouveau témoigne des merveilles de Dieu dans sa vie et non ce qu’il a appris sur Dieu.
Cette nouveauté recouvre l’annonce du kérygme, le recours au témoignage et l’objectif de conduire à la conversion de ceux qui sont évangélisés. Le kérygme est à la catéchèse, ce que la naissance est à la croissance : il la précède, il lui est préalable, il en est même la condition pour que fructifie la catéchèse.
Il est donc important de différencier au plan de la méthode le « kérygme » et la « catéchèse » comme l’ont toujours fait les premiers chrétiens. Ils annonçaient d’abord la personne de Jésus et de son oeuvre bienfaisante dans nos vies. Ils procédaient ensuite à la transmission de ce que recouvrent la foi et ses conséquences. Malheureusement, à notre époque, les peuples de l’Occident ont été trop «catéchisés » et pas assez « kérygmatisés ». Le grand défi est donc de revenir au kérygme.
Rappelons-nous que les trois phases du MC doivent être «kérygmatiques » – voir les numéros 671 à 686 des IFMC – voilà pourquoi le Mouvement des Cursillos est tout à fait désigné pour favoriser la nouvelle évangélisation, puisqu’il en est un instrument privilégié et efficace, reconnu à travers le monde.
Pour comprendre cette nouveauté, il nous faut regarder avant tout Jésus, le premier et le plus grand évangélisateur. Il va à l’encontre de ses contemporains partout où il passe. Il transmet l’Évangile de manière simple et directe, attestant ses propos par des signes messianiques :
« Jésus parcourait la Galilée proclamant la bonne nouvelle, guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple » .
L’évangélisation à l’école du Christ est donc assise sur trois piliers : la simplicité du message, l’annonce de la Parole de Dieu, la guérison des malades. N’a-t-on pas trop souvent présenté la foi de manière avant tout catéchétique, en proposant une morale, des valeurs, des questions de pratiques religieuses ou des dogmes?
Cela a son importance, mais c’est surtout utile pour les croyants! Si l’on veut atteindre les non-croyants, il faut revenir au kérygme. Combien de fois n’a-t-on pas expérimenté nous-mêmes qu’il n’y a rien de plus efficace pour conduire au Christ qu’une prédication qui présente et traduit en langage d’aujourd’hui les textes néotestamentaires!
De ces trois nouveautés, la guérison des malades vous semble peut-être aller trop loin. Pourtant, ouvrons les yeux! Nos contemporains sont las de belles paroles, de belles conférences savantes ou pieuses sans effet sur leur vie : ils veulent être témoins des « merveilles de Dieu » qui sont annoncées dans la foi de l’Église. Ils attendent de toucher de près à l’authenticité et l’efficacité de l’Évangile du Christ. D’où l’importance pour ces personnes d’écouter et de voir des témoins de la foi pour illustrer cette authenticité et d’être témoins de guérisons pour attester de cette efficacité.
D’innombrables guérisons intérieures ou relationnelles sont aujourd’hui le fruit de la nouvelle évangélisation, comme l’illustrent depuis 40 ans des centaines de livres ou d’interviews, sans parler des innombrables anonymes qui témoignent régulièrement, à leurs proches ou dans divers groupes, des merveilles de Dieu dans leur vie.
L’évangélisation des relations affectives, amoureuses et conjugales est d’une grande urgence aujourd’hui vu les innombrables et profondes blessures en matière d’affectivité ou de sexualité. Dans quasiment toutes nos missions, nous sommes témoins de guérisons intérieures car telle parole du Christ, telle prédication, tel exemple concret aura touché.
Dans les périodes les plus riches de l’Église, prédication et guérison ont toujours été associées. Les opposer est un non-sens et peut produire deux dérives : prédication sans guérison risque de dériver vers l’intellectualisme qui n’intéresse plus grand monde; la guérison sans prédication dérive vers la manipulation, la magie ou le charlatanisme.
Actuellement, il nous faut considérer comme dépassé l’ancrage chrétien de nos sociétés occidentales, alors que « l’humanité est en recherche et bien souvent malade », comme l’écrivait déjà saint Paul; et les comportements sexuels de nos contemporains en sont un exemple criant. D’où l’importance, pour les missionnaires du XXIe siècle, d’être avant tout à l’écoute du vécu des hommes et des femmes, de leurs souffrances et de leurs « maladies » intérieures, de leurs attentes existentielles et des voies de traverse si souvent utilisées pour compenser leur méconnaissance de l’amour et du don immense de Dieu pour chacun de nous.
Nous sommes certains que l’Esprit Saint suscite aujourd’hui dans toute l’Église un nouvel élan missionnaire. La vitalité de l’Église gagnerait « avec un peu moins d’organisation, et un peu plus d’Esprit Saint ». Le monde a tant besoin de connaître le Christ! À vous de jouer!
______________________
(*) Deuxième (et dernière) partie d'un texte publié dans la Revue du MCFC Pèlerins en marche, no. 34, été 2011.
Pour en savoir plus sur Alex et Maud Lauriot Prevost