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Qu'est-ce que la "nouvelle évangélisation"?

Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!

Pourquoi une nouvelle évangélisation ?

Réponse de Benoît XVI

Il y a déjà plusieurs années déjà, le Pape Jean-Paul II lançait l'invitation à mettre en oeuvre une "nouvelle évangélisation". Depuis tout temps l'évangélisation a été pour l'Église et pour les chrétiens, une mission de première importance. Alors pourquoi parler de "nouvelle" évangélisation? N'est-ce-pas toujours la même réalité qui est en cause? En quoi donc est elle "nouvelle"?

En quoi l’évangélisation de nos jours est-elle « nouvelle » ? il y a plusieurs raisons à cela.

...nouvelle parce qu’il faut
la refaire, en un monde qui
a oublié sa foi traditionnelle

La première est simple et elle vise tout particulièrement les pays que l’on appelle « de vieille chrétienté », l’Europe, l’Amérique entre autres. Si la foi, comme adhésion à Jésus Sauveur demeure encore assez majoritaire (80% de français se disent catholiques), elle est souvent vécue comme une simple référence, importante, ou comme une appartenance revendiquée. Mais pour beaucoup (qui par exemple continuent à faire baptiser leurs enfants) elle n’est plus guère une foi vivante qui engage la vie et invite à une pratique personnelle des signes de la vie chrétienne. Et l’on est obligé de constater que les multiples efforts d’évangélisation qui ont été tentés (celle du monde ouvrier, celle des scientifiques, des techniciens, etc.) plafonnent très vite. Beaucoup de chrétiens déclarés se contentent de maintenir leur vitesse de croisière, avec comme seule référence, les quatre grands actes de la vie chrétienne : le baptême, la profession de foi, le mariage et les obsèques. Ils vivent dans une totale bonne conscience qui leur fait penser que « Dieu n’en demande pas tant ».

Une Bonne Nouvelle à proclamer

La foi chrétienne n’apparaît
plus vraiment comme une
bonne nouvelle. Beaucoup y voient seulement un rempart
pour la morale

Autre raison : évangéliser c’est proclamer une bonne nouvelle capable de changer la vie de ceux qui en reçoivent l’annonce. Jésus est venu pour sauver l’humanité et chaque croyant en reçoit en même temps l’assurance et la joie : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi ! » (Ga 2,20). Or aujourd’hui la foi chrétienne n’apparaît plus vraiment comme une bonne nouvelle. Beaucoup y voient seulement un rempart pour la morale, quand encore ils n’en récusent pas les rigueurs, trop exigeantes dans notre monde hédoniste, à la recherche du plaisir immédiat. Le matérialisme et la société de consommation ont fait dériver le bonheur vers la jouissance immédiate et cela suffit à beaucoup, qui ne voient guère de quoi ils ont à être sauvés. On constate aussi depuis quelques décennies, un net affaiblissement de la religion populaire, faite de pratiques diverses, qui sont l’expression d’une foi très affaiblie, d’une appartenance plus sociologique que personnelle et engagée. S’il est vraie que la pratique saisonnière demeure encore (les pratiquants de Noël et de Pâques, ou ceux de la Toussaint et des Rameaux), elle a beaucoup baissé. En outre, alors qu’il y a encore trente ans, une majorité d’enfants en âge scolaire suivait le Catéchisme, ils ne sont plus environ aujourd’hui que 30% et cela même dans les régions jadis réputées chrétiennes. Certes les nombre de baptêmes d’adultes a beaucoup augmenté, mais c’est aussi parce que les baptêmes d’enfants sont eux aussi moins nombreux. Et cela témoigne d’un important éloignement de la foi pour une majorité d’hommes et de femmes d’aujourd’hui.

Proposer la foi dans la société actuelle

nouvelle parce que le monde a changé et que les méthodes ou les chemins d’autrefois ne sont plus en phase avec le monde d’aujourd’hui.

Ces diverses constatations ont depuis une dizaine d’années posé question à l’Eglise, comme aux Eglises de divers pays. Dès 1994, la Conférence des Evêques de France présentait un rapport intitulé : Proposer la Foi dans la société actuelle, repris quelques années plus tard dans la Lettre aux catholiques de France. Le cardinal Koenig archevêque de Vienne en Autriche et le cardinal Lustiger, archevêque de Paris ont lancé une Mission d’évangélisation pour les grandes villes : Vienne, Paris et autres capitales européennes. Autrefois comme au XVIIème siècle avec Grignon de Montfort, Jean François Régis et autres missionnaires, c’était le monde rural qu’il fallait évangéliser et ces régions sont restées longtemps chrétiennes. Aujourd’hui dit le cardinal Lustiger, ce sont les villes qui sont plus pratiquantes que les campagnes : c’est donc elles qu’il faut évangéliser en priorité. Je me souviens que pendant les vacances de mon enfance, c’était «les parisiens» qui pratiquaient, et non pas les ruraux de ce pays déchristianisé depuis des siècles... Il faut donc une évangélisation nouvelle, parce que pour une part très importante, la foi héritée du passé s’est perdue. Mais aussi parce que les conditions même de la vie sont aujourd’hui très différentes. Ainsi il n’y a plus guère de vrais ruraux mais des citadins dont quelques uns vivent à la campagne. De plus comment évangéliser notre société de consommation, plus apte à créer des besoins nouveaux qu’à ouvrir sur une recherche spirituelle? Il est vrai qu’un nombre important de nos contemporains recherchent aujourd’hui les voies d’une spiritualité qui donne une âme à leur existence. Mais beaucoup la cherchent dans les spiritualités asiatiques ou dans les syncrétismes du New Age, plutôt que dans la foi chrétienne qui pour beaucoup est plus ou moins disqualifiée : ce n’est plus vers l’Eglise, que spontanément on regarde.

Importance des laïcs et de nouveaux mouvements

Elle sera aussi l’œuvre des nouveaux Mouvements
d’Églises, le plus souvent
fondés, animés et dirigés
par des laïcs.

Nouvelle évangélisation donc : nouvelle parce qu’il faut la refaire, en un monde qui a oublié sa foi traditionnelle ; nouvelle parce que le monde a changé et que les méthodes ou les chemins d’autrefois ne sont plus en phase avec le monde d’aujourd’hui. Deux faits orientent cette nouveauté de l’évangélisation. Tout d’abord la diminution significative du nombre de prêtres, des religieux et religieuses. Jusque vers 1970, c’est eux qui avaient assuré l’évangélisation : missions à l’intérieur (au cœur des vieilles chrétientés) ou missions lointaines, congrégations fondées par Grignon de Montfort, Alphonse de Ligori, le Cardinal Lavigerie et tant d’autres. Second facteur : la prise en charge de l’évangélisation des divers milieux sociaux par les laïcs : Action Catholique sous toutes ses formes, grands mouvements spirituels : Foyers de Charité, Retraites Spirituelles, etc. Et nouveaux mouvements ecclésiaux : Equipes Notre-Dame (1948), Renouveau Charismatique (1970), Néo-Catéchuménat, Mouvement des Focolari (1943) et tant d’autres. La nouvelle évangélisation sera donc avant tout le fait de chrétiens laïques, témoignant de leur foi dans leur vie quotidienne, dans leur travail, dans leur entourage, dans leurs engagements publics ou ecclésiaux. Le rôle des prêtres et religieux sera d’abord de les animer spirituellement. Elle sera aussi l’œuvres des nouveaux Mouvements d’Eglises, le plus souvent fondés, animés et dirigés par des laïcs. Le Pape Jean-Paul II attend beaucoup de ces nouveaux Mouvements qu’il a rassemblé dans une même vision, à la Pentecôte 1998 à Rome et auxquels il donne toute sa confiance. La nouvelle évangélisation : un défi lancé à tous les chrétiens, pour qu’ils annoncent la foi qu’ils ont reçue et dont ils vivent, et que sans doute, tant d’hommes et de femmes attendent confusément. Sans oublier que la nouvelle évangélisation demande que chacun commence par se «ré-évangéliser» lui-même.