par Roger Gauthier, o.m.i.
Je t’assure que nous, ses disciples, nous ne comprenions pas toujours ce que disait mon ami Jésus, mais nous étions tellement sûrs de lui que nous y adhérions de tout notre cœur. Ce n’était pas facile d’y croire pour les gens que son regard n’avait pas atteints au cœur de leur être et surtout pour ceux qui refusaient tout questionnement de leur foi. Nous en souffrions beaucoup et Jésus aussi probablement. Mais lui, il savait les aimer ainsi, ce que nous n’avions pas encore réussi à faire avec ceux qui le harcelaient.
Pendant que Jésus avait parlé de son lien avec le Père, quelques-uns de ses ennemis s’étaient approchés pour accumuler de nouvelles raisons de l’accuser. Il s’en aperçut et dirigea ses réflexions vers eux, répondant d’avance à des accusations qu’il connaissait bien. Il lui était facile de montrer combien souvent leurs arguments contredisaient leurs propres comportements. « Si, comme vous faites pour vous, je me rendais témoignage à moi-même pour justifier mes gestes et mes paroles, vous auriez raison de le refuser. Mais c’est un autre qui m’a rendu témoignage et je suis certain que son témoignage est strictement vrai.
Rappelez-vous la délégation que vous avez envoyée à Jean et le témoignage qu’il a donné de moi: c’est un homme de vérité. Moi, personnellement, je n’ai pas besoin du témoignage d’un homme, mais je veux bien tenir compte de vos exigences si cela peut vous aider à voir clair. Dieu vous a envoyé Jean comme une lampe qui brille dans les ténèbres et vous lui avez demandé son idée sur moi. Rappelez-vous ce qu’il a dit. Pour ma part, je compte sur un témoignage beaucoup plus solide que celui-là : regardez un peu les œuvres que le Père me donne d’accomplir; ce sont elles qui témoignent que je viens de lui. Au Jourdain, mon Père est même intervenu en paroles humaines pour révéler qui je suis pour lui. Mais vous êtes restés sourds et aveugles. Son intervention ne signifie rien pour vous puisque vous ne croyez pas que j’ai reçu ma mission de lui. D’ailleurs, vous croyez qu’en faisant une analyse minutieuse des Écritures vous obtiendrez ainsi la vie éternelle; mais vous ne croyez même pas ce qu’elles disent de moi qui suis là pour vous offrir la Vie que vous cherchez. Heureusement, ce n’est pas sur vous, ni sur aucune personne de la terre, que je compte pour confirmer ma mission. Tels que je vous connais, vous n’avez pas en vous l’amour de Dieu. Si je vous dis que je suis venu au nom de mon Père, vous refusez de m’accueillir; mais qu’un autre vienne en son propre nom, vous le recevez facilement. Tant que vous chercherez à nourrir votre foi par des discussions théoriques plutôt qu’en faisant confiance à Dieu seul, vous vivrez dans les illusions. Et n’allez pas vous rassurer en vous disant que mes accusations sur vous ne pèseront pas lourd devant mon Père; ce sera Moïse lui-même, en qui vous mettez votre espoir, qui se chargera de vous confondre. Lui, il sait qui je suis; c’est même de moi qu’il a prophétisé jadis. Si vous croyiez vraiment en Moïse, vous croiriez aussi en moi. Mais si vous ne faites pas confiance à ses écrits, bien sûr que vous ne croirez jamais à mes paroles ».
Jésus avait mis tout son cœur pour essayer de les convaincre, ou du moins pour les faire douter de leurs convictions inébranlables. Ce fut en vain.
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