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> Le charisme originel du Mouvement des Cursillos > Fidélité vs renouveau Suite II.

Fidélité vs renouveau.

par Antonio Diufaín M.,
animateur spirituel du MC en République Dominicaine

Suite II- Charisme de fondation ou charisme initial?

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II - Charisme de fondation ou charisme initial

1. Le charisme

Je n’ai pas l’intention de faire ici une réflexion théologique exhaustive sur les charismes. Ce n’est pas le lieu ni le moment. Je voudrais me limiter à préciser ce que nous entendons le plus communément, dans l’Église, lorsque nous nous référons aux charismes.

Charisme est un mot qui vient du grec (kharisma), mot qui dérive lui-même du mot grâce (kharis). Les charismes sont des dons de Dieu distincts du don de Dieu par excellence qui est la Grâce. Les charismes sont le résultat de la Grâce. Il n’y a pas de charismes sans vie de Grâce. La Grâce est donc la source des charismes

Les charismes sont des dons de Dieu, distribués par l’Esprit saint à une ou à plusieurs personnes, non pour leur propre profit personnel, mais pour l’utilité commune et l’édification du corps du Christ (voir I Cor 12,7 et I Pi 4,10). En d’autres mots: des dons de Dieu reçus pour le bien des autres


Il y a des charismes pour tous et pour tout

a) Tout baptisé reçoit des charismes
     (voir Congar dans son livre: L’Esprit saint)

  • Dieu est le constructeur de son Église. Par l’intervention de Jésus Christ, il a bien voulu instituer les structures de cette Église, mais il ne cesse de la construire actuellement par les dons (kharismata), les services ou ministères (diakonaiai), les diverses modes d’agir (energemata) dont parle S. Paul en  I Cor 12,4-6. Cela opère en distribuant dons et talents à tous les fidèles.

    Il y a un danger de ne considérer comme charisme qu’une manifestation extraordinaire (don de guérison, parler en langues, prophétie, etc.)

    Ce n’est pas là la vraie notion de charisme. S. Paul mentionne des charismes bien peu spectaculaires comme, par exemple, celui d’exhorter et de consoler (Rm 12,8), de servir (Rm 12,7), d’enseigner (Rm 12,7 et I Cor 12,28), discours de sagesse et de science (I Cor 12,8), de foi (I Cor 12,9), discernement des esprits (I Cor 12,10), d’aide et de gouvernement (I Cor 12,28).

  • En S. Paul, les charismes ce sont ces dons de la nature et de la grâce que l’Esprit distribue et utilise pour l’utilité et l’édification de la communauté. En ce sens, tous les fidèles ont des charismes. Et tous sont appelés à les exercer pour le bien commun.

b) Il y a une grande variété de charismes.

  • Extraordinaires ou simples et bien humbles.  

  • Dans leur riche diversité, ils reflètent la pure et unique lumière de l’Esprit.  

  • ls sont une richesse pour l’Église. Tant et aussi longtemps qu’ils proviennent vraiment de l’Esprit saint et qu’ils sont exercés de façon pleinement conforme aux impulsions authentiques de ce même Esprit, c’est-à-dire, dans la charité.  

  • La charité est la véritable mesure de l’importance des charismes (I Cor 13).

Tout charisme comprend trois éléments

a) Un don de Dieu....

  • Nous le recevons de Dieu: le discernement (I Jn 4,1).
     

  • Gratuitement, sans mérite de notre part: la reconnaissance (I Cor 1,4).
     

  • Nous n’en sommes pas propriétaires, nous l’administrons: la responsabilité (Mt 25,14ss).

b) Qui nous habilite...

   Nous sommes préparés et disposés à assumer diverses tâches, ou ministères
(cf. LG 12 et AA 3): la reconnaissance pour celui qui les reçoit et pour tous les membres de l’Église (I Tim 1,12).

c) Pour le bien du prochain

  • Le charisme n’existera qu’en autant qu’il soit directement ou indirectement mis au service des autres: la charité (I Cor 12,7 et 13, 1-13).
     

  • Pour la construction (vitalité apostolique, sainteté) de l’Église: l’ecclésialité (I Cor 14,12)
     

  • Il n’est jamais pour soi: l’humilité (I Cor 13,4).


Voilà pourquoi le discernement est si nécessaire
(cf. LG 12 et 30; CL 24).

  • Les pasteurs ont «le charisme de discerner les charismes».

  • «Ils ont le devoir de ne pas éteindre l’Esprit, mais de tout examiner et de rester avec ce qui est bon afin que tous les charismes coopèrent, dans leur diversité et leur complémentarité, au bien commun.

2- Charisme de fondation

L’expression «charisme de fondation» désigne communément le charisme donné à un fondateur d’une famille religieuse, reconnu par l’autorité ecclésiastique, et qui perdure d’une certaine manière dans ses membres

  • On parle ainsi du charisme des dominicains, des jésuites ou des clarisses, etc.
     
  • Les disciples tentent de vivre et de perpétuer le charisme reçu du fondateur et ils en participent.
     
  • Logiquement, quand se présentent des situations nouvelles (culturelles, sociales, historiques, économiques, géographiques, etc.) ils essaient d’adapter l’expression du charisme de fondation aux circonstances, sans rien perdre de son identité.
     
  • On fait pour cela appel au charisme qui est recueilli dans la vie et les écrits du fondateur, dans les premières règles - sanctionnées par l’autorité ecclésiastique - et dans les traditions légitimes.
     
  • Avoir un fondateur facilite énormément l’identification du charisme et son application selon les circonstances, surtout - comme il arrive souvent - si le fondateur prend soin de codifier par écrit son intention en fondant l’oeuvre.
     
  • L’autorité du fondateur est déterminante en tout ce qui regarde le charisme de fondation.

Dans la personne du fondateur, on trouve généralement:

  • Une vie de sainteté.
     
  • Un charisme spécial mis au service de l’Église.
     
  • La ferme intention de fonder.
     
  • L’humble acceptation de l’incompréhension initiale face à la nouveauté du charisme.
     
  • La conscience que ce n’est pas son oeuvre mais celle de Dieu.
     
  • La fuite volontaire de toute recherche de gloire personnelle.
     
  • Une claire conscience ecclésiale.
     
  • Un désir de faire reconnaître son charisme par les pasteurs légitimes de l’Église.
     
  • L’acceptation joyeuse des indications et des nuances apportées par la hiérarchie.
     
  • Enfin, avoir des disciples qui le reconnaissent comme fondateur et possesseur du charisme.

3- Les Mouvements, en général

Que sont-ils?

  • Les différents Mouvements dans l’Église mettent en relief les divers aspect du grand mouvement qu’est l’Église (cf. Message de Jean-Paul II au Congrès des Mouvements, à Rome, le 27 mai 1998: «J’ai souvent fait remarquer qu’il n’y a pas d’opposition dans l’Église entre sa dimension institutionnelle et sa dimension charismatique, dont les Mouvements sont l’expression: les deux sont essentielles»).
     
    • L’Église elle-même est un mouvement qui naît de l’initiative amoureuse du Père, origine de la mission du Fils et de l’Esprit. L’Église est un mouvement qui s’inscrit dans l’histoire de l’homme.
       
    • La proclamation dynamique de l’Évangile a commencé par la venue de l’Esprit saint sous forme de vent et de feu. Le message de la mort-résurrection du Christ n’est pas un événement statique. Il exige le mouvement: il doit se répandre dans le temps et dans l’espace.
       
  • Quand ce mouvement de Dieu vers les hommes rencontre un écho amoureux, c’est alors que naît la réponse de la foi: les hommes se tournent vers Dieu. Et ce mouvement des hommes vers Dieu est le fruit à la fois, de l’action de Dieu et de la libre décision de l’homme.
     
  • Lorsqu’un groupe de personnes s’unissent pour vivre leur vie chrétienne en cohérence avec cette rencontre pour l’approfondir dans leur vécu quotidien et pour faire en sorte que d’autres personnes se rattachent à cette expérience, c’est alors que surgit un Mouvement concret qui devient et exprime un aspect du mouvement multiple qui est l’Église (cf. l’homélie de Jean-Paul II, lors du Congrès des Mouvements, le dimanche de la Pentecôte 1998).
     
  • Rien de plus logique, par conséquent, que la présence simultanée de divers Mouvements dans l’Église. Bien que tous envisagent de vivre l’Évangile, chacun met en relief l’un de ses aspects fondamentaux. «Chaque Mouvement est différent d’un autre, mais tous sont unis dans la même communion et la même mission» (Jean-Paul II, Homélie citée).
     
  • À l’origine de tous les Mouvements, il y a toujours une grâce spéciale, donnée par Dieu à l’Église, directement ou indirectement, en utilisant certaines situations historiques de l’Église ou de la société, ou certains besoins urgents auxquels il faut répondre. «Or, vous êtes cette réponse providentielle» (Jean-Paul II, ibid.).
     
  • «Malgré la diversité de leurs formes, les Mouvements se caractérisent par leur prise de conscience commune de la nouveauté que la grâce baptismale apporte à la vie, par leur désir d’approfondir le mystère de la communion au Christ et aux frères, et par leur fidélité au patrimoine de la foi transmis par la tradition. Cela produit un élan missionnaire qui pousse à la rencontre avec les gens de notre époque, dans les situation concrètes où ils se trouvent, et à regarder avec beaucoup d’amour, la dignité, les besoins et le destin de chacun» (Jean-Paul II, ibid.).

 

Essai de définition.

Un Mouvement ecclésial est un ensemble de personnes unies librement, non par des liens juridiques mais dans le but d’échanger, à partir d’une expérience de rencontre avec Jésus Christ, un itinéraire de foi, des principes (valeurs, méthodes, attitudes, options, etc.) et un objectif communs, comme une réponse suscitée par l’Esprit à des circonstances concrètes. Ces personnes s’organisent pour réaliser un objectif commun, qui met en relief certains aspects concrets du grand mouvement qui est l’Église.

4- Le Mouvement des Cursillos

Les commencements du MC

  •  «Dans les années 40 surgit un nouveau Mouvement dans l’Église, le MC. Des chrétiens - prêtres et laïcs - en intime communion avec leur évêque, en arrivèrent à partager une même mentalité et à vivre une même inquiétude apostolique. Ils commencèrent à travailler pour un même but: rendre le monde plus chrétien en rendant les hommes plus chrétiens. Avec un minimum d’organisation, ils se mirent à l’oeuvre en mettant au point une méthode pour atteindre la finalité désirée». (Sur la longue controverse qui existe au sujet de la date du premier Cursillo, voir l’Annexe 1, à la fin).
     
  • «Ce groupe initial est allé en croissant et aujourd’hui, ce sont des millions de personnes qui au moyen du Cursillo incarnent dans leur vie ces même principes et sèment l’Évangile dans leurs milieux respectifs».
     
  • Le MC est structuré en Secrétariats (diocésains, nationaux, internationaux et mondial) et  sa charte est contenue dans le livre des «Idées Fondamentales du MC», fruit d’une rencontre mondiale à Majorque en 1972. Plus tard, en 1988, la rencontre mondiale de Caracas a décidé d’en faire une mise à jour qui fut publiée en 1991 et qui est toujours en vigueur. Dans ces deux rencontres mondiales, deux pionniers de la première heure du Mouvement étaient présents: Eduardo Bonnín et Sebastián Gayá.
     
  • «Le MC est aujourd’hui une réalité organisée, vivante et agissante. Une réalité humaine constituée par l’ensemble des hommes et des femmes qui après avoir fait l’expérience d’un Cursillo, ont adopté la mentalité et les principes fondamentaux et, en suivant une méthode propre, s’unissent pour vivre de façon plus authentique la vie chrétienne, en réalisant d’une manière nouvelle leur relation avec Dieu, avec eux-mêmes et avec le prochain, et en s’efforçant d’imprégner d’Évangile leurs milieux, afin que d’autres personnes aussi puissent répondre à l’appel de Dieu».

Quelques particularités du MC

  • La première est que le Mouvement des Cursillos n’a pas de fondateur proprement dit, mais plutôt des initiateurs, des promoteurs. Ils ont initié quelque chose, sous l’inspiration de l’Esprit que d’autres ont continué. «Il est difficile de parler de fondateur dans notre Mouvement. Celui-ci n’est pas né comme une réalisation pratique d’un projet qui aurait germé dans l’esprit d’une personne concrète, à la lumière de la foi, avec des visions surnaturelles, comme naquirent d’autres oeuvres de l’Église. Ce n’est pas une structure imaginée qui se remplit de vie par la suite. C’est la vie qui surgit par la force de l’Esprit et qui jaillit à travers des instruments dociles à son action. Et cela s’est produit de façon très ecclésiale, très communautaire, en reflétant la réalité intégrale de l’Église» (cf. J.A. Saiz Meneses).
     
  • Une autre particularité du MC, est que les membres ne sont pas tels parce qu’ils s’inscrivent dans une association, mais par leur simple désir d’en faire partie, et aussi longtemps qu’ils le voudront.

    Les membres ne paient pas de quota, il n’y a pas d’inscription ni de désaffiliation. La participation est libre et ouverte à toute personne qui a fait l’expérience du Cursillo. La seule chose qui unit les membres au Mouvement est leur désir personnel d’en faire partie.

Les aspects négatifs d’être un Mouvement

  • La dernière particularité que nous avons mentionnée est précisément celle qui crée des difficultés pour nous faire entrer dans les cadres de la structure canonique et ecclésiastique. Le Droit Canon, en effet, ne mentionne jamais l’existence des Mouvements. D’où les problèmes rencontrés à Rome, actuellement, pour l’approbation du MC
     
  • Une autre difficulté est la manière de nous organiser et de prendre des décisions, puisqu’il n’y a pas d’autorité suprême qui ordonne et commande, sinon celle de l’évêque dans son diocèse (voir les IFMC, # 153 et 592).
     
  • Il y a également de nombreux problèmes économiques en n’ayant pas de quota règlementaire ni patrimoine accumulé.
     
  • Enfin, le contrôle des publications imprimées ou électroniques devient pratiquement impossible. Le 11 juin 2003, en inscrivant le mot «Cursillos de Cristiandad» sur le moteur de recherche Google, on obtenait 2730 liens, et en espagnol seulement. Qui peut contrôler cela?

La grâce d’être un Mouvement

  • Sans doute, si nous sommes un Mouvement c’est un don de Dieu. Dieu a voulu - c’est un fait historique non discutable - que le Cursillo soit un Mouvement et non une association de fidèles ou une congrégation religieuse.
     
  • Être Mouvement - malgré les particularités et les difficultés que cela comporte - est une grâce de Dieu dont nous devons prendre soin avec responsabilité.
     
  • Depuis les origines, nous avons toujours été fiers d’être un Mouvement, et même si cela comporte certaines lacunes, nous voulons continuer de rester un Mouvement.

5- Le charisme initial

Je le répète, un Mouvement ne se fonde pas, il commence.

Le mot fonder prend une connotation statique de solidité, d’établissement, alors que le mot initier parle des résonances dynamiques, de mouvement. Ce qui est fondé est quelque chose d’établi solidement. On ne dit pas: nous allons fonder un processus, mais nous allons initier un nouveau processus. Ce qui est initié, bien qu’ayant aussi un commencement dans le temps et une base sur laquelle appuyée son élan de départ, est quelque chose de plus dynamique, en perpétuelle croissance et évolution.

Le Cursillo n’a pas de fondateur, ni de propriétaire, mais des promoteurs.

  • En effet, dans le MC, personne ne peut s’arroger - sans falsifier les faits - le charisme de fondateur. (Cf. Histoire de l’Église de Fliche-Martin, vol. XXX, p. 550-552).
     
  • «C’est une spécificité du MC, c’est un fait qui le différencie des autres Mouvements et lui donne une particularité spéciale: être une oeuvre de l’Église dans son ensemble. Des laïcs, des prêtres et un évêque diocésain, dociles à l’action de l’Esprit saint, donnent naissance à une oeuvre de Dieu et de l’Église» (J. A. Saiz Meneses, op. cit. III, 2).
     
  • Ce fait historique de ne pas avoir de fondateur proprement dit, implique nécessairement que dans le Mouvement des Cursillos, nous ne pouvons pas parler au sens strict de charisme de fondation.
    Il est vrai que dans les IFMC, cette expression apparaît une seule fois au # 354, au sujet de la révision des rollos, mais l’expression peut très bien être modifiée par charisme initial sans affecter aucunement le sens du paragraphe. (Nous avons là un exemple de quelques imprécisions du texte des IFMC qui sont dues vraisemblablement aux nombreuses mains qui sont intervenues dans la rédaction du volume et à la consigne de ne pas retoucher les textes originaux; voir à ce sujet la note de la première édition).

Le charisme initial du Mouvement des Cursillos.

  • Les IFMC affirment: «La mentalité est la clef qui explique le Mouvement. Elle répond à ce que nous sommes, à ce que nous faisons, et comment nous le faisons» (# 1).
     
  • La mentalité est donc la cause de nos origines. Tout ce qui est essentiel dans le MC est envahi par sa mentalité. C’est elle qui donne la base pour juger la réalité, qui détermine la finalité et les moyens pour l’obtenir, lesquels se concrétisent dans la méthode et la stratégie (# 2).
     
  • Précisément à cause de cela, nous devons tous être intimement unis dans la mentalité puisque c’est elle qui constitue ce qu’il y a de fondamental dans le Mouvement (# 3).
     
  • Or, la mentalité comporte un noyau irréductible, original y vivificateur, qui l’identifie en quelque sorte, c’est le charisme initial. Et les IFMC définiront la mentalité comme étant «l’ensemble des critères, des convictions, des attitudes vitales et des options qui, étant donné les circonstances qui provoquent certains besoins, poussent à la création d’une oeuvre et façonnent son identité» (# 8).
     
  • Pour sa part, l’abbé Sebastián Gayá définit le charisme initial comme étant le charisme des toutes premières années, celui qui est la cause des origines, celui qui exige la présence et l’action de l’Esprit, s’il veut être réellement «un instrument suscité par Dieu», selon le mot de Jean-Paul II, lors de la seconde Ultreya nationale de l’Italie (cf. Gayá, «54 temas sobre el MCC», Caracas, 1991).
     
  • Comment l’Esprit a-t-il agi à l’origine du Mouvement? Écoutons un témoin de la première heure, Sebastián Gayá: «Discrètement, insensiblement, profitant des circonstances ou des événements, de quelques idées-force, de la chaleur des amitiés, qui nous poussent à faire quelque chose et deviennent peu à peu un engagement, une conviction partagée qui s’exprime dans des options de plus en plus claires et définies, sujettes au discernement. Nous ressentions vivement, comme en écho, les mots de Jésus: Duc in altum (Lc 5,4) et Majora videbis (Jn 1,45), le vent souffle où il veut (Jn 3,8)» (Gayá, ibid.).
     
  • «À cause de cela - et pour rien d’autre - le charisme initial, ou la grâce des origines appuyée par l’effort des hommes, indépendamment des mains et des voix qui le transmettent, est quelque chose d’intangible dans sa substance, qui doit être accueilli avec humilité sincère et fidélité respectueuse, dans la joie de l’Esprit saint» (Gayá, ibid.)

Le P. Gayá énumère dix points essentiels sur lesquels s’appuie le charisme initial du MC, qui, selon lui, sont déjà contenus dans le livre «El como y el porqué», le premier volume publié près du berceau du Mouvement, quand on commençait à vivre le charisme initial:

  1. La proclamation de l’essentiel du message chrétien, en d’autres mots, le kérygme.
     
  2. L’aspect christocentrique de cette proclamation.
     
  3. Le transmetteur du message ne le fait pas en tant que maître, mais en tant que témoin, à partir de son expérience de foi.
     
  4. Il s’engage à conformer sa proclamation à la doctrine du magistère (IFMC, # 610, 631ss).
     
  5. Il a l’intention ferme d’aider à provoquer, chez l’auditeur, le changement du coeur, la conversion.
     
  6. Le style-témoignage doit apparaître dans toutes les phases ou étapes du Mouvement.  «L’homme contemporain croie davantage dans l’expérience que dans la doctrine, dans la vie et les faits que dans les théories» (RMi, 42).
     
  7. Le climat joyeux, enthousiaste, plein d’espérance, non seulement dans l’exposition du message mais dans toutes les activités du Mouvement.
     
  8. Approfondir le mystère de la communion ecclésiale, suscitée, appuyée et nourrie par l’amitié en petits groupes.
     
  9. La fermentation évangélique des milieux dans lesquels Dieu nous a placés, de telle sorte qu’en découvrant et en développant sa vocation personnelle, le cursilliste s’engage à la réaliser dans les réalités temporelles. (Cf. ChL, 29).
     
  10. L’intime et chaleureuse collaboration du binôme sacerdoce-laïcat, sans les diluer ni les hypertrophier mais en reconnaissant la richesse de l’interrelation des divers ministères. «Le MC n’est pas un Mouvement de laïcs mais un Mouvement d’Église: prêtres et laïcs nous travaillons coude à coude. En tant que prêtres, nous ne venons pas seulement comme animateurs spirituels o comme des personnes venant de l’extérieur pour donner un coup de main aux laïcs. Nous sommes, nous les prêtres, membres du Mouvement et co-agents avec les laïcs» (Mgr José Capmany: Charisme et tradition dans le MC).

    Je me permets d’ajouter quelques points qui me semblent caractériser aussi le MC:
     
  11. La méthode inductive. Dans le MC en effet, on vit d’abord et ensuite on érige la théorie (cf. IFMC, # 17). «Dans le MC, la théorie naît de la réalité, c’est une formulation de vie: c’est ce qu’on appelle la méthode inductive» (IFMC, # 13 et 170; voir aussi 37 et 539).
     
  12. Le caractère diocésain du Mouvement (IFMC, # 693; et aussi 590). Ce qui se manifeste de trois façons: la consultation de l’évêque pour l’implantation du Mouvement dans son diocèse, ensuite l’approbation par l’évêque des Règlements et Statuts qui est une garantie d’ecclésialité et une forme de protection des droits de la nouvelle association (cf. Conférence Épiscopale Péruvienne, Commission épiscopale de l’apostolat des laïcs); enfin, la remise d’un rapport régulier à l’Ordinaire du lieu.
     
  13. L’attention à la personne concrète. Chacun perçoit le message comme s’il lui était destiné personnellement, car il le reçoit par le truchement d’un témoignage personnel (cf. IFMC, # 167 et aussi 313-318; 514 et 516). C’est l’un des objectifs du MC de faire découvrir à chacun sa vocation personnelle (IFMC, # 28, 34h, 74, 75-5, 128-134, 145, 665, 668, 699).
     
  14. Son caractère pèlerin. Le MC est né d’un pèlerinage et il a conservé ce caractère. «Les Cursillos sont nés au sein du Conseil diocésain des Jeunes de l’Action Catholique. Durant plusieurs années, toutes les activités apostoliques se sont concentrées presque exclusivement à la préparation spirituelle du pèlerinage à Compostelle» (Mgr Juan Hervás: Los Cursillos, instrumento de renovación cristiana, p. 39; voir aussi: El como y el porqué, p. 12).

 

Conclusion

Puisque le MC n’a pas de fondateur unique, mais un groupe de promoteurs, on ne peut pas parler, en toute rigueur de terme, de «charisme de fondation», mais bien d’un «charisme initial», ou «charisme des origines», ou plus simplement du «charisme du Cursillo», reçu par les pionniers du Mouvement et partagé maintenant par tous ceux qui en font partie (cf. ChL, 24).

Cette grâce de l’Esprit - ou charisme - n’est la propriété de personne d’autre que de l’Esprit et de l’Église en tant qu’animée de l’Esprit. C’est l’Esprit qui distribue cette grâce sur tous ceux qui travaillent dans le MC, en commençant évidemment par les propagateurs du début. C’est une grâce expansive sur toutes les personnes qui participent dans les différents temps et lieux du Mouvement (cf. Mgr José Capmany: Charisme et tradition dans le MC, Madrid, 1991).

Le charisme initial du Mouvement se définit par sa mentalité, laquelle s’appuie sur les bases suivantes:

  • La proclamation kérygmatique de l’essentiel du message chrétien.
  • Le christocentrisme dans la proclamation intégrale de la vérité évangélique.
  • La proclamation faite sous forme de témoignage et non d’exposé magistral.
  • Une proclamation qui interpelle afin de provoquer la conversion: être personne, être chrétien, occuper sa place dans l’Église.
  • L’emploi du style-témoignage dans les trois phases du Mouvement.
  • Le climat joyeux et plein d’espérance.
  • L’amitié, source de communion et annonce de la vérité.
  • Le sens de l’Église, Corps mystique du Christ.
  • L’intime collaboration entre laïcs et prêtres ou religieux.
  • L’attention personnelle aux individus en les aidant à découvrir - et en la respectant - leur vocation dans l’Église et le monde.
  • L’implantation diocésaine au service de la pastorale des milieux.
  • La création de petits groupes - ou noyaux de chrétiens - basés sur l’amitié.
  • La fermentation évangélique des milieux.
  • Le caractère pèlerin, c’est-à-dire inachevé, du Mouvement.
  • La méthode inductive: de la réalité à la théorie.

 

voir la suite: III. La fidélité au Mouvement