1- La fidélité
Fidélité ne veut pas dire immobilité, routine, encroûtement.
- Le capitaine d’un bateau n’est pas fidèle quand il demeure amarré au quai par crainte de perdre le nord, mais plutôt quand il largue les amarres même au risque de braver la tempête.
- Le pèlerin n’est pas fidèle s’il revient à son village d’origine, mais plutôt quand il continue à marcher vers le but, en renouvelant son intention originelle, même au risque de se tromper de route.
- Le Pape l’exprime d’une autre manière. «Nous entendons résonner dans notre coeur les mots que Jésus adressa un jour à Pierre: Duc in altum (Lc 5,4). Pierre et les autres confièrent dans la parole du Maître et lancèrent les filets pour recueillir une grande quantité de poissons (Lc 5,6). Duc in altum: ces mots résonnent encore aujourd’hui et nous invitent à nous souvenir avec gratitude du passé, à vivre passionnément le présent et à nous ouvrir avec confiance au futur, car Jésus Christ est le même, hier, aujourd’hui et demain (He 13,8)» (NMi,
Fidélité vient de fides, foi.
- Fidélité et foi ont donc la même racine latine. La fidélité s’appuie sur la foi. La foi encourage la fidélité.
- La foi en Jésus Christ exige nécessairement la fidélité, et la fidélité serait impossible sans une foi qui soit une réponse affirmative, totale, constante et permanente dans le Fils de Dieu fait homme qui nous invite à aller en haute mer.
- La comparaison suivante devrait nous aider. Un train chauffé au charbon, comme autrefois, restera en place, par inertie, grâce à la voie ferrée, même si on arrête d’alimenter la fournaise en charbon, mais c’est seulement si on l’alimente continuellement qu’il pourra être fidèle jusqu’au terme de son parcours. La fidélité, dans ce cas-là, ce n’est pas seulement rester sur la voie, mais c’est de faire en sorte que le train avance!
- La nouvelle évangélisation exige de notre Mouvement de continuer à alimenter le feu - par de nouveaux moyens, une nouvelle ardeur, de nouvelles expressions - pour lui être fidèles jusqu’au bout.
Il y a donc une fidélité d’inertie et une fidélité de foi.
- La première conduit à la routine et au désenchantement; la seconde conduit à l’enthousiasme et à la ferveur.
- La première engendre le ralentissement; la seconde engendre la croissance permanente.
- La première cause l’ennui et la tristesse; la seconde produit de la satisfaction et de la joie.
- La première exige l’uniformité, la seconde l’unité et la communion. «L’unité de l’Église n’est pas l’uniformité, mais l’intégration organique des légitimes diversités» (NMi 46).
- La première s’enferme dans le corset des coutumes qui l’immobilise; la seconde nous permet de vivre le risque et d’avancer à partir des positions antérieures (cf. NMi 3).
- La première alimente la peur; la seconde s’appuie sur l’amour (Rm 8,15).
- La première provoque l’angoisse; la seconde l’espérance.
- La première ankylose; la seconde nous régénère.
- La première nous laisse dans la médiocrité; la seconde nous pousse à la sainteté.
2- Fidélité au Christ et à l'homme d'aujourd'hui
- «Soyez des témoins courageux du service de la Vérité et travaillez sans relâche avec la force de la communion. En vous appuyant sur vos riches expériences spirituelles, qui sont un trésor, accueillez le défi que notre temps pose à la nouvelle évangélisation et apportez-lui sans peur votre propre réponse»
(Jean-Paul II à l’Ultreya mondiale, Rome, 2000).
- «Face à une culture qui, assez fréquemment, nie l'existence même d'une Vérité objective de valeur universelle et qui s'égare dans les sables mouvants du nihilisme, les fidèles doivent savoir indiquer clairement que le Christ est le Chemin, la Vérité et la Vie (cf. Jn 14,6). Vous qui avez ouvert avec générosité votre coeur à Jésus, vous êtes appelés par Lui à proclamer inlassablement son nom à ceux qui ne le connaissent pas encore. Il vous appelle à son service, au service de sa vérité, la Vérité qui libère» (Idem).
- «Plus ce service de la Vérité fera partie de votre vie quotidienne, plus il sera convaincant. Comme vous le rappelle une prière souvent utilisée dans votre Mouvement: Le Christ n'a pas de mains, Il n'a que nos mains pour transformer le monde; le Christ n'a pas de pieds, Il n'a que nos pieds pour conduire les gens jusqu'à Lui; le Christ n'a pas de lèvres, Il n'a que nos lèvres pour parler aux autres» (Idem). (On trouvera le texte complet du discours du Pape sur le site Internet du MC: )
- «La génération présente a la mission de porter l’Évangile à l’humanité du futur. Vous êtes donc les témoins du Christ pour le nouveau millénaire. Soyez très conscients de cela et répondez avec une prompte fidélité à cet urgent appel missionnaire. L’Église compte sur vous!» (Jean-Paul II au congrès international du Laïcat, Rome, 2000).
3- Fidélité à l'Église
- «Comment conserver et garantir l’authenticité du charisme? Pour cela, il est fondamental que chaque Mouvement se soumette au discernement de l’autorité ecclésiastique compétente. Aucun charisme ne dispense de la soumission aux pasteurs de l’Église. Le Concile a parlé clairement à ce sujet dans Lumen Gentium (art. 12). Voilà la garantie incontournable que vous êtes dans le bon chemin. Au milieu de la confusion qui règne dans notre monde, il est si facile de se tromper et de céder à des illusions. Que dans la formation chrétienne dispensée par vos Mouvements ne manque jamais cet élément de l’obéissance aux évêques, successeurs des apôtres. Vous connaissez les critères d’ecclésialité contenues dans l’Exhortation Christi Fideles Laici (# 30). Je vous exhorte d’y adhérer avec générosité et humilité»
(Jean-Paul II, Homélie de la Pentecôte 1998).
- «L’originalité propre du charisme qui donne vie à un Mouvement ne prétend pas - ni pourrait le faire - ajouter quelque chose à la richesse du depositum fidei (dépôt de la foi), conservé par l’Église. Mais il constitue un fort appui, un appel suggestif et convaincant à vivre en plénitude l’expérience chrétienne. C’est un pré-requis pour trouver des réponses adéquates aux défis des temps et des circonstances historiques toujours diverses» (Jean-Paul II, Congrès des Mouvements, mai 1998).
- Lors de l’Ultreya mondiale de Rome, en 2000, le Pape nous disait: «Tel est votre apostolat: accomplissez-le dans une harmonie ecclésiale constante, afin que celui-ci manifeste la force de communion qui constitue le style et le contenu même de la mission du Peuple de Dieu. Face à des formes d'individualisme qui fragmentent et dispersent les ressources évangélisatrices, conjuguez vos efforts missionnaires à ceux des multiples groupes ecclésiaux suscités par l'Esprit dans l'Église de notre temps. Efforcez-vous ensemble de reproposer la beauté des premières communautés chrétiennes qui faisaient s'exclamer les païens avec émerveillement: "Voyez comme ils s'aiment!" Soyez toujours dociles aux orientations du Magistère. En effet, aucun charisme ne dispense de la référence et de la soumission aux pasteurs de l'Église dont le discernement est une garantie de fidélité au charisme lui-même. Puisse la célébration d'aujourd'hui susciter également en chacun de vous une fidélité renouvelée à votre charisme et une communion ecclésiale plus forte encore» (Message de Jean-Paul II aux cursillistes)
4- Fidélité et charisme initial
Le concept de fidélité au charisme initial s’exprime actuellement dans le MC par la consigne de «revenir aux sources» (volver a las fuentes). Évidemment que cette expression ne signifie pas d’aller boire la même eau que d’autres ont bu avant nous (ce qui est impossible, d’ailleurs) ni même de boire dans le même récipient! Cela signifie en clair que nous devons aller boire, à la même source, l’eau qui jaillit maintenant. Et cette source, pour nous, c’est l’Esprit saint.
La fidélité au charisme initial exige d’accepter la mentalité et la méthode que l’Esprit a donné au Mouvement et de le vivre - avec la force de ce même Esprit - dans les circonstances historiques et ecclésiales actuelles.
- «Revenir aux sources» c’est se laisser illuminer et conduire par l’Esprit, comme l’ont si bien fait les pionniers du Mouvement en leur temps.
- «Revenir aux sources» c’est se centrer sur l’essentiel du message et de l’expérience chrétienne, sans nous laisser empêtrer par ce qui est accidentel, anecdotique ou folklorique, mais en étant ouverts avec enthousiasme, zèle et esprit de charité à la nouveauté surprenante de Dieu, tout comme le faisaient les pionniers du Mouvement en leur temps.
- «Revenir aux sources» c’est étudier la réalité actuelle concrète, essayer de connaître avec le plus d’exactitude possible l’homme et le monde d’aujourd’hui pour lui présenter l’essentiel du message chrétien dans un langage, des moyens et un climat que l’homme actuel puisse saisir, comme le faisaient les pionniers du Mouvement en leur temps.
- «Revenir aux sources» c’est nous reconnaître comme faisant partie d’une Église devenue - après un Concile - mystère de communion, en intime union entre prêtres et laïcs, avec la mission de présenter le visage du Christ à un monde qui a tourné le dos à Dieu, comme le faisaient les pionniers du Mouvement en leur temps.
- «Revenir aux sources» c’est prendre des risques, penser par soi-même, dialoguer, faire des essais, corriger, sans nécessairement marchés dans des sentiers fréquentés, comme le faisaient les pionniers du Mouvement en leur temps.
- «Revenir aux sources» c’est croire que c’est Dieu qui anime le Mouvement et demande notre collaboration active et créatrice pour mener son oeuvre à terme, comme le faisaient les pionniers du Mouvement en leur temps.
- «Revenir aux sources» c’est en définitive, nous ouvrir aujourd’hui sans crainte à l’action de l’Esprit et prendre le large, comme le faisaient les pionniers du Mouvement en leur temps.
voir la suite: IV. Le renouveau dans le MC