Réflexion sur la mission du MC et de tout chrétien : témoigner de sa foi... particulièrement auprès des "loin de Dieu et de l'Église"!
AU PAYS DE
|
Après son ordination sacerdotale (9 juin 1901) Frère Charles souhaite ardemment aller convertir les Musulmans de l’Algérie et du Maroc en vue de les sauver de la damnation éternelle. Sa conception de l’évangélisation s’est modifiée au fil des mois.
Au lieu de convaincre avec les armes des dogmes, il découvre la nécessité de gagner les cœurs en apprivoisant dans un grand respect des personnes. Puis il écrit que la première personne à évangéliser est soi-même :
« Voir en tout humain un enfant de Dieu et regarder chaque humain comme un frère bien-aimé… Entrer en contact avec eux, devenir leurs amis, les aimer le premier et se faire aimer d’eux, les porter à la vertu, et de la vertu de la bonne volonté à toute vérité; vivre pour les sauver. Amour, amour, bonté, bonté : voilà le programme. »
Le moyen d’y parvenir?
« Lire et relire sans cesse le Saint Évangile pour avoir toujours devant l’esprit les actes, les paroles, les pensées de Jésus, afin de penser, parler, agir comme Jésus. »
Le 25 novembre 1911, il écrit à Joseph Hours :
«D’abord, préparer le terrain en silence par la bonté, un contact intime, le bon exemple : prendre le contact, se faire connaître d’eux et les connaître; les aimer du fond du cœur, se faire estimer et aimer d’eux… Avant de leur parler du dogme chrétien, il faut leur parler de religion naturelle, les amener à l’amour de Dieu, à l’acte d’amour parfait… Quand ils verront des hommes, plus vertueux qu’eux, plus savants qu’eux, parlant de Dieu mieux qu’eux, ils seront bien près de se dire que ces hommes ne sont peut-être pas dans l’erreur, et bien près de demander à Dieu la lumière… Il faudrait des chrétiens comme Priscille et Aquila, faisant le bien en silence, en menant la vie des pauvres marchands; en relation avec tous, ils se feraient estimer et aimer de tous, et feraient du bien à tous… » « Mon apostolat doit être l’apostolat de la bonté. En me voyant, on doit dire : "Puisque cet homme est bon, sa religion doit être bonne." Si l’on demande pourquoi je suis doux et bon, je dois dire : "Parce que je suis le serviteur d’un bien plus bon que moi ».
Il note dans un carnet les conseils que l’abbé Huvelin lui avait donnés lors de son voyage de 1909 en France :
« Causer, donner des médicaments, des aumônes, l’hospitalité du campement, se montrer frère, répéter que nous sommes tous frères en Dieu et que nous espérons être tous un jour dans le même Ciel, prier pour les Touaregs de tout votre cœur : voilà ma vie… Les frères et sœurs doivent être une prédication vivante : chacun d’eux doit être un modèle de vie évangélique. En les voyant, on doit voir ce qu’est la vie chrétienne, ce qu’est la religion chrétienne, ce qu’est l’Évangile, ce qu’est Jésus… Les personnes éloignées de Jésus, et spécialement les infidèles, doivent, sans livres et sans paroles, connaître l’Évangile par la vue de notre vie… C’est en aimant les hommes qu’on apprend à aimer Dieu. Le moyen d’acquérir la charité envers Dieu, c’est de la pratiquer envers les hommes. »
Et il affirme qu’il faut « abandonner la petite et facile critique des défauts des autres pour la grande et difficile reconnaissance de leurs beautés. »
C’est dans cet esprit d’évangélisation que Charles de Foucauld s’initie à la culture des Touaregs et qu’il travaille avec assiduité à la mise en œuvre de dictionnaires pour faire comprendre leur langue à ceux qui viendront après lui.
Pour conclure, voici un extrait des deux dernières lettres qu’il a écrites le 1er décembre 1916 (jour de son assassinat) : À sa cousine Marie de Blic, il cite leur directeur spirituel (l’abbé Huvelin) :
À Louis Massignon qui lui a annoncé qu’il a voulu être au front avec tous :
Publié avec l'autorisation de l'auteur
Extrait de: Le quotidien de l'Évangile, Gilles Baril, prêtre, p. 111-114