par Roger Gauthier, o.m.i.
Comme le soir approchait, il nous entraîna avec lui loin des foules et nous y retint jusqu’aux jours tragiques qu’il allait vivre. Il employa ce temps à nous préparer pour cette tragédie que nous ne devinions même pas après le triomphe que nous venions de vivre avec lui. Il nous parlait d’un futur où nous serions des témoins capables de continuer le projet du Père qu’il avait amorcé avec nous. Ce furent pour nous des moments inoubliables dont nous avons si souvent reparlé ensemble après son retour vers le Père.
Pour ma part, ces journées merveilleuses m’ont permis d’évoquer ce que j’avais vécu avec Jésus depuis ma première rencontre. Ce qui me faisait le plus mal c’était de revoir avec quelle tendresse il avait aimé tout le monde et de penser qu’on l’avait obligé à se défendre sans cesse contre des gens qui cherchaient à salir son image devant les foules. J’ai revu avec quelle affection il était venu au secours des malades, des pauvres et des petites gens. Comment expliquer que certaines personnes soient incapables de reconnaître pareille bonté? Il avait beau multiplier les signes les plus évidents de sa mission, curieusement ce sont les personnes les plus assidues au Temple qu’il n’a pas réussi à convaincre. Après trois années, ces gens ne lui faisaient pas encore confiance. En fait, c’est d’eux, sans doute, que parlait le prophète Isaïe quand il s’interrogeait: « Seigneur, qui a cru ce qu’on nous avait entendu dire et à qui le projet du Seigneur a-t-il été révélé? » ; et Isaïe commentait : « Ils refusaient tout changement à leurs idées de sorte que leurs yeux étaient aveuglés et leur cœur était devenu insensible; ainsi ils ne pouvaient pas se tourner vers moi. Pourtant, j’aurais tant voulu les guérir ». Le prophète parlait ainsi parce qu’il était familier de Dieu. Peut-être que parmi ces responsables du Temple quelques-uns, comme Nicodème, auraient voulu afficher une certaine confiance en Jésus, mais ils n’osaient pas parce qu’ils risquaient d’être exclus de la synagogue. Pierre n’aimait pas ces gens craintifs qui dépendaient plus de leur image publique que de leur accueil à l’Envoyé de Dieu. S’il avait su…
Jésus avait pourtant proclamé sur tous les tons son souci unique de rendre tout le monde heureux. Je ne puis oublier le jour où j’ai entendu des mots pleins de bonté comme ceux-ci :
"Qui croit en moi,
ce n’est pas en moi qu’il croit,
mais en celui qui m’a envoyé;
et celui qui me voit,
il voit aussi celui qui m’a envoyé.
Moi, ma mission c’est de
me faire lumière."
Toute mon existence sur la terre vise un seul but : faire en sorte que les personnes qui mettent leur confiance en moi découvrent toute la vérité sur le sens de la vie. Si quelqu’un rejette les paroles qu’il entend de moi, ce n’est pas moi qui vais le condamner : car je ne suis pas venu juger le monde, je suis venu sauver le monde. Même celui qui résiste un temps pourra toujours changer son cœur et m’accueillir. S’il ne le fait pas, c’est seulement au terme de son existence terrestre qu’il sera confronté aux lumières offertes et refusées. Tous, vous devez savoir que je n’ai pas parlé à partir de mes idées à moi, mais c’est le Père qui, en m’envoyant, m’a prescrit ce qu’il fallait dire et proclamer. Et je connais son désir que tout le monde entre dans la Vie éternelle avec lui. Tout ce que j’ai dit depuis trois ans, je l’ai dit comme le Père le mettait en mon cœur et dans ma bouche ».
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