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Textes provenant d'auteurs spirituels ou extraits de documents officiels de l'Église
CHOIX DE TEXTES
provenant d'auteurs spirituels
ou de documents officiels
de l'Église
L'ÉCOLE DE PRIERE DE BENOÎT XVI
Table des matières
Voir aussi:
QUESTIONS DE LA SEMAINE
sur la Prière
De quelle manière le Seigneur guide-t-il la communauté chrétienne à une lecture plus profonde de l’histoire ? Tout d’abord en l’invitant à considérer avec réalisme le présent que nous sommes en train de vivre. L’Agneau ouvre alors les quatre premiers sceaux du livre et l’Eglise voit le monde où elle est insérée, un monde où il y a divers éléments négatifs. Il y a les maux que l’homme accomplit, comme la violence qui naît du désir de posséder, de dominer les uns sur les autres, au point d’arriver à se tuer (deuxième sceau) ; ou bien l’injustice, parce que les hommes ne respectent pas les lois qui ont été données (troisième sceau). À ceux-ci s’ajoutent les maux que l’homme doit subir comme la mort, la faim, la maladie (quatrième sceau). Face à ces réalités, souvent dramatiques, la communauté ecclésiale est invitée à ne jamais perdre l’espérance, à croire fermement que l’apparente toute-puissance du Malin se heurte à la toute-puissance véritable qui est celle de Dieu. Et le premier sceau qu’ouvre l’Agneau contient précisément ce message. Jean raconte : « Et voici qu’apparut à mes yeux un cheval blanc ; celui qui le montait tenait un arc ; on lui donna une couronne et il partit en vainqueur, et pour vaincre encore » (Ap 6, 2). Dans l’histoire de l’homme est entré la force de Dieu, qui est non seulement en mesure d’équilibrer le mal, mais même de le battre ; la couleur blanche rappelle la Résurrection : Dieu s’est fait si proche qu’il est descendu dans l’obscurité de la mort pour l’éclairer de la splendeur de sa vie divine ; il a pris sur lui le mal du monde pour le purifier avec le feu de son amour.
Comment grandir dans cette lecture chrétienne de la réalité ? L’Apocalypse nous dit que la prière nourrit en chacun de nous et de nos communautés cette vision de lumière et de profonde espérance: il nous invite à ne pas nous laisser vaincre par le mal, mais à vaincre le mal par le bien, à tourner notre regard vers le Christ crucifié et ressuscité qui nous associe à sa victoire. L’Église vit dans l’histoire, elle ne se referme pas sur elle-même, mais elle affronte avec courage son chemin au milieu des difficultés et des souffrances, en affirmant avec force que le mal en définitive ne vainc pas le bien, que l’obscurité ne voile pas la splendeur de Dieu. Cela est un point important pour nous ; comme chrétiens nous ne pouvons jamais être pessimistes ; nous savons bien que sur le chemin de notre vie nous rencontrons souvent la violence, le mensonge, la haine, la persécution, mais cela ne nous décourage pas. C’est surtout la prière qui nous éduque à voir les signes de Dieu, sa présence et son action, et plus encore à être nous-mêmes des lumières de bien, qui diffusent l’espérance et qui indiquent que la victoire appartient à Dieu.
Cette perspective conduit à élever à Dieu et à l’Agneau l’action de grâce et la louange : les vingt-quatre anciens et les quatre vivants chantent ensemble le « cantique nouveau » qui célèbre l’œuvre du Christ Agneau, qui rendra « toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5). Mais ce renouveau est tout d’abord un don à demander. Et ici nous trouvons un autre élément qui doit caractériser la prière : il faut invoquer du Seigneur avec insistance que son Royaume vienne, que l’homme ait le cœur docile à la seigneurie de Dieu, que ce soit sa volonté qui oriente notre vie et celle du monde. Dans la vision de l’Apocalypse cette prière de requête est représentée par un détail important : « les vingt-quatre anciens » et « les quatre vivants » qui tiennent entre leurs mains, avec la harpe qui accompagne leur chant, « des coupes d’or pleines d’encens » (5, 8a) qui, comme il est expliqué, « sont les prières des saints » (5, 8b), c’est-à-dire de ceux qui ont déjà rejoint Dieu, mais aussi de nous tous qui sommes en chemin. Et nous voyons que, devant le trône de Dieu, un ange tient à la main un encensoir en or, dans lequel il met sans cesse des grains d’encens, c’est-à-dire nos prières, dont l’odeur suave est offerte avec les prières qui s’élèvent vers Dieu (cf. Ap 8, 1-4). C’est un symbolisme qui exprime comment toutes nos prières — avec toutes les limites, la difficulté, la pauvreté, la sécheresse, les imperfections qu’elles peuvent avoir — sont presque purifiées et atteignent le cœur de Dieu.
C’est-à-dire que nous devons être certains qu’il n’existe pas de prières superflues, inutiles ; aucune ne se perd. Et celles-ci trouvent une réponse, même si elle est parfois mystérieuse, car Dieu est Amour et Miséricorde infinie. L’ange — écrit Jean — « prit l’encensoir et le remplit du feu de l’autel qu’il jeta sur la terre : il y eut des coups de tonnerre, des fracas, des éclairs et un tremblement de terre » (Ap 8, 5). Cette image signifie que Dieu n’est pas insensible à nos supplications, il intervient et fait sentir sa puissance et sa voix sur la terre, il fait trembler et bouleverse le système du Malin. Face au mal on a souvent la sensation de ne rien pouvoir faire, mais c’est précisément notre prière qui est la première réponse la plus efficace que nous pouvons donner et qui rend plus fort notre engagement quotidien pour diffuser le bien. La puissance de Dieu rend notre faiblesse féconde (cf. Rm 8, 26-27).
Je voudrais conclure par quelques mots du dialogue final (cf. Ap 22, 6-21). Jésus répète plusieurs fois : « Voici que je viens sans tarder » (Ap 22, 7-12). Cette affirmation n’indique pas seulement la perspective future à la fin des temps, mais également la perspective présente : Jésus vient, il établit sa demeure en celui qui croit en Lui et l’accueille. L’assemblée, guidée par l’Esprit Saint, répète alors à Jésus l’invitation pressante à devenir toujours plus proche : «Viens» (Ap 22, 17a). Elle est comme l’« épouse » (22, 17) qui aspire ardemment à la plénitude de la vie nuptiale. Pour la troisième fois revient l’invocation : « Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! » (22, 20b) ; et le lecteur conclut avec une expression qui manifeste le sens de cette présence : « Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec tous les hommes » (22, 21).
L’Apocalypse, avec la complexité de ses symboles, nous fait participer à une prière très riche, qui a pour effet que nous aussi nous écoutons, nous louons, nous rendons grâce, nous contemplons le Seigneur, nous lui demandons pardon. Sa structure de grande prière liturgique communautaire est également un appel puissant à redécouvrir la charge extraordinaire et transformatrice que possède l’Eucharistie ; je voudrais en particulier inviter avec force à être fidèles à la Messe dominicale le jour du Seigneur, le dimanche, véritable centre de la semaine ! La richesse de la prière dans l’Apocalypse nous fait penser à un diamant, qui possède une série fascinante de facettes, mais dont le caractère précieux réside dans la pureté de l’unique noyau central. Les formes suggestives de la prière que nous rencontrons dans l’Apocalypse font alors briller le caractère précieux unique et indicible de Jésus Christ. Merci.
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(*) "L'école de prière" est une série de catéchèses sur la prière donnée par Benoît XVI, en 2011-2012, dans le cadre des audiences du mercredi. Le pape y regroupe de façon systématique son enseignement sur la prière. Le présent texte est le trente-sixième de la série. Voir la liste des catéchèses présentées lors de ces audiences.
Source du texte: site du Vatican (Le Saint Siège, Benoît XVI, Audiences, Mercredi 12 septembre 2012),
Source des images: L'Agneau ouvre le Livre, et Autour du trône, 24 anciens-4 vivants: Scorfa