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Félipé et Maria-Eugénia Barreda habitaient Esteli au Nicaragua.
Les Barreda étaient les parents de six enfants.
Ils habitaient une belle demeure et vivaient dans l'aisance.
Traditionnellement, ils étaient des catholiques pratiquants et engagés.
Les Barreda œuvraient au sein du Conseil Pastoral du diocèse d'Esteli.
Ils se sont peu à peu engagés dans le mouvement des Cursillos et ont travaillé de longues années avec le père P. Toranzo au sein de ce mouvement.
Les Barreda habitaient à cent lieues où des habitants vivaient dans des conditions précaires qui, en 1982 fuyaient des inondations.
Ces habitants s’étaient installés dans le bidonville "Omar Torrijos" qui est devenu le quartier le plus pauvre d’Esteli.
Les Barreda créèrent des communautés de base et instaurèrent un travail de catéchètes dans les quartiers pauvres de la ville et particulièrement dans le bidonville "Omar Torrijos".
Ils appartenaient à une brigade de 80 coupeurs de cafés venus des villes pour aider les travailleurs agricoles et les pauvres.
La récolte se faisait à deux kilomètres de la frontière du Honduras.
Les revenus de cette récolte étaient destinés à fournir: vêtements, nourriture, santé, construction de maisons, routes, et pour l’éducation.
C’est avec leurs quatre jeunes de la communauté de base d’Esteli, qu’ils participèrent bénévolement à l’appel d’aide pour la récolte du café.
Le 28 décembre 1982, les époux Barreda assistés de leurs quatre jeunes acolytes
sont
à l’œuvre dans la plantation de café.
Félipé est dans la cinquantaine et son épouse a deux ans plus jeune.
Un matin, vers 11 heures, lors d'une récolte de café, une attaque de mortiers d’obus, suivie de rafales de mitrailleuses, eut lieu par une armée de 300 "Contras" venus du Honduras.
Les Contras (terme espagnol signifiant « contre-révolutionnaires »), étaient des groupes de lutte armée opposés au gouvernement sandiniste du Nicaragua et au front sandiniste de libération nationale FSLN dont faisaient parti les Barreda.
Dès l’attaque, les coupeurs de café se dispersèrent dans la forêt et trente autres miliciens disposés sur les collines aux alentours, couvrirent les coupeurs en fuite.
Les Barreda et les quatre jeunes sont alors enlevés et Félipé est blessé par un éclat d'obus. De plus, certains autres coupeurs de café furent capturés par les Contras et tous emmenés au Honduras, yeux bandés et mains liées derrière le dos.
Vers le milieu de la nuit, ils arrivèrent à un camp de l’armée régulière hondurienne.
Les Contras réveillèrent les soldats honduriens pour leur montrer leur prise, ce qu’ils appelaient les sandino-communistes.
Les soldats les battirent tous à coup de pied et demandèrent la permission de les abattre sur le champ.
Ayant reçu un ordre par téléphone, le responsable de l’enlèvement s’opposa à ce qu’on les abatte car on voulait les détenir comme otages et monter un film de propagande.
Felipé étant blessé, il ne pouvait plus poursuivre sa route.
Alors les contras le ruèrent de coups. Et lorsqu’il s’évanouit, ils l’attachèrent et le traînèrent derrière un cheval à bout de corde.
Ce n’est qu’à trois heures qu’ils arrivèrent au camp "Pino Uno".
Les prisonniers furent ensuite emmenés l’un après l’autre, yeux bandés aux interrogatoires dirigés par Pedro Javier Nunez Cabezas, alias El Muerto.
Felipé Barreda fut le premier torturé.
El Muerto lui asséna des coups de crosse de son arme et Felipé déclara :
"Je suis chrétien engagé, non pas pour un salaire mais volontairement".
Ceci redoubla la haine d’El Muerto qui voulait lui faire dire qu’au Nicaragua il n’y avait pas de liberté religieuse et que les paysans n’étaient pas libres mais forcés par l’armée d’aller travailler dans les plantations de café aux endroits désignés par l'État.
Trois jours plus tard, El Muerta fit emmener Maria Barreda.
Elle était dans un état lamentable et souffrait d’une hémorragie vaginale;
elle avait sans doute été violée collectivement par ses bourreaux.
El Muerto la questionna de la même façon que son mari et le résultat fut le même.
Comme un fou furieux, il lui fracassa les côtes à coups de pied.
Quand elle se réanimait, il la frappait à nouveau, également sur la tête à coups de crosse jusqu’à la rendre inconsciente.
Plus tard, une équipe de télévision est arrivée et les prisonniers revêtus d’uniforme des Contras devaient témoigner contre le gouvernement du Nicaragua, l’accusant de persécuter les gens pour leur foi.
Maria et Felipé furent alors emmenés et refusèrent de déclarer ce qui leur était demandé et ils furent exécutés.
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Les quatre jeunes de la communauté d’Esteli ont par la suite réussi à s’échapper.
Ce sont eux qui rapportèrent le calvaire des époux Barreda et firent connaître les méthodes en vigueur dans le camp "Pino Uno" où ils furent détenus en territoire hondurien.
Le chef du camp des contras El Muerto, tortionnaire, fut par la suite capturé par la sécurité nationale et en 1983, soit neuf mois après l’assassinat des Barreda, les quatre jeunes qui se sont évadés de "Pino Uno" reconnaissent El Muerto à la télévision.
Suite à leur témoignage, El Muerto a été contraint d’avouer son crime atroce de torture et l’assassinat des Barreda et bien d’autres encore.
Il avoua même être chargé d’assassiner deux prêtres et un ministre et d’interroger et d’éliminer les prisonniers.
La mémoire de Felipé et Maria Barreda reste présente parmi les cabanes délabrées du barrio Omar Torrijos et des posters sont affichés un peu partout.
Leur portrait se rencontre partout dans les baraques vétustes des humbles quartiers Nicaraguayens, affiché à une paroi de bois, à côté du portrait de Mgr Oscar Romero, un autre cursilliste et archevêque de San Salvador,
assassiné trois ans plus tôt.
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Pour le peuple Nicaraguyen, Felipé et Maria Barreda sont des saints.
Au Nicaragua, on les a déjà canonisés.