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Claude Toussaint Marot de la Garaye est né à Rennes le 30 octobre 1675.
Il est le fils de Messire Guillaume Marot, comte de la Garaye, conseiller au Parlement puis gouverneur de Dinan, décédé en 1685.
Sa mère, Jeanne-Françoise de Marbeuf, est issue d’une famille parlementaire « Les Marbeuf ». Elle est décédée en 1677.
Claude est d'abord Mousquetaire du Roi et Maître d’armes à l’escrime, il battait tout le monde.
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Suite à la mort de son père et de ses frères, Claude devient l’héritier d’une grande fortune, en l'occurence le Château de la Garaye à Taden,.
Il s’installe et demeure au Château, situé à deux kilomètres de Dinan.
La chasse était et fut longtemps sa passion.
Il se distinguait par son audace à la tête des piqueurs aux chasses royales.
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Le 7 février 1701, Claude convole en justes noces avec
Marie-Marguerite de la Motte Picquet.
née le 24 décembre 1681.
Elle est très jolie et très aimable.
Le père de Marguerite est un très riche greffier en chef du Parlement de Bretagne.
Le couple s’aime passionnément.
Ils ont une vie bien remplie: chasses à courre, dîners
et fêtes somptueuses.
En 1703, Madame la comtesse Marguerite de la Garaye
fait une chute de cheval et se fracture le bassin.
Elle était alors enceinte et dut accoucher prématurément.
Le bébé était mort-né.
De plus elle apprend qu’elle ne pourra plus avoir d’enfant.
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La soeur de Claude, Marie-Angélique-Sylvie de la Garaye est née le 30 novembre 1677 et est devenue Madame de Pontbriand.
En février 1710, elle accouche d’un dixième enfant.
Claude et la comtesse Marguerite se rendent au château de Pontbriand pour célébrer le baptême.
A peine arrivé, le père décède.
C’est la consternation; ce deuxième événement transforma le couple de la Garaye.
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En vingt-quatre heures, la vie des époux prend une orientation radicale qui stupéfie autant la riche société dont ils étaient le centre que le monde des paysans et des pauvres.
“ S’il y a un Dieu, et je n’y avais pas pensé jusqu’à présent… je veux quoi qu’il en coûte le servir de toutes mes forces et l’aimer de tout mon cœur.
“ Mon intention est de renoncer tout à fait au monde, congédier mes domestiques, retrancher tout mon train, vendre mes meubles, mon équipage, ma vaisselle, faire un Hôpital de ma maison, y nourrir, panser, traiter, servir les pauvres et employer tout mon revenu à leur soulagement ”, dit M. de la Garaye.
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Quant à Madame, lorsque son mari lui fait part en ces termes de son désir de changement de vie, elle lui répond :
“ …Je vous dirai que j’ai été occupée toute la nuit du même dessein que vous me proposez et ce n’est que la timidité
et la crainte de vous causer de la peine qui m’a empêchée de vous en parler ”.
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Ainsi chacun des époux a reçu personnellement l'appel de Dieu.
Après une semaine de retraite, chacun de leur côté, les époux se retrouvent pour annoncer leur décision à la famille Pontbriand, et ils reprennent le chemin de la Garaye.
Déjà les pauvres se sont rassemblés aux grilles du château.
Le comte et la comtesse mettent pied à terre, les embrassent, leur distribuent des aumônes, invitent tous les miséreux à prendre un grand dîner le lendemain.
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Ce matin-là, en se levant pour prendre leur service, les serviteurs aperçoivent le comte et la comtesse qui balayaient les salles et puisaient l’eau du puis.
La vie de luxe était terminée; plus de chasse, plus de dîner, et tout est concentré vers les pauvres.
Ils vendent leurs surplus : vente de trente chevaux, argenterie, bijoux, fusils et trente chiens. Le midi, les maîtres servent à table plus de trois-cent pauvres. Ils ne se contentent pas de donner leur bras, leur argent, leur compagnie; ils sentent l’appel de Jésus de faire profiter de leur talents à tous ces pauvres.
Claude et Marguerite réalisent qu’il y a un besoin flagrant de soigner un grand nombre de personnes malades.
Le château de la Garaye est transformé en hôpital moderne.
Ils aménagent 40 lits, une apothicairerie et une chapelle à proximité aux salles des malades.
Il y a également des aides soignantes et Claude devient chef-chirurgien.
Ils se lèvent la nuit autant que nécessaire, la vie ne leur appartient plus, ils sont au service des autres.
En 1714, ils partent faire une retraite à Paris et étudier ensemble. Claude étudie la médecine et la chirurgie pendant que Marguerite étudie l’ophtalmologie.
Elle est la première femme ophtalmo de France; elle pratiquait les opérations des yeux, spécialement les cataractes.
Claude complète des études déjà commencées de botanique et de chimie pour qu’au retour ils puissent fabriquer leurs médicaments qui coûtaient très chers.
Des enfants sont atteints de la teigne. La teigne est une infection des cheveux ou des poils. C'est une mycose provoquée par un champignon microscopique attaquant le cuir chevelu.
La teigne n'est pas une maladie grave mais elle est particulièrement humiliante, irritante et inesthétique.
C’est le comte et la comtesse qui s’occupent de soigner ces maladies les plus répugnantes; ils les lavent et les soignent eux-mêmes.
Ils ne sont pas des religieux, ils ne s’enferment pas à la Trappe.
Ils vivent cela en couple, dans leur château, dont l'argenterie et le luxe ont disparu.
Ils administrent leurs biens.
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Pauvres chômeurs ? M. de la Garaye crée des emplois : murs et plantation d’un parc, landes à défricher, poterie (qui sera arrêtée à cause de la mauvaise qualité de la terre disponible), création de marais salants à l'imitation de ceux de Guérande à Saint-SuIniac et Saint-Père, dans une échancrure de la Rance ; apprentissage du tissage du coton pour les jeunes filles de Dinan, avec dotation d’installation de métier artisanal.
Et enfin, formation de chirurgiens à la Garaye. Il y en eut jusqu'à 18 en stage à la Garaye qui seront recrutés ensuite partout en raison de la réputation du maître.
Des humanitaires, des saints époux, des saints laïcs
par Hervé Catta.
Alors, des époux, des chrétiens dans le monde,
peuvent-ils eux aussi devenir des saints ?
Le comte et la comtesse de la Garaye sont certainement de ceux dont la vie mérite d'être étudiée et dont le témoignage est déjà source d'espérance.
C'est ce qu'avait pensé déjà l'évêque de Saint-Malo, Mgr de la Bastie qui, en 1756, (un an après la mort de Claude de la Garaye) écrivait lui-même la vie de ce chrétien pour la donner en exemple.
"Dieu seul, mes frères, peut être l'auteur d'une vie si parfaite et d'une sainteté que le monde lui-même ne peut s'empêcher d'admirer".
Et il soulignait que cette pratique de l'Evangile s'est déroulée au milieu du monde, dans l'état de mariage, pendant quarante ans, sans négliger les devoirs de la société civile et en faisant servir à cette sainteté richesses et talents, et tout ce qui est ordinairement un obstacle".
Aujourd'hui les “ chirurgiens humanitaires ” ont fait école.
Médecins, chirurgiens, pharmaciens, chercheurs, époux riches et pauvres,
créateurs d'emploi peuvent trouver dans ces "époux charitables" des intercesseurs, mais aussi un encouragement à une vie plus exigeante et plus donnée.
Les Chrétiens y trouvent l’ assurance que l'Evangile est une vocation pour tous.
Et ils ont une grande joie de voir l'Eglise aujourd'hui, reprenant la perspective ouverte en 1756 par l'évêque de Saint-Malo raviver sur eux une lumière que deux siècles et demi n'ont pas éteinte.
Le Pape Jean Paul II dans son sermon à Sainte Anne-d’Auray en 1996, a donné en exemple les “ époux charitables", Claude et Marguerite de la Garaye ”.
- R. Cathenos, Vie de M. de la Garaye et de Mme de Pontbriand, sa sœur, Saint Malo, Hovius, 1790. seconde édition : 1875.
- Jean-Marie Peigné, Le Comte Marot de la Garaye ; étude biographique d’après les récits contemporains, Paris, Deflorence, 1864.
- Claude-Charles Billot, Les époux au grand cœur :
Claude et Marguerite de la Garaye, Paris, Pierre Téqui , 2003
- Henri Boüan du Chef du Bos, Claude Toussaint Marot, comte de la Garaye, Paris, Le François, 1937, thèse de médecine.
- René Richelot, Eloge historique de Claude Toussaint Marot,
comte de la Garaye 1675-1755, prononcé à Taden, devant son tombeau, le dimanche 3 juillet 1955, à l’occasion du deuxième centenaire de sa mort, Dinan, Imprimerie Commerciale, 1955.