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Pierre Ceyrac est né le 4 février 1914 à Meyssac
en Cortèzes, en France.
Il est le fils de Paul Ceyrac, notaire à Meyssac
et le deuxième d’une famille de 6 enfants.
Pierre est aussi le frère cadet de François Ceyrac qui fut chef d’entreprise et président du CNPF.
Il fait ses premières études à l’Internat Saint-Joseph de Sarlat en Dordogne.
Jeune, il songe déjà à la vocation religieuse.
À 20 ans, en octobre 1931, Pierre entre au noviciat à Mons (Gers) de la congrégation de la Compagnie de Jésus.
À 23 ans, il est détenteur d’une license en théologie et choisit de devenir missionnaire en Inde à l’exemple de son oncle Charles Ceyrac, (jésuite), dans le sud de l’Inde.
Le 9 octobre 1937, Pierre s’embarque à Marseille pour les Indes britanniques.
Il y passera le reste de sa vie.
Arrivé à Madras, (rebaptisé Chennai en 1996), il poursuit son scolasticat.
Pierre apprend le tamoul (langue parlée dans l’état du Tamil Nadu)
et le sancrit (langue des textes sacrés de l’hindouisme) à l’université locale.
Le 21 novembre 1945, Pierre Ceyrac est ordonné prêtre au théologat jésuite de Kurseong, au Bengale occidental. On l'appellera désormais Father Ceyrac.
Deux ans plus tard, il est nommé aumônier du collège Saint-Joseph de Tiruchirapalli jusqu'en 1952.
En 1955, il est nommé aumônier de l'association catholique des étudiants catholiques de l'Inde
« All Catholic University Federation ».
Cette association groupera plus de 100,000 jeunes.
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Suivant les traces du Mahatma Gandhi, qu’il a bien connu,
il dénonce le système des castes et manifeste en faveur
de l’intégration des "dalits" (intouchables).
Ces gens sont victimes de discriminations même au sein des paroisses catholiques.
Encouragé par Gandhi et Nerhu qu’il consulte, il s’engage auprès des plus pauvres et de ces intouchables.
Sous l'impulsion du vaste réseau des 100 000 étudiants indiens du « All Catholic University Federation", on voit le jour de chantiers humanitaires destinés à construire des maisons et des villages pour les pauvres et les lépreux vivant sur les trottoirs de Chennai.
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Durant toutes ces années, il sillonne avec ses membres de l’association, le pays du Kenya au Bengale en moto, en peugeot ou en train.
Mal à l’aise avec une institution qui, sur place, paraît riche
et divisée, il préfère s’engager pour la justice, notamment à l’égard des « dalits ».
À l’instar de Mère Teresa et du Mahatma Ghandi qu’il a rencontré et admiré,
le Père Ceyrac veut donc rendre leur dignité aux intouchables.
En 1969, Father Ceyrac abandonne ses responsabilités d’aumônier pour se consacrer aux plus démunis.
En 1969, Father Ceyrac, accompagné de son réseau d’étudiants, lance une ferme-pilote nommée
" Manamaduraï " situé au sud du Tamil Nadu.
Cette ferme offre à des milliers de villageois du travail et de la nourriture.
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Puis ce sera le lancement de l’opération « Mille puits » qui a pour objectif la fertilisation des terres incultes dont plus de 500,000 personnes en ont bénéficié.
Chaque année, des centaines de jeunes Français iront travailler
sur les chantiers du Père Ceyrac.
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En 1980, le Père supérieur des Jésuites lui fait part de réfugiés cambodgiens qui quittent leur pays pour fuir le régime Pol Pot.
Ces gens ont un grand besoin.
Le Père Ceyrac se porte aussitôt volontaire
et quitte l’Inde pour se rendre à la frontière
Cambodge-Thaïlande pour accueillir les réfugiés,
les écouter et les éduquer dans les camps.
Cette mission durera 12 ans.
En 1992, à 78 ans, c’est un retour à Chennai en Inde.
Father Ceyrac crée et lance le mouvement
« Mains ouvertes »
qui a pour objectif d'accueilir des enfants très pauvres plus précisément à Singar,
Pellakupam et à Paranamkeni.
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À 90 ans, suite au séisme du 26 décembre 2004 dans l’océan Indien, Père Ceyrac porte secours aux réfugiés et orphelins de cette tragédie.
Il sillonnera jusqu'à sa mort la côte de l’Inde pour apporter aide et réconfort.
En novembre 2003 il est récipiendaire du Grand prix de l’Académie universelle des cultures à Paris.
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Il passera les dernières années de sa vie à l’Université
« Loyola College » de Chennai.
En 2008, il est promu officier de la Légion d’honneur
suite à ses publications:
« Pèlerin des frontières » (Cerf) et
« Tout ce qui n’est pas donné est perdu »
(Desclée de Brower).
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Article paru dans Ouest-France le 31 mai.
"Pierre Ceyrac, Jésuite missionnaire en Inde, s'est éteint le 30 mai 2012 à Madras,
« car là est mon pays », disait-il.
Décédé à 98 ans, il a consacré 75 années de sa vie au service des plus pauvres,
des enfants et des jeunes.
Il comptait, écrivions-nous à l'annonce de sa disparition, avec l'abbé Pierre et soeur Emmanuelle, parmi les plus grandes figures chrétiennes de notre époque."
Extrait de l’article paru dans "Le Plus", le 5 juin 2012
Titre "
Hommage au père Ceyrac, héraut de l'Inde moderne après Gandhi".
Par: Michaël de Saint-Cheron
"Ce jésuite missionnaire français était âgé de 98 ans.
Prophète du XXe siècle, connu pour son immense bonté,
il a consacré sa vie au service des plus pauvres et à la prière.
Il s’est dépensé pour rendre leur dignité aux dalits, les intouchables.
Infatigable, il a créé de nombreuses structures, foyers, écoles, centres médicaux, visant à soulager les détresses.
Son objectif n’était pas de faire grandir l’Église mais de sauver l’homme.
" Le père Ceyrac, dans sa lutte quotidienne pour les "droits d’être un homme",
et d’abord pour les dalits (les intouchables), les orphelins, les veuves,
poursuit l’œuvre des prophètes de l’Inde moderne que furent Ramakrishna, Vivekananda, Tagore et le Mahatma Gandhi.
Lorsqu’il affirme:
" on ne peut pas philosopher dans les universités
quand les gens meurent de faim à côté",
il s’inscrit superbement dans cette révolution spirituelle
qui faisait prononcer à Ramakrishna ces terribles paroles :
"La religion n’est pas pour les ventres vides.
" Le père Ceyrac est devenu l’un des plus grands hérauts de l’Inde
et du monde moderne avec ses mains nues et son cœur débordant d’une bhakti,
d’un amour, sans limite.
Sa plus grande parole, qui fut sa vie-même, est celle-ci :
"Tout ce qui n'est pas donné est perdu.
Tout amour qui n'est pas donné est un amour perdu."