Père, je t'en supplie, sauve-moi.
J'ai l'impression de me noyer dans le mal,

de m'enliser dans un bourbier sans fond
sans que je trouve à quoi m'agripper;

je me vois couler jusqu'au fond,
je me fais ballotter par le courant.

Je m'épuise à t'appeler à mon secours;
j'ai le gosier en feu.
Mes yeux sont asséchés à force de te guetter.

Les malheurs me viennent de partout:
je ne sais vraiment pas pourquoi.

Ils semblent se concerter pour m'assaillir
comme s'ils voulaient me détruire.

Comment répondre à leurs exigences
avec des forces que je n'ai plus?

Père, tu sais que je ne suis pas parfait,
mes sottises te sont bien connues.

Je fais appel à la puissance de ton amour
pour que tu m'empêches de faire honte
aux gens qui ont mis leur espérance en toi,

et pour que je n'affaiblisse pas le témoignage
de ceux qui passent leur vie à te chercher.

Nous sommes tous de ta famille, Père.
À cause de toi, il m'arrive d'être insulté;

parfois les humiliations me font rougir;
on ne me juge pas digne de ma famille;
on ne me reconnaît pas parmi mes frères et sœurs.

Je m'épuise au service de tout le monde,
mais les gens qui te détestent aiment m'insulter.

J'ai pleuré; j'ai sacrifié mon cœur: on m'a ridiculisé.
Quand je me suis retiré dans le silence,
on en a fait toute une histoire:

des gens se sont rencontrés pour me dénigrer,
les buveurs ont tourné ma vie en chansons !

II. Ant. Pour nourriture, ils m'offraient du poison,
et du vinaigre pour ma soif.

Père, je t'en prie, fais-moi une faveur;
je compte sur la fidélité de ton amour:

tu es le seul qui puisse me sauver vraiment:
ne me laisse pas m'enliser dans la tristesse,

garde-moi libre devant toutes les attaques,
même devant celles qui me touchent au plus profond.
Que ces épreuves ne me submergent pas.

Et toi, ne me laisse pas glisser dans le désespoir
ni dans le silence de la mort.

Réponds-moi, Père, car ton amour est fidèle;
regarde-moi de ton œil de miséricorde;
ne cache pas ton visage à ton enfant.

Je suis dans la détresse; fais-moi signe,
fais-moi voir ta présence, viens me défendre.
Dans toutes mes luttes, garde-moi libre.

Tu sais les outrages que je reçois,
des outrages humiliants, déshonorants;

tu connais bien d'où ils me viennent;
j'en ai le cœur brisé et ça me rend malade.

J'attendais un geste de soutien: rien n'est venu,
j'avais besoin de réconfort: personne n'a bougé.

Toute ma vie est comme empoisonnée;
quand j'ai soif, on me donne à boire du vinaigre.

Dans ces moments-là, je deviens agressif
et je suis assailli par la vengeance.

Je voudrais voir souffrir les gens qui me font mal:
que dans leurs fêtes, ils connaissent la trahison,

qu'entre amis ils se tendent des pièges,
qu'ils perdent la vue, qu'ils marchent à tâtons.

Je souhaite que tu fasses une colère pour les écraser tous :
que leurs maisons soient détruites
et qu'ils vivent sans aucune protection,

car ils en ont profité pour me rouer de coups
quand la vie m'a laissé sans défense.

Je voudrais que tu les accuses de méchanceté
sans leur permettre jamais de se défendre;

qu'ils soient exclus de ton amour;
exclus aussi de toute vie fraternelle.

III. Ant. À vous qui cherchez Dieu, vie et bonheur !

Mais je le sais: tu me délivreras de cette colère
qui m'humilie et me brise le cœur.

Mon Sauveur viendra m'en dégager totalement.
Alors je pourrai chanter ton Amour, ô Père,
et vivre dans la paix et l'action de grâces.

Voilà qui lui plaît plus que tous les sacrifices,
même les plus héroïques.

Devant cela, les mal pris se réjouissent en disant:
" À tous les gens qui cherchent le Dieu d'amour,
que soit offerte une vie longue et belle ! "

Car c'est un Père: il prend soin des pauvres;
il ne rejette personne qui est mal pris.

Que l'univers entier éclate en louanges pour lui,
les cieux, la terre et les mers avec tous les vivants.

Car notre Père nous offre un Sauveur
pour rassembler tout le monde en une famille

où le plus humble serviteur trouvera une place
pour y demeurer à titre d'héritier,
pourvu seulement qu'il aime le Dieu de l'Amour.