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Prière > Apprendre à prier > Choix de textes sur la prière > L'école de prière de Benoît XVI

Choix de textes sur la prière

Textes provenant d'auteurs spirituels ou extraits de documents officiels de l'Église

Benoit XVI

La prière de Jésus
à Gethsémani

En disant oui à Dieu,
l'homme trouve sa pleine réalisation


Catéchèse de Benoît XVI sur la prière
l'école de prière (*) - no 20


... SUITE, p.2

Chers amis, nous aussi, dans la prière, nous devons être capables d’apporter devant Dieu nos fatigues, la souffrance de certaines situations, de certaines journées, notre engagement quotidien à le suivre, à être chrétiens, et aussi le mal que nous voyons en nous et autour de nous, afin qu’il nous donne l’espérance, qu’il nous fasse sentir sa proximité et qu’il nous donne un peu de lumière sur le chemin de la vie.

Apporter devant Dieu nos fatigues, la souffrance de certaines situations...
et aussi le mal
que nous voyons en nous
et autour de nous
Jésus continue sa prière : « Abba (Père) ! tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mc 14, 36). Dans cette invocation, il y a trois passages révélateurs. Au début, nous avons la répétition de l’expression par laquelle Jésus s’adresse à Dieu : « Abba ! Père ! » (Mc, 14, 36a). Nous savons bien que la parole araméenne « Abba » est celle qu’utilisaient les enfants pour s’adresser à leur papa et qu’elle exprime donc le rapport de Jésus avec Dieu le Père, un rapport de tendresse, d’affection, de confiance, d’abandon. Dans la partie centrale de l’invocation, il y a un second élément : la conscience de la toute-puissance du père – « tout t’est possible » - qui introduit une demande dans laquelle, encore une fois, apparaît le drame de la volonté humaine de Jésus face à la mort et au mal : « Eloigne de moi cette coupe ! ». Mais il y a ensuite la troisième expression de la prière de Jésus, et c’est celle-là qui est décisive, dans laquelle la volonté humaine adhère pleinement à la volonté divine. Jésus, en effet, conclut en disant avec force : « Pourtant pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mc 14, 36c).

Dans l’unité de la personne
divine du Fils, la volonté
humaine trouve sa pleine réalisation dans l’abandon
total du Je au Tu
du Père, appelé « Abba ».

Dans l’unité de la personne divine du Fils, la volonté humaine trouve sa pleine réalisation dans l’abandon total du Je au Tu du Père, appelé « Abba ». Saint Maxime le Confesseur affirme que, depuis le moment de la création de l’homme et de la femme, la volonté humaine est orientée à la volonté divine et que c’est justement dans le « oui » à Dieu que la volonté humaine est pleinement libre et trouve sa réalisation. Malheureusement, à cause du péché, ce « oui » à Dieu s’est transformé en opposition : Adam et Eve ont pensé que le « non » à Dieu était le sommet de la liberté, la plénitude de l’être. Jésus sur le Mont des oliviers, ramène la volonté humaine à un « oui » total à Dieu ; en lui, la volonté naturelle est pleinement intégrée dans l’orientation que lui donne la personne divine. Jésus vit son existence à partir du centre de sa personne : son être de Fils de Dieu. Sa volonté humaine est attirée dans le Je du Fils, qui s’abandonne totalement au Père. Ainsi Jésus nous dit que c’est seulement en conformant sa volonté à celle de Dieu que l’être humain atteint sa véritable hauteur, devient « divin » ; c’est seulement en sortant de soi, seulement dans le « oui » à Dieu que se réalise le désir d’Adam, notre désir à tous, d’être complètement libres. C’est cela que Jésus réalise à Gethsémani : l’homme véritable naît en transférant sa volonté humaine dans la volonté divine, et c’est ainsi que nous sommes rachetés.

Le Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique nous donne un enseignement synthétique :

Jésus à Gethsémani« La prière de Jésus pendant l’agonie au Jardin de Gethsémani et ses dernières paroles sur la Croix révèlent la profondeur de sa prière filiale. Jésus porte à son achèvement le dessein d’amour du Père et prend sur lui toutes les angoisses de l’humanité, toutes les demandes et les intercessions de l’histoire du salut. Il les présente au Père qui les accueille et les exauce au-delà de toute espérance, en le ressuscitant des morts » (n. 543). Vraiment, « en aucun autre lieu de l’Ecriture sainte nous ne pouvons scruter aussi profondément le mystère intérieur de Jésus comme dans la prière sur le Mont des Oliviers »
(Jésus de Nazareth II, 183).


Chers frères et sœurs, chaque jour dans la prière du Notre Père, nous demandons au Seigneur : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt 6, 10). Nous reconnaissons donc qu’il y a une volonté de Dieu avec nous et pour nous, une volonté de Dieu sur notre vie, qui doit devenir chaque jour davantage le point de référence de notre vouloir et de notre être ; nous reconnaissons ensuite que c’est au « ciel » que se fait la volonté de Dieu et que la « terre » devient le « ciel », lieu de la présence de l’amour, de la bonté, de la vérité, de la beauté divine, uniquement si la volonté de Dieu se réalise en elle. Dans la prière que Jésus adresse au Père, en cette nuit terrible et magnifique de Gethsémani, la « terre » est devenue le « ciel » ; la « terre » de sa volonté humaine, bouleversée par la peur et l’angoisse, a été assumée par sa volonté divine, de sorte que la volonté de Dieu s’est réalisée sur la terre.

Et c’est important aussi dans notre prière : nous devons apprendre à compter davantage sur la Providence divine, demander à Dieu la force de sortir de nous-mêmes pour lui redire notre «oui», pour lui répéter « que ta volonté soit faite », pour conformer notre volonté à la sienne. C’est une prière que nous devons faire tous les jours parce qu’il n’est pas toujours facile de se remettre à la volonté de Dieu, de répéter le « oui » de Jésus, le « oui » de Marie.

Les récits évangéliques de Gethsémani montrent douloureusement que les trois disciples, choisis par Jésus pour être proches de lui, n’ont pas été capables de veiller avec lui, de partager sa prière, son adhésion au Père et ils se sont laissé écraser de sommeil. Chers amis, demandons au Seigneur de nous rendre capables de veiller avec lui dans la prière, de suivre la volonté de Dieu chaque jour même si elle nous parle de la croix, de vivre une intimité de plus en plus grande avec le Seigneur, pour apporter ensemble sur cette « terre » un peu du « ciel » de Dieu. Merci.

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(*) "L'école de prière" est une série de catéchèses sur la prière donnée par Benoît XVI, en 2011-2012, dans le cadre des audiences du mercredi. Le pape y regroupe de façon systématique son enseignement sur la prière. Le présent texte est le vingtième de la série. Voir la liste des catéchèses présentées lors de ces audiences.

Source du texte: Le Saint Siège, Benoît XVI, Audiences, Mercredi 1 février 2012,
Source des images:
Jésus à Gethsémani: Real Life Answershaut