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Réflexion sur l'évangile du Deuxième dimanche de l'Avent , A

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 





Mt 3, 1-12

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée: «Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche!» Jean est celui que désignait la parole transmise par le prophète Isaïe: À travers le désert, une voix crie: Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.

Jean portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à lui, et ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés.

Voyant des pharisiens et des sadducéens venir en grand nombre à ce baptême, il leur dit: «Engeance de vipères! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient? Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion, et n'allez pas dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père; car, je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres: tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.

«Moi, je vous baptise dans l'eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu; il tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas.»

 

Deuxième dimanche de l'Avent - A

photo du Père Allard


"Nous convertir au rêve et à la mentalité de Dieu"

 

Il y a deux thèmes principaux dans les textes de la liturgie d’aujourd’hui : une promesse de bonheur et une invitation à nous convertir au rêve et à « la mentalité de Dieu ».

Dans la 1ère lecture, le prophète Isaïe nous parle de la promesse de bonheur. Dieu enverra un sauveur qui, contrairement à nous, ne jugera pas selon les apparences : «Il jugera les petits avec justice, il tranchera avec droiture en faveur des pauvres du pays.»  Ce Messie fera naître un monde nouveau où «le loup habitera avec l'agneau et le léopard couchera avec le chevreau», un monde sans violence, sans haine, sans injustice, une terre d'amitié et de fraternité. Le texte de Martin Luther King : « J’ai fais un rêve » était inspiré de ce passage d’Isaïe 11, 1-10.

Isaïe rejoint le texte de l’Apocalypse de S. Jean, au chapitre 21, 3-4 : «Voici la demeure de Dieu parmi les hommes. Il aura sa demeure avec eux; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux ; de mort, il n’y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé.»

E. Schweizer affirmait : ça ne sert à rien d’encourager le coureur à redoubler ses efforts s’il court dans la direction opposée à celle de la ligne d’arrivée. Il faut alors qu’il change de trajectoire… Se convertir, c’est changer de direction!

Et le Christ nous dit que cette grande espérance, nous pouvons commencer à la réaliser dès maintenant. De temps à autre, nous rencontrons des personnes qui témoignent et qui vivent à plein, au nom de leur foi en Dieu, cette espérance promise : Martin Luther King, Desmon Tutu, Nelson Mandela, Teresa de Calcutta, Mgr. Romero, Jean Vanier…

Si nous ouvrons les yeux nous verrons aussi tout autour de nous le bien qui se fait dans nos familles, nos hôpitaux, nos paroisses, nos lieux de travail, nos résidences de personnes âgées. Ce matin, les lectures nous lancent une invitation à faire notre part dans la création ce monde nouveau.

Pour faire naître ce rêve de Dieu, Jean Baptiste nous rappelle que nous avons besoin de conversion. Il nous invite à changer de direction et à commencer à vivre ce rêve de paix et d’amour dans vos vies de tous les jours : «Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche

Nous pensons souvent que la conversion c’est seulement pour les autres, mais elle est nécessaire pour chacun et chacune d’entre nous! Graham Greene disait : « le Chrétien est une personne qui se convertit tous les jours ».

Cette nouvelle période de l’Avent sera-t-elle, pour moi, un temps de  «renouveau », de «changement», de «conversion»? Ou vais-je continuer à ronronner ma vie, calé confortablement dans mon fauteuil?

La seule manière de vraiment célébrer Noël en chrétien, c’est de le célébrer en converti. Qu’est-ce que je peux changer dans ma vie pour rendre la vie des autres et la mienne plus heureuse? Changer mon tempérament agressif? ma capacité de démolir les autres? la paresse qui m’empêche de m’engager et de faire quelque chose pour les autres? corriger mon orgueil qui refuse de faire le premier pas et de pardonner?

Se convertir, ça veut dire changer de direction. E. Schweizer  affirmait : ça ne sert à rien d’encourager le coureur à redoubler ses efforts s’il court dans la direction opposée à celle de la ligne d’arrivée. Il faut alors qu’il change de trajectoire… Se convertir, c’est changer de direction!

L'AventOn raconte qu’un ami de Mark Twain lui disait qu’avant de mourir, il voulait aller en Israël pour se rendre sur le Mont Sinaï où Moïse avait reçu les dix commandements. Il voulait lire à haute voix, du sommet de la montagne, ces mêmes dix commandements. Mark Twain qui avait beaucoup d’humour et était parfois très malin lui répondit: « J’ai une meilleure idée. <Tu devrais rester ici à Boston et essayer de vivre les dix commandements> ».

La conversion n’est jamais faite une fois pour toute. C’est pourquoi, au début de chaque eucharistie, nous nous reconnaissons pécheurs et demandons pardon au Seigneur. Ce qui importe, c’est la persévérance. Ne pas lâcher. Ça prend toute une vie pour devenir de vrais chrétiens. Nous sommes donc invités à nous convertir : «Convertissez-vous car le Royaume des Cieux est tout proche».  

L’avant nous rappelle que Noël approche. Ne nous laissons pas voler cette fête importante par les grands magasins, les achats de toutes sortes, la grande bouffe, les rencontres de famille, etc… Tout cela est important, mais il y a beaucoup plus dans cette période de préparation.

Après l’eucharistie, nous pouvons rentrer chez-nous avec le beau rêve de Dieu en tête et nous demander ce qui peut être changé dans notre vie de tous les jours pour que ce rêve soit un peu plus présent dans nos familles, dans notre voisinage, au travail. Voilà notre vocation de chrétien et voilà le programme que nous propose le temps de l’Avent.

« Convertissez-vous au rêve et à la mentalité de Dieu, car le Royaume des cieux est tout proche ».

 

Source des photos: Méditation, par Rembrandt, Musée du Louvre.;