Imprimer Texte plus gros Texte plus petit

Prière > Apprendre à prier > Choix de textes sur la prière

Choix de textes sur la prière

Textes provenant d'auteurs spirituels ou extraits de documents officiels de l'Église

Jean-Paul II

 

Jean-Paul II et la prière

par Mgr Francesco Follo (*)

 


Jean-Paul II, pèlerin et mendiant de l'absolu

Ce grand Pape, qui pour le Christ s'était fait pèlerin dans le monde entier, nous a montré que son dernier pèlerinage était le pèlerinage du cœur. Celui pour lequel il acceptait d'être défiguré par la maladie, comme le Christ avait été défiguré par la Passion. Le Christ mendiant de l'homme avait conduit son Vicaire à être mendiant de Lui. Cette identification fut possible parce que Jean-Paul II était avant tout un homme de prière, c'est-à-dire un mendiant par excellence.

Jean-Paul II était avant tout un homme de prière, c'est-à-dire
un mendiant par excellence
Pour lui, prier n'était pas seulement un précepte donné par le Rédempteur - « Il faut toujours prier » (Luc 18,1) - prier n'était même pas uniquement un conseil. C'était une exigence qui venait du cœur du Christ et s'adressait à son cœur.

C'était du cœur que ce Pape commença et poursuivit le « colloque » entre le fils et le Père, pour le louer, le remercier, l'adorer, lui dire son amour, pour apprendre à connaître sa volonté et lui demander les aides nécessaires pour l'accomplir.

Jean-Paul II, roc de prière

En cet homme exceptionnel, je vois avec évidence que la prière n'était ni principalement ni seulement, comme il arrive à beaucoup d'entre nous, le dernier rivage auquel s'accrocher, après avoir essayé d'utiliser des moyens purement humains pour sortir d'une situation difficile, d'une douleur insupportable. Ce n'était même pas un simple dialogue. C'était un événement qui change la vie, en l'élevant, en la transfigurant.

En cet homme exceptionnel, la prière n'était ni le dernier
rivage auquel s'accrocher, ni même un simple dialogue
Jésus le Christ, Parole de Dieu faite chair, ne prend pas la forme d'opinions, de discussions, d'affirmations purement doctrinales. Le Christ est un événement et celui qui prie expérimente ce caractère de « fait », auquel adhérer, comme à un roc.

Quand je le voyais prier, ce pape me donnait toujours l'image qu'il était un roc de prière, un bloc vivant de la présence de Dieu.

« Les mains sont le paysage du cœur » (titre d'une poésie du Pape)

Certes, comme la Vierge Marie, à qui il était complètement dévoué - (Totus Tuus Ego Sum, sa devise) -, Jean-Paul II gardait la Parole dans le secret de son cœur. Mais il la vivait aussi comme invitation à agir pour et par le Christ. Je m'explique. Quand nous utilisons des mots comme : « contemplation », « silence », « union avec Dieu », « vie intérieure » ou encore « prière », nous avons tendance à les concevoir en opposition ou, au moins, en concurrence avec une série d'autres mots : « action », « bénévolat », « volontariat », « relations avec les autres », etc. Le fait même d'y voir un dualisme est déjà une fausse démarche. Il ne s'agit pas de deux lieux différents, où l'on ne peut être au même moment, mais d'un organisme vivant, auquel les deux choses sont nécessaires et interdépendantes. Un athlète a besoin de la respiration et des muscles ensemble, et au même moment. Nous ne pouvons et ne devons pas opposer l'action à la prière. Les deux sont nécessaires et doivent toujours être des « gestes ». A l'exemple de la vie des premiers chrétiens qui intégraient prière et action, comme le montrent les Actes des Apôtres (Actes 2, 42 ; 4, 32 ; 5, 12).

Pour Jean-Paul II, la prière
n'était pas une chose à faire parmi d'autres. Elle était le contenu de sa vie
Quand on regardait Jean-Paul II prier, on était d'abord touchés par sa manière de faire. Toute sa personne montrait recueillement et amour, simplicité et abandon : une immersion en Dieu. Quand après avoir prié, il retournait au quotidien, il avait dans les yeux la lumière de la Présence de Dieu, qu'il avait vue.

Pour Jean-Paul II, la prière n'était pas une chose à faire parmi d'autres. Elle était le contenu de sa vie, de son cœur, dont les mains sont le paysage.

Que le futur Bienheureux nous intercède la grâce d'avoir des mains comme les siennes : jointes dans la prière et ouvertes pour l'accueil.

Mgr Francesco Follo
Observateur Permanent du Saint-Siège auprès de l'UNESCO

La prière selon Jean-Paul II

*"Il y a plusieurs définitions de la prière. Mais on l'appelle le plus souvent un colloque, une conversation, un entretien avec Dieu. En conversant avec quelqu'un, non seulement nous parlons, mais aussi nous écoutons. La prière est donc aussi une écoute. Elle consiste à se mettre à l'écoute de la voix intérieure de la grâce. A l'écoute de l'appel. Et alors, comme vous me demandez comment le Pape prie, je vous réponds: comme tout chrétien, il parle et il écoute. Parfois, il prie sans paroles, et alors il écoute d'autant plus. Le plus important est précisément ce qu'il "entend". Et il cherche aussi à unir la prière à ses obligations, à ses activités, à son travail. Et à unir son travail à la prière. De cette manière, jour après jour, il cherche à accomplir son "service", son "ministère", qui lui vient de la volonté du Christ et de la tradition vivante de l'Eglise".


*Dialogue de Jean-Paul II avec les jeunes à Paris, le 1er juin 1980

_______________
() Depuis 2002, Mgr Francesco Follo est l'Observateur Permanent du Saint-Siège auprès de l'UNESCO, et auteur de «Prier 15 jours avec Jean-Paul II» (Ed. Nouvelle Cité). Nous publions ici des extraits du texte qu'il a publié sur le site portail de l'Eglise catholique en France, pour le Carême 2011 : "Cheminer vers Pâques avec Jean-Paul II".