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Choix de textes sur la prière

Textes provenant d'auteurs spirituels ou extraits de documents officiels de l'Église

Benoit XVI

La prière de Moïse

le Christ prie pour moi

Catéchèse de Benoît XVI sur la prière
l'école de prière (*) - no 5

 

Chers frères et sœurs,

Moise et le buisson ardentMoïse et le buisson ardent
"Je t'ai choisi pour libérer mon peuple"

En lisant l’Ancien Testament, une figure ressort parmi les autres : celle de Moïse, précisément comme homme de prière. Moïse, le grand prophète et « condottiere » du temps de l’Exode, a exercé sa fonction de médiateur entre Dieu et Israël en se faisant le porteur, auprès du peuple, des paroles et des commandements divins, en le conduisant vers la liberté de la Terre promise, en enseignant aux juifs à vivre dans l’obéissance et dans la confiance envers Dieu au cours de leur long séjour dans le désert, mais également, et je dirais surtout, en priant. Il prie pour le pharaon lorsque Dieu, avec les plaies, tentait de convertir le cœur des Egyptiens (cf. Ex 8-10) ; il demande au Seigneur la guérison de sa sœur Marie frappée par la lèpre (cf. Nb 12, 9-13), il intercède pour le peuple qui s’était rebellé, effrayé par le compte-rendu des explorateurs (cf. Nb 14, 1-19), il prie quand le feu va dévorer le campement (cf. Nb 11, 1-2) et quand les serpents venimeux font un massacre (cf. Nb 21, 4-9) ; il s’adresse au Seigneur et réagit en protestant quand le poids de sa mission devient trop lourd (cf. Nb 11, 10-15) ; il voit Dieu et parle avec Lui « face à face, comme un homme parle à son ami » (cf. Ex 24, 9-17 ; 33, 7-23 ; 34, 1-10. 28-35).

Moïse voit Dieu et parle avec
Lui «face à face, comme un homme parle à son ami»

Même quand le peuple, au Sinaï, demande à Aaron de faire le veau d’or, Moïse prie, en accomplissant de manière emblématique sa propre fonction d’intercesseur. L’épisode est raconté au chapitre 32 du Livre de l’Exode et possède un récit parallèle dans le Deutéronome, au chapitre 9. C’est sur cet épisode que je voudrais m’arrêter dans la catéchèse d’aujourd’hui, et en particulier sur la prière de Moïse que nous trouvons dans le récit de l’Exode. Le peuple d’Israël se trouvait au pied du Sinaï tandis que Moïse, sur le mont, attendait le don des tables de la Loi, jeûnant pendant quarante jours et quarante nuits (cf. Ex 24, 18 ; Dt 9, 9). Le chiffre quarante possède une valeur symbolique et signifie la totalité de l’expérience, alors qu’avec le jeûne on indique que la vie vient de Dieu, que c’est Lui qui la soutient. L’acte de manger, en effet, implique de prendre la nourriture qui nous soutient ; jeûner, en renonçant à la nourriture, acquiert donc, dans ce cas, une signification religieuse : c’est une manière pour indiquer que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de chaque parole qui sort de la bouche du Seigneur (cf. Dt 8, 3). En jeûnant, Moïse montre qu’il attend le don de la Loi divine comme source de vie : celle-ci révèle la volonté de Dieu et nourrit le cœur de l’homme, en le faisant entrer dans une alliance avec le Très-Haut, qui est source de la vie, qui est la vie elle-même.

Adoration du veau d'orL'adoration du veau d'or
C’est une tentation constante
sur le chemin de foi : éluder le mystère divin en construisant
un dieu compréhensible, correspondant à ses propres conceptions

 

Mais alors que le Seigneur, sur le mont, donne la Loi à Moïse, au pied de la montagne le peuple la transgresse. Incapable de résister à l’attente et à l’absence du médiateur, les juifs demandent à Aaron : « Allons, fais-nous un dieu qui aille devant nous, car ce Moïse, l’homme qui nous a fait monter du pays d’Egypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé » (Ex 32, 1). Las d’un chemin avec un Dieu invisible, à présent que Moïse, le médiateur, a lui aussi disparu, le peuple demande une présence tangible, perceptible, du Seigneur, et il trouve dans le veau de métal fondu fait par Aaron, un dieu rendu accessible, manœuvrable, à la porté de l’homme. C’est une tentation constante sur le chemin de foi : éluder le mystère divin en construisant un dieu compréhensible, correspondant à ses propres conceptions, à ses propres projets. Ce qui se produit au Sinaï révèle toute la stupidité et la vanité illusoire de cette prétention car, comme l’affirme ironiquement le Psaume 106, «ils échangeaient ce qui était leur gloire pour l’image d’un taureau, d’un ruminant» (Ps 106, 20). C’est pourquoi le Seigneur réagit et ordonne à Moïse de descendre de la montagne, en lui révélant ce que fait son peuple et en terminant par ses mots : « Ma colère va s’enflammer. De toi en revanche je ferai une grande nation » (Ex 32, 10). Comme avec Abraham à propos de Sodome et de Gomorrhe, à présent aussi Dieu révèle à Moïse ce qu’il entend faire, comme s’il ne voulait pas agir sans son consentement (cf. Am 3, 7). Il dit : « ma colère va s’enflammer ». En réalité, ce « Ma colère va s’enflammer » est dit précisément pour que Moïse intervienne et lui demande de ne pas le faire, révélant ainsi que le désir de Dieu est toujours celui du salut. Comme pour les deux villes de l’époque d’Abraham, la punition et la destruction, à travers lesquelles s’exprime la colère de Dieu comme refus du mal, indiquent la gravité du péché commis ; dans le même temps, la demande de l’intercesseur entend manifester la volonté de pardon du Seigneur. Tel est le salut de Dieu, qui implique la miséricorde, mais en même temps également la dénonciation de la vérité du péché, du mal qui existe, de sorte que le pécheur, ayant reconnu et refusé son propre mal, puisse se laisser pardonner et transformer par Dieu. La prière d’intercession rend ainsi agissante, au sein de la réalité corrompue de l’homme pécheur, la miséricorde divine, qui trouve voix dans la supplique de l’orant et qui se fait présente à travers lui là où il y a besoin de salut.

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(*) "L'école de prière" est une série de catéchèses sur la prière donnée par Benoît XVI, en 2011-2012, dans le cadre des audiences du mercredi. Le pape y regroupe de façon systématique son enseignement sur la prière. Le présent texte est le cinquième de la série. Voir la liste des catéchèses présentées lors de ces audiences.

Source du texte: Le Saint Siège, Benoît XVI, Audiences, Mercredi 1 juin 2011,
Source des images: Moïse et le buisson ardent: Free Children Bible Stories; Adoration du veau d'or, Nicolas Poussin: Wikipedia