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Choix de textes sur la prière

Textes provenant d'auteurs spirituels ou extraits de documents officiels de l'Église

Benoit XVI

La prière dans la première partie de l'Apocalypse

Le secret de la paix et de la joie,
c’est la prière quotidienne

 

Catéchèse de Benoît XVI sur la prière
dans l'Apocalypse
- l'école de prière (*) - no 35

 

Chers frères et sœurs,

Après l’interruption des vacances, nous reprenons aujourd’hui les audiences au Vatican, en poursuivant cette « école de prière » que nous vivons ensemble dans les catéchèses du mercredi.

 

4 cavaliers de l'Apocalypse
Les 4 cavaliers de l'Apocalypse

Je voudrais parler, aujourd’hui, de la prière dans le Livre de l’Apocalypse qui, comme vous le savez, est le dernier livre du Nouveau Testament. C’est un livre difficile, mais il contient une grande richesse. Il nous met en contact avec la prière vivante et palpitante de l’assemblée chrétienne, rassemblée « le jour du Seigneur » (Ap 1, 10) : c’est là, en effet, la toile de fond sur laquelle se développe le texte.

Un lecteur présente à l’assemblée un message confié par le Seigneur à l’évangéliste Jean. Le lecteur et l’assemblée constituent, pour ainsi dire, les deux protagonistes du développement de ce livre. Dès le début, il leur est adressé un souhait joyeux : « Heureux le lecteur et les auditeurs de ces paroles prophétiques » (1, 3). De ce dialogue constant entre eux jaillit une symphonie de prière qui se développe sous une grande variété de formes jusqu’à la conclusion. Si nous écoutons le lecteur qui présente le message, si nous écoutons et observons les réactions de l’assemblée, leur prière tend à devenir la nôtre.

notre prière doit être
avant tout écoute de Dieu
qui nous parle

La première partie de l’Apocalypse (1, 4-3, 22) présente, dans l’attitude de l’assemblée en train de prier, trois phases successives. La première (1, 4-8) est constituée d’un dialogue qui, cas unique dans le Nouveau Testament, se déroule entre l’assemblée à peine réunie et le lecteur, qui adresse à celle-ci des vœux de bénédiction : « Grâce et paix vous soient données » (1, 4). Le lecteur poursuit en soulignant la provenance de ces vœux : ils viennent de la Trinité, du Père, de l’Esprit-Saint et de Jésus Christ, engagés ensemble à faire avancer le projet créateur et salvifique pour l’humanité.

Notre prière, souvent faite uniquement de demandes,
doit au contraire, être faite
avant tout de louange
rendue à Dieu pour son amour

L’assemblée écoute et, quand elle entend le nom de Jésus-Christ, elle a comme un sursaut de joie et elle répond avec enthousiasme, en élevant vers le ciel cette prière de louange : « Il nous aime et nous a lavés de nos péchés par son sang, il a fait de nous une royauté de prêtres, pour son Dieu et Père : à lui donc la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen » (1, 5b-6). L’assemblée, enveloppée de l’amour de Dieu, se sent libérée des liens du péché et se proclame « royaume » de Jésus-Christ, lui appartenant totalement. Elle reconnaît la grande mission qui lui a été confiée par le baptême d’apporter au monde la présence de Dieu. Elle conclut ainsi sa  célébration de louange en regardant de nouveau directement vers Jésus et, avec un enthousiasme croissant, elle reconnaît sa « gloire et sa puissance » pour sauver l’humanité. L’« amen » final conclut l’hymne de louange adressé au Christ. Ces quatre premiers versets contiennent déjà une grande richesse d’indications pour nous ; ils nous disent que notre prière doit être avant tout écoute de Dieu qui nous parle.

Submergés par beaucoup de paroles, nous sommes peu habitués à écouter, et surtout à nous mettre dans une attitude de silence intérieur et extérieur pour être attentifs à ce que Dieu veut nous dire. Ces versets nous enseignent, en outre, que notre prière, souvent faite uniquement de demandes, doit au contraire, être faite avant tout de louange rendue à Dieu pour son amour, pour le don de Jésus-Christ qui nous a apporté force, espérance et salut.

Dieu accueille et prend à cœur
la demande de l’assemblée

Une autre intervention du lecteur rappelle ensuite à l’assemblée, saisie par l’amour du Christ, son engagement à accueillir sa présence dans sa vie. Il dit en effet : « Voici, il vient sur les nuées ; chacun le verra, même ceux qui l'ont transpercé, et sur lui se lamenteront toutes les races de la terre » (1, 7a). Après être monté au ciel dans une « nuée », symbole de la transcendance (cf. Ac 1, 9), Jésus-Christ reviendra de la même manière qu’il est monté au ciel (cf. Ac 1, 11b). Alors, tous les peuples le reconnaîtront, et, comme y exhorte saint Jean dans le quatrième évangile, « ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé » (19, 37). Ils penseront à leurs péchés, cause de sa crucifixion et, comme ceux qui y avaient assisté directement sur le Calvaire, ils se frapperont la poitrine (cf. Lc 23, 48) en lui demandant pardon, pour le suivre dans leur vie et se préparer ainsi à la pleine communion avec lui, lors de son retour final.

L’assemblée réfléchit à ce message et dit : « Oui, Amen ! » (Ap 1, 7b). Par son « oui » elle exprime qu’elle accueille pleinement ce qui lui a été transmis et elle demande que cela puisse devenir réalité. C’est la prière de l’assemblée qui médite sur l’amour de Dieu manifesté de manière suprême sur la  Croix et qui demande de vivre en cohérence en disciples du Christ. Et il y a la réponse de Dieu : « Je suis l'Alpha et l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, "Il est, il était et il vient", le Maître-de-tout » (1, 8).

La prière constante réveille
en nous le sens de la
présence du Seigneur...;
c'est une présence qui nous
donne une grande espérance
même au coeur des ténèbres de
certaines histoires humaines.

Dieu, qui se révèle comme le commencement et la fin de l’histoire, accueille et prend à cœur la demande de l’assemblée. Il a été, il est et il sera présent et actif par son amour dans les histoires humaines, dans le présent, dans l’avenir comme dans le passé, jusqu’au terme final. C’est la promesse de Dieu. Et nous trouvons ici un autre élément important : la prière constante réveille en nous le sens de la présence du Seigneur dans notre vie et dans l’histoire ; c’est une présence qui nous soutient, nous guide et nous donne une grande espérance même au cœur des ténèbres de certaines histoires humaines ; en outre, toute prière, même dans la solitude la plus radicale, n’est jamais ni un isolement ni stérile, mais c’est la sève vitale qui alimente une existence chrétienne de plus en plus engagée et cohérente.

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(*) "L'école de prière" est une série de catéchèses sur la prière donnée par Benoît XVI, en 2011-2012, dans le cadre des audiences du mercredi. Le pape y regroupe de façon systématique son enseignement sur la prière. Le présent texte est le trente cinquième de la série. Voir la liste des catéchèses présentées lors de ces audiences.

Source du texte: Le Saint Siège, Benoît XVI, Audiences, Mercredi 5 septembre 2012,
Source des images: Les quatre cavaliers de l'Apocalypse: auFéminin.com