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Textes provenant d'auteurs spirituels ou extraits de documents officiels de l'Église
CHOIX DE TEXTES
provenant d'auteurs spirituels
ou de documents officiels
de l'Église
L'ÉCOLE DE PRIERE DE BENOÎT XVI
Table des matières
Voir aussi:
QUESTIONS DE LA SEMAINE
sur la Prière
Au Cénacle aussi, à Jérusalem, dans « la chambre haute » où les disciples de Jésus « se tenaient habituellement » (Ac 1, 13) dans un climat d’écoute et de prière, Marie est présente, avant que les portes ne s’ouvrent en grand et qu’ils ne commencent à annoncer le Christ Seigneur à tous les peuples, enseignant à observer tout ce qu’il avait prescrit (cf. Mt 28, 19-20). De la maison de Nazareth à celle de Jérusalem, en passant par la croix où son fils lui confie l’apôtre Jean, les étapes du chemin de Marie sont marquées par sa capacité à conserver avec persévérance un climat de recueillement, pour méditer tous les événements dans le silence de son cœur, devant Dieu (cf. Lc 2, 19-51) et pour, dans sa méditation devant Dieu, comprendre la volonté de Dieu et devenir capable de l’accepter intérieurement. La présence de la Mère de Dieu avec les Onze, après l’Ascension, n’est pas alors une simple annotation historique d’un événement du passé, mais elle revêt une signification de grande valeur, parce qu’avec eux, Marie partage ce qu’il y a de plus précieux : le souvenir vivant de Jésus dans la prière ; elle partage cette mission de Jésus : conserver la mémoire de Jésus, et ainsi conserver sa présence.
La dernière mention de Marie dans les deux écrits de saint Luc est liée au jour du samedi : c’est le jour du repos de Dieu après la création, le jour du silence après la mort de Jésus et de l’attente de la résurrection. Et c’est dans cet épisode que s’enracine la tradition de vénérer la Vierge Marie le samedi. Entre l’ascension du Ressuscité et la première pentecôte chrétienne, les apôtres et l’Eglise se rassemblent avec Marie pour attendre avec elle le don de l’Esprit Saint, sans lequel on ne peut devenir des témoins. La Vierge Marie, qui l’a déjà reçu pour enfanter le Verbe incarné, partage avec toute l’Eglise l’attente de ce don pour que « le Christ soit formé » (Ga 4, 19) dans le cœur de tous les croyants. S’il n’y a pas d’Eglise sans Pentecôte, il n’y pas non plus de Pentecôte sans la Mère de Jésus, parce qu’elle a vécu de manière unique ce dont l’Eglise fait l’expérience chaque jour sous l’action de l’Esprit Saint. Saint Chromace d’Aquilée commente ainsi cette mention dans les Actes des apôtres :
« L'Église se réunit dans la chambre haute avec Marie, qui fut la Mère de Jésus, et ses frères. Donc, on ne peut parler d'Église si Marie, la Mère du Seigneur, n'y est avec ses frères : car l'Église du Christ est là où l'on prêche que le Christ s'est incarné de la Vierge ; et l'on n'entend l'Evangile que là où prêchent les Apôtres, frères du Seigneur. » (Sermo 30, 1 : SC 164, 135).
Le concile Vatican II a voulu souligner de manière particulière ce lien qui se manifeste visiblement dans la prière commune de Marie avec les apôtres, dans le même lieu, dans l’attente de l’Esprit Saint. La constitution dogmatique Lumen Gentium affirme :
« Mais Dieu ayant voulu que le mystère du salut des hommes ne se manifestât ouvertement qu’à l’heure où il répandrait l’Esprit promis par le Christ, on voit les Apôtres, avant le jour de Pentecôte, « persévérant d’un même cœur dans la prière avec quelques femmes dont Marie, Mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 14) ; et l’on voit Marie appelant elle aussi de ses prières le don de l’Esprit qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-même prise sous son ombre. » (n. 59). Le lieu privilégié de Marie est l’Eglise, où elle est « saluée comme un membre suréminent et absolument unique..., modèle et exemplaire admirables pour celle-ci dans la foi et dans la charité » (ibid., n. 53) ».
Vénérer la Mère de Jésus dans l’Eglise signifie alors apprendre d’elle à être une communauté qui prie : c’est un des traits essentiels de la première description de la communauté chrétienne qui se dessine dans les Actes des apôtres (cf. Ac 2, 42). Souvent la prière est dictée par des situations difficiles, des problèmes personnels qui portent à se tourner vers le Seigneur pour recevoir lumière, aide et réconfort. Marie invite à élargir les dimensions de la prière, à se tourner vers Dieu non seulement par nécessité ou pour soi-même, mais dans un élan unanime, persévérant, fidèle, avec un seul cœur et une seule âme (cf. Ac 4, 32).
Chers amis, la vie humaine traverse des phases qui sont des passages, souvent difficiles et exigeants, qui exigent des choix inéluctables, des renoncements et des sacrifices. La Mère de Jésus a été placée par le Seigneur à des moments décisifs de l’histoire du salut et elle a toujours su répondre avec une disponibilité totale, fruit d’un lien profond avec Dieu, mûri dans une prière assidue et intense. Entre le vendredi de la Passion et le dimanche de la Résurrection, le disciple bien-aimé lui a été confié, et avec lui toute la communauté des disciples (cf. Jn 19, 26). Entre l’Ascension et la Pentecôte, elle se trouve avec et dans l’Eglise en prière (cf. Ac 1, 14). Mère de Dieu et mère de l’Eglise, Marie exerce sa maternité jusqu’à la fin de l’histoire. Confions-lui tous les passages de notre existence personnelle et ecclésiale, y compris notre ultime passage. Marie nous enseigne la nécessité de la prière et nous montre que c’est seulement par un lien constant, intime, plein d’amour avec son fils que nous pourrons sortir de « chez nous », sortir de nous-mêmes, courageusement, pour aller jusqu’aux limites du monde annoncer partout le Seigneur Jésus, Sauveur du monde. Merci.
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(*) "L'école de prière" est une série de catéchèses sur la prière donnée par Benoît XVI, en 2011-2012, dans le cadre des audiences du mercredi. Le pape y regroupe de façon systématique son enseignement sur la prière. Le présent texte est le vingt-quatrième de la série. Voir la liste des catéchèses présentées lors de ces audiences.
Source du texte: Le Saint Siège, Benoît XVI, Audiences, Mercredi 14 mars 2012,
Source des images: Vierge Marie: Diocèse de Châlon; priere au cénacle: trinité sainte et Mariemamere;