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Prière > Apprendre à prier > Choix de textes sur la prière > L'école de prière de Benoît XVI

Choix de textes sur la prière

Textes provenant d'auteurs spirituels ou extraits de documents officiels de l'Église

Benoit XVI

La prière de Jésus
à Gethsémani

En disant oui à Dieu,
l'homme trouve sa pleine réalisation

 

Catéchèse de Benoît XVI sur la prière
l'école de prière (*) - no 20


Chers frères et sœurs,

Jésus prie à GethsémaniAujourd’hui, je voudrais parler de la prière de Jésus à Gethsémani, au Jardin des Oliviers. Le scénario du récit évangélique de cette prière est particulièrement significatif. Jésus se rend au Jardin des oliviers, après la dernière cène, tandis qu’il prie avec ses disciples. L’évangéliste Marc nous dit : « Après le chant des psaumes, ils partirent pour le Mont des oliviers » (Mc 14, 26). C’est sans doute une allusion au chant de certains psaumes du hallel par lesquels on remercie Dieu pour la libération du peuple de l’esclavage et on lui demande son aide dans les difficultés et les menaces toujours nouvelles du temps présent. Le chemin parcouru jusqu’à Gethsémani est constellé d’expressions de Jésus qui font percevoir l’imminence de sa mort et qui annoncent la dispersion des disciples qui s’ensuivra.

Jésus se retirait souvent à
l’écart ... Mais cette fois-ci,
il ne veut pas pas rester seul;
il invite Pierre, Jacques et
Jean à rester plus près de lui.

Arrivés au domaine du Mont des oliviers, cette nuit-là encore, Jésus se prépare à sa prière personnelle. Mais cette fois-ci, il y a quelque chose de nouveau : il semble qu’il ne veuille pas rester seul. Jésus se retirait souvent à l’écart de la foule et des disciples, en se tenant dans des « lieux déserts » (cf. Mc 1, 35) ou en montant «dans la montagne», nous dit saint Marc (cf. Mc 6, 46). A Gethsémani, au contraire, il invite Pierre, Jacques et Jean à rester plus près de lui. Ce sont les disciples qu’il avait appelés à être avec lui sur le mont de la transfiguration (cf. Mc 9, 2-13). Cette proximité des trois disciples pendant la prière à Gethsémani est significative. Cette nuit-là aussi, Jésus priera le Père « seul » parce que son rapport avec lui est tout à fait unique et singulier : c’est le rapport du Fils unique. On dirait, au contraire, qu’en cette nuit surtout, personne ne peut vraiment s’approcher du Fils, qui se présente au Père dans son identité absolument unique, exclusive. Mais Jésus, tout en allant « seul » là où il s’arrêtera pour prier, veut qu’au moins trois de ses disciples ne soient pas loin, dans une relation plus étroite avec lui. Il s’agit là d’une proximité spatiale, d’une demande de solidarité au moment où il sent approcher sa mort, mais c’est surtout une proximité dans la prière, pour exprimer, d’une certaine manière, qu’ils sont en syntonie avec lui au moment où il s’apprête à accomplir jusqu’au bout la volonté du Père, et c’est une invitation faite à chaque disciple à le suivre sur le chemin de la croix. Voici le récit de l’évangéliste : « Puis il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. Et il leur dit « Mon âme est triste à en mourir ; demeurez ici et veillez » (Mc 14, 33-34).

apôtres endormis au jardin des oliviersDans cette parole qu’il adresse aux trois disciples, Jésus, encore une fois, s’exprime avec le langage des psaumes : « Mon âme est triste » est une expression du psaume 43 (cf. Ps 43, 5). La ferme détermination « jusqu’à la mort » rappelle ensuite une situation vécue par beaucoup des envoyés de Dieu dans l’Ancien testament et qui s’est exprimée dans leur prière. Il n’est pas rare, en effet, que le fait de suivre la mission qui leur est confiée signifie pour eux qu’ils trouveront hostilité, refus, persécution. Moïse vit une épreuve dramatique lorsqu’il guide le peuple dans le désert, et il dit à Dieu : « Je ne puis, à moi seul, porter tout ce peuple : c’est trop lourd pour moi. Si tu veux me traiter ainsi, tue-moi plutôt ! Ah ! si j’avais trouvé grâce à tes yeux, que je ne voie plus mon malheur ! » (Nb 11, 14-15). Pour le prophète Elie, ce n’est pas non plus facile de mener à bien le service de Dieu et du peuple. On lit, dans le premier Livre des Rois : « Pour lui, il marcha dans le désert un jour de chemin et il alla s’asseoir sous un genêt. Et il souhaita mourir et dit : « C’en est assez maintenant, Seigneur ! Prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères » (1R 19,4).

Les paroles que Jésus adresse à ses disciples, qu’il veut proches de lui pendant sa prière à Gethsémani, révèlent la peur et l’angoisse qu’il éprouve à cette « Heure », et la solitude ultime et profonde dont il fait l’expérience justement au moment où le dessein de Dieu se réalise. Et dans cette peur et cette angoisse de Jésus, toute l’horreur éprouvée par l’homme devant sa propre mort, sûre et inexorable, lorsqu’il perçoit le poids du mal qui ronge notre vie, est récapitulée.

Jésus, « seul », se tourne
vers son Père.

« Abba ! tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant pas ce que je veux,
mais ce que tu veux ! »

Après avoir invité les trois disciples à demeurer et veiller dans la prière, Jésus, « seul », se tourne vers son Père. L’évangéliste Marc raconte que, « étant allé un peu plu loin, il tombait à terre et il priait pour que, s’il était possible, cette heure passât loin de lui » (Mc 14, 35). Jésus tombe à terre : c’est une attitude de prière qui exprime l’obéissance à la volonté du Père, l’abandon en toute confiance entre ses mains. C’est un geste que l’on refait au début de la célébration de la Passion, le Vendredi saint, comme aussi lors de la profession monastique et de l’ordination diaconale, sacerdotale et épiscopale, pour exprimer, dans la prière, avec son corps aussi, la remise totale de soi à Dieu, la confiance que l’on met en lui. Puis Jésus demande au Père que, si c’est possible, cette heure passe loin de lui. Ce n’est pas seulement la peur et l’angoisse de l’homme face à la mort, mais c’est le bouleversement du Fils de Dieu qui voit le poids redoutable du mal qu’il devra prendre sur lui pour le surmonter et le priver de son pouvoir.

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(*) "L'école de prière" est une série de catéchèses sur la prière donnée par Benoît XVI, en 2011-2012, dans le cadre des audiences du mercredi. Le pape y regroupe de façon systématique son enseignement sur la prière. Le présent texte est le vingtième de la série. Voir la liste des catéchèses présentées lors de ces audiences.

Source du texte: Le Saint Siège, Benoît XVI, Audiences, Mercredi 1 février 2012,
Source des images:
Jésus à Gethsémani: Real Life Answers ; apôtres endormis: James Tisso -TruthBook.com;haut