Imprimer Texte plus gros Texte plus petit

Formation > Étude de la Bible > Réflexion chrétienne en cours > Archives > Année C, 25e dimanche ordinaire

Réflexion sur l'évangile du 25e dimanche ordinaire, C

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Lc 16, 1-13

   Jésus disait à ses disciples: « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé parce qu’il gaspillait ses biens. Il le convoqua et lui dit: "Qu'est-ce que j’entends dire de toi? Rends-moi les comptes de ta gestion, car désormais tu ne pourras plus gérer mes affaires." 

« Le gérant pensa: "Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gérance? Travailler la terre? Je n’ai pas la force. Mendier? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, je trouve des gens pour m'accueillir." Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier: "Combien dois-tu à mon maître? — Cent barils d’huile." Le gérant lui dit: "Voici ton reçu; vite, assieds-toi et écris cinquante." Puis il demanda à un autre: "Et toi, combien dois-tu? — Cent sacs de blé." Le gérant lui dit: "Voici ton reçu, écris quatre-vingts." 

« Ce gérant trompeur, le maître fit son éloge: effectivement, il s’était montré habile, car les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis: Faites-vous des amis avec l’Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. 

« Celui qui est digne de confiance dans une toute petite affaire est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est trompeur dans une petite affaire est trompeur aussi dans une grande. Si vous n’avez pas été dignes de confiance avec l’Argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable? Et si vous n'avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera? 

« Aucun domestique ne peut servir deux maîtres: ou bien il détestera le premier, et aimera le second; ou bien il s’attachera au premier, et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. »

 

25e dimanche ordinaire - C

photo du Père Allard


"Rends compte de ta gestion"

 

Aujourd’hui, le Christ nous demande de changer notre attitude vis-à-vis la richesse, les talents et le temps qui nous est donné. De tout cela, nous aurons à rendre des comptes. 

Dans la mentalité capitaliste que nous connaissons, nous croyons que la vie, l’argent, les talents que nous avons nous appartiennent et que nous pouvons en faire ce que nous voulons. 

gestionnaire L’évangile d’aujourd’hui nous dit autre chose : nous ne sommes pas vraiment les propriétaires, mais seulement les «gérants» de ce que nous possédons. Je dois gérer les biens, les qualités, les talents, les richesses spirituelles, intellectuelles et morales qui m’ont été donnés. Je n’ai pas le droit de "gaspiller" les dons que Dieu m’a confiés. Je devrai en rendre compte. 

L’une des meilleures façons de préparer cette évaluation, cette reddition de comptes, c’est de nous faire des amis qui viendront nous appuyer lors de cette rencontre importante. Voilà la raison de la formule au coeur de la parabole, «Faites-vous des amis avec l’argent trompeur ». Jésus nous livre ici la leçon essentielle: le bon emploi des richesses, c’est de développer l’amitié, de mettre de l'amour dans les relations. Voilà une conception vraiment révolutionnaire sur l’argent et les talents : en faire un instrument de partage et créer ainsi des amitiés solides!

Cette parabole contient un message pour chacun et chacune de nous, une invitation à faire « une utilisation chrétienne » de la richesse, du temps, des talents et de la vie.

«Quand j’étais dans la misère, vous m’avez aidé»… «Vous êtes venus me visiter à l’hôpital…», «Vous m’avez encouragé et vous m’avez appuyé alors que j’étais en dépression.»… «Vous avez retardé mes paiements de logis quand j’ai perdu mon emploi»… «Vous m’avez apporté des repas déjà préparés lorsque j’étais incapable de cuisiner seul.»… «Vous avez renoncé à votre journée de ski pour venir faire les achats avec moi»… «Seigneur, cette personne est mon amie. Elle a partagé avec moi son temps, ses talents, son argent quand j’étais dans le besoin.» 

L’évangile nous dit que les pharisiens étaient « des amis de l’argent ». Les vrais disciples de Jésus sont les « amis de ceux qui sont dans le besoin ». « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères et soeurs... c’est à moi que vous l’avez fait. » 

L’argent est nécessaire, mais il est «trompeur», dit Jésus. Cet adjectif «trompeur», revient cinq fois dans notre page d’évangile. Jésus joue sur les mots: il a parlé du «gérant trompeur», il parle maintenant de «l’argent trompeur». C’est un piège qui souvent procure une fausse sécurité. Il ne faut pas s’y fier. On en vient à croire qu’avec un gros compte en banque, rien ne peut nous arriver !  

Et le Christ ajoute : « Si vous, les fils et filles de la lumière pouviez mettre autant d’énergie à bien vivre votre christianisme que les fils et les filles de ce monde en mettent pour s’enrichir, tout irait mieux dans notre monde… Il y aurait plus de paix, de pardon, de partage, de joie, d’amitié… Il y aurait moins de personnes seules, de gens qui sont dans la misère, de personnes découragées de la vie… » 

Le Christ nous lance une invitation discrète aujourd’hui : soyez diligents et mettez autant d’énergie dans la pratique du partage que d’autres en mettent dans la poursuite de l’argent et du pouvoir. 

Cette parabole contient un message pour chacun et chacune de nous, une invitation à faire « une utilisation chrétienne » de la richesse, du temps, des talents et de la vie.