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Réflexion sur l'évangile du 24e dimanche ordinaire, C

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Lc 15, 1-32

  Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui: «Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux!» Alors Jésus leur dit cette parabole: «Si l'un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu'à ce qu’il la retrouve? Quand il l’a retrouvée, tout joyeux, il la prend sur ses épaules, et, de retour chez lui, il réunit ses amis et ses voisins; il leur dit: « Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue! » 

«Je vous le dis: C'est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion. 

«Ou encore, si une femme a dix pièces d'argent et en perd une, ne va‑t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu'à ce qu'elle la retrouve? Quand elle l’a retrouvée, elle réunit ses amies et ses voisines et leur dit: « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue! » 

«De même, je vous le dis: Il y a de la joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit.»

(Fin de la lecture brève)

 

24e dimanche ordinaire -C

photo du Père Allard


"Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux"

 

La liturgie de ce dimanche pourrait s’intituler « le chant de la tendresse de Dieu » qui se manifeste tout spécialement dans le pardon... Un chant que l’on retrouve dans la prière initiale, les lectures, le psaume, et de façon toute spéciale dans l’évangile. 

Dans le psaume 50, nous trouvons la clé de lecture de cette belle liturgie de la parole : «Donne-nous, ô Père, la joie du pardon ». 

Le ciel de Jésus n’est pas le ciel des comptables de la Loi pour les purs et pour les « parfaits », mais le ciel de pécheurs convertis et pardonnés…

Louis Evely disait à ses lecteurs: « Vous irez au ciel non pas parce que vous serez contents de vous, mais parce que vous serez contents de Dieu. » 

Les pharisiens, qui se plaignaient du fait que Jésus mangeait avec les pécheurs, n’étaient pas contents du Dieu que leur présentait Jésus. Ils croyaient que les gens religieux devaient se séparer non seulement du péché mais aussi du pécheur. Ils prêchaient la ségrégation alors que Jésus prônait l’association. Les scribes et les pharisiens préconisaient l’hostilité alors que Jésus croyait en l’hospitalité. Au lieu de s’éloigner des pécheurs, le Seigneur se rapprochait d’eux et mangeait à leur table. 

Dans l’évangile d’aujourd’hui, le Christ invite ses critiques à changer leur attitude envers les pécheurs. Leur tendre la main ressemble plus à Dieu que se tenir loin d’eux. Devant la femme adultère, Jésus avait proposé la solution suivante : que celui d'entre vous qui n'a jamais péché lui lance la première pierre; ils avaient parfaitement compris, et ils s'étaient retirés, les uns après les autres, en commençant par les plus vieux... (Jn 8, 7-9). 

« Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Éz 33, 11). Dieu est le Père de tous et il ne marginalise personne. Il se réjouit lorsqu’un pécheur est sauvé et le restaure à sa dignité de fils ou de fille de Dieu. 

réconciliationDans la parabole de l’enfant prodigue, le père établit de nouveau la relation filiale avec son fils perdu : « Celui-ci est mon fils qui était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé ». Celui qui avait claqué la porte et avait cru pouvoir trouver le bonheur loin du foyer paternel s’attendait à beaucoup moins de la part de son père!  

Pour ce qui est du frère aîné, il est perdu lui aussi. Lorsqu’il revient des champs et entend la musique, il refuse de rencontrer son frère et de se joindre au festin. Il humilie publiquement son père devant tout le village, en l’accusant d’injustice et de faiblesse. 

De nouveau, le père traite ce fils perdu avec tendresse et humilité. La différence entre le plus vieux et le plus jeune fils est leur façon de réagir à la bonté du père. 

Le père, contrairement au fils qui retourne des champs, s’intéresse moins à la culpabilité de ses fils qu’à leur retour à la famille et à la joie d’être aimés. 

Dieu est pour nous un père et il nous offre continuellement « un nouveau départ ». Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons toujours devenir de nouveau des fils ou des filles de Dieu : « Mon fils que voilà était perdu et il est retrouvé; il était mort et il est revenu à la vie ». 

Ce qui frappe, dans les paraboles d’aujourd’hui, c'est l'opposition entre le rejet de Dieu par les deux fils et la joie débordante de la conversion. Nous avons là une image du Royaume de Dieu beaucoup plus séduisante que celle d'une froide constatation de nos vertus et de nos mérites. Le publicain, debout en avant du temple, tout plein de lui-même et de ses vertus, rendait gloire à sa supposée perfection plutôt qu’à Dieu : « Je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain…» (Lc 18, 11). 

Le ciel de Jésus n’est pas le ciel des comptables de la Loi pour les purs et pour les « parfaits », mais le ciel de pécheurs convertis et pardonnés… C’est un ciel beaucoup plus attrayant que celui des pharisiens, un ciel où il y a toujours de la place pour chacun et chacune d’entre nous.