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Réflexion sur l'évangile du 23e dimanche ordinaire, C

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Lc 14, 25-33

De grandes foules faisaient route avec Jésus; il se retourna et leur dit: « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et soeurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. 

« Quel est celui d'entre vous qui veut bâtir une tour, et qui ne commence pas par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout? Car, s’il pose les fondations et ne peut pas achever, tous ceux qui le verront se moqueront de lui: « Voilà un homme qui commence à bâtir et qui ne peut pas achever! » 

« Et quel est le roi qui part en guerre contre un autre roi, et qui ne commence pas par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui vient l’attaquer avec vingt mille? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander la paix. 

« De même, celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient, ne peut pas être mon disciple.»

 

23e dimanche ordinaire -C

photo du Père Allard


"Donne- nous Seigneur la sagesse du coeur"

 

Le P. Provencher, qui écrit souvent la réflexion dans le Prions en Église, nous rappelle que si l’on veut trouver une solution à la crise de l’énergie, aux problèmes du logement, du chômage, des soins de santé… on met sur pieds des comités d’experts, on fait des enquêtes, on consulte, on étudie notre capacité de payer, etc. On ne peut trouver de solutions si l’on ne le fait pas de façon sérieuse. 

Et bien le Christ nous dit la même chose dans l’évangile d’aujourd’hui. On ne peut vivre son christianisme si l’on ne le fait pas de façon sérieuse. 

La sagesse du cœur ne rend pas la vie plus facile, mais elle ajoute une autre dimension, un autre sens à nos activités et nous aide à prendre notre christianisme au sérieux. 

Nous sommes habitués, depuis quelques années, à une sorte de religion qui demande peu de choses, qui n’exige rien… ceci crée une fausse image de ce que nous sommes en tant que chrétiens et une fausse image de Dieu. Dans l’évangile, le Christ revient constamment sur les exigences du christianisme : il nous invite à entrer par la porte étroite, à porter notre croix comme lui l’a fait, à utiliser nos talents, à veiller, à garder nos lampes allumées, à porter du fruit… 

Aujourd’hui, le Christ nous donne deux exemples tirés de la vie courante: construire une maison ou une tour et prendre la décision d’entrer en guerre. Avec la crise du marché immobilier et le désastre de la guerre en Irak, nous sommes en mesure de bien comprendre ces deux exemples proposés par le Christ. Et nous pouvons nous joindre à beaucoup de gens qui disent maintenant : « on aurait dû y penser avant ! » 

Le Christ souligne, à travers ces deux exemples, que pour vivre notre vie chrétienne de façon convaincante, il faut s’asseoir, réfléchir et planifier. C’est le but de la révision de vie : prier, voir, juger, agir… à la lumière de l’évangile. 

Toute notre vie, nous avons des milliers de décisions à prendre. Vivre, c’est faire des choix.  

Un diabétique doit choisir entre suivre le régime proposé par le médecin ou subir les conséquences de sa maladie plus tard. Un fumeur doit choisir entre le plaisir de la nicotine et le danger du cancer des poumons. Un alcoolique peut abuser de la boisson maintenant mais il risque de ruiner sa famille et de souffrir de la cirrhose du foi. Un athlète peut pratiquer tous les jours et être prêt pour la compétition ou prendre du bon temps et ne plus faire parti de l’équipe… 

discipleDans notre vie chrétienne, c’est la même chose. Et il s’agit bien de situations concrètes : progresser dans sa carrière, c’est bien, mais si c’est en renonçant à ses valeurs chrétiennes, ou en manquant de charité et d’honnêteté envers d’autres qui cherchent le même poste… Faire plus d’argent, c’est bien, mais si c’est en utilisant des méthodes malhonnêtes… Une fin de semaine de loisirs avec les amis, c’est bien mais si c’est une fois de plus en négligeant la famille et les vieux parents… 

La messe dominicale est un bon exemple de ce genre de choix. Il est certain qu’au lieu de se joindre à la communauté chrétienne on peut aller jouer au golf, ou se reposer à la maison, ou faire du magasinage… Venir à l’église semaine après semaine est une façon de montrer l’importance que la rencontre eucharistique a pour nous. Celui qui se rend à la messe malgré ses  multiples activités, malgré l'indifférence de son milieu, témoigne du sérieux de son christianisme. 

Être chrétien, c’est quelque chose de beau qui donne sens à la vie, mais c’est sérieux, c’est exigeant… comme tout ce qui vaut la peine dans la vie.  

Dans l’Apocalypse, nous entendons le Christ qui reproche à l’église de Laodicée sa tiédeur : «Je connais ta conduite, tu n’es ni froid ni chaud, tu es tiède… Allons un peu d’ardeur,  reprends-toi. Voici que je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi! » (Apo 3, 15-20)  

La première lecture et le psaume nous parlent ce matin d’acquérir la sagesse du cœur… C’est cette même sagesse qui nous permet de prendre au sérieux les conseils du Christ et de vivre en vrai chrétien. 

La sagesse du cœur ne rend pas la vie plus facile, mais elle ajoute une autre dimension, un autre sens à nos activités et nous aide à prendre notre christianisme au sérieux. 

Demandons au Seigneur de nous donner son Esprit Saint et la sagesse du cœur qui l’accompagne. Cette sagesse nous permettra de comprendre et de vivre dans la joie les exigences de l’Évangile.

Source des photos: Méditation, par Rembrandt, Musée du Louvre.;Disciple, BIBLESEO