Imprimer Texte plus gros Texte plus petit

Formation > Étude de la Bible > Réflexion chrétienne en cours > Archives > Année C, 16e dimanche ordinaire

Réflexion sur l'évangile du 16e dimanche ordinaire, C

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Lc 10, 38-42

Alors qu’il était en route avec ses disciples, Jésus entra dans un village. Une femme appelée Marthe le reçut dans sa maison. Elle avait une soeur nommée Marie qui, se tenant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.

Marthe était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit: «Seigneur, cela ne te fait rien? Ma soeur me laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m’aider.» Le Seigneur lui répondit: «Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part: elle ne lui sera pas enlevée.»

 

16e dimanche ordinaire -C

photo du Père Allard


"Ta parole Seigneur est lumière
pour mes pas"

 

Le texte que nous avons médité la semaine dernière (la parabole du Bon Samaritain) et celui d’aujourd’hui (la visite de Jésus chez Marthe et Marie) sont complémentaires. Ils présentent deux aspects importants de la même réalité chrétienne : l’action en faveur de ceux et celles qui sont dans le besoin et l’écoute de la parole de Dieu. L’action est le fruit de notre engagement envers les autres, mais le fondement de cette action est l’écoute de la parole de Dieu. Luc, dans son évangile, fais suivre immédiatement la parabole du bon Samaritain par la visite de Jésus chez Marthe et Marie pour souligner l’importance de « s’assoir aux pieds de Jésus pour écouter sa parole ». 

Dans l’évangile, Jésus semble critiquer Marthe pour le bon travail qu’elle fait en préparant le repas. En réalité, elle reçoit le Seigneur, comme l’a fait Abraham dans la première lecture. Le Christ ne lui reproche pas de vouloir bien accueillir  ses invités, mais d’être trop soucieuse, de trop s’en faire. 

...faire de la parole de Dieu une nourriture quotidienne. 

Dans le livre de l’Apocalypse, S. Jean utilise une belle image pour décrire la vie chrétienne: “Voici que je suis à la porte et je frappe. Si quelqu’un m’ouvre, je dînerai avec lui et je ferai chez lui ma demeure. » (Apoc 3,20).

La contemplation et l’action sont les deux faces d’une même pièce.  

La parole de Dieu clarifie nos priorités et change notre attitude envers les autres et envers Dieu. Elle donne un sens aux événements de tous les jours, y compris les grandes joies aussi bien que les souffrances, la maladie et la mort elle-même. 

Le psaume a raison de dire: «Ta parole Seigneur est lumière pour mes pas». Dans les jours ensoleillés comme dans les nuits profondes et obscures, tu m’indiques le chemin, tu me proposes la direction à prendre. Tu es pour moi «le chemin, la vérité et la vie». 

Dans notre monde de consommation, plusieurs ne savent plus contempler, adorer et prier… La course effrénée de la vie, de l’argent, des voyages, risque de nous faire perdre l’esprit d’intériorisation et de faire de nous des êtres diminués et superficiels. Si le spirituel est étouffé, il se crée un vide et un déséquilibre dangereux. 

Il ne s’agit donc pas d’opposer Marthe l’active à Marie la contemplative mais de comprendre que ces deux femmes représentent deux aspects importants de notre vie chrétienne. 

Les grands saints ont très bien compris cette vérité évangélique : S. Ignace de Loyola disait à ses Jésuites qu’ils devaient être «des contemplatifs dans l’action» et S. Benoît construisait toute la spiritualité chrétienne sur les deux piliers de la prière et de l’action : «ora et labora». 

Nous sommes invités aujourd’hui à réévaluer l’aspect contemplatif de notre vie chrétienne, à redonner la primauté à la rencontre de Dieu dans la prière et dans la méditation, à faire de la parole de Dieu une nourriture quotidienne. 

Jésus nous avertit, dans la parabole du semeur, que les « soucis de la vie » peuvent facilement étouffer la semence de la Parole de Dieu (Luc 8, 14) et il répétera avec force qu'il ne faut pas se laisser «alourdir le coeur par les soucis de la vie» (Luc 21, 34). Celui ou celle qui écoute sa parole est comme quelqu’un qui construit sa maison sur le roc. 

«Ta parole, Seigneur est lumière pour mes pas.» Voilà ce que nous enseigne l’évangile de ce jour.