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Réflexion sur l'évangile du 15e dimanche ordinaire, C

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Lc 10, 25-37

Pour mettre Jésus à l’épreuve, un docteur de la Loi lui posa cette question: «Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle?» Jésus lui demanda: «Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit? Que lis-tu?» L'autre répondit: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même.» Jésus lui dit: «Tu as bien répondu. Fais ainsi et tu auras la vie.» Mais lui, voulant montrer qu'il était un homme juste, dit à Jésus: «Et qui donc est mon prochain?» 

Jésus reprit: «Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits; ceux-ci, après l'avoir dépouillé, roué de coups, s’en allèrent en le laissant à moitié mort. Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin; il le vit et passa de l’autre côté. De même un lévite arriva à cet endroit; il le vit et passa de l’autre côté. 

«Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui; il le vit et fut saisi de pitié. Il s’approcha, pansa ses plaies en y versant de l’huile et du vin; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant: «Prends soin de lui; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.» 

«Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme qui était tombé entre les mains des bandits?» Le docteur de la Loi répond: «Celui qui a fait preuve de bonté envers lui.» Jésus lui dit: «Va, et toi aussi, fais de même.»

 

15e dimanche ordinaire - C

photo du Père Allard


"Va, toi aussi fais de même
et tu vivras"

 

Nous connaissons trop bien cette parabole du bon Samaritain. Elle offre cependant plusieurs points importants pour notre réflexion chrétienne. 

L’expert en religion, qui veut tendre un piège au Seigneur, connaît bien la réponse à sa question. Le prêtre et le lévite de la parabole connaissent certainement cette réponse eux aussi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur… tu aimeras ton prochain comme toi-même »… Ils savent ce qu’il faut faire mais ne le font pas. Ce qui intéresse Jésus, ce n’est pas tellement d’avoir les bonnes réponses, mais d’agir selon les lois de Dieu. 

Le samaritain, un hérétique, un ennemi des juifs, un homme qui n'a jamais mis les pieds dans le Temple, un homme qu’il faut éviter et qu'il est interdit d'inviter à sa table, lui sait ce qu’il doit faire et il le fait : «Il fut saisi de pitié...!» Il a été pris aux entrailles, pris aux tripes. 

C’est donc le Samaritain et non le prêtre et le lévite qui met en pratique la loi de Dieu. 

Lors du Jugement dernier, nous ne serons pas évalués sur nos titres, nos appartenances ou nos connaissances, mais sur nos actes 

Une autre question importante dans cette parabole : Qui est mon prochain ? L’homme de loi avait une idée bien précise sur le sujet. Jésus bouleverse complètement la notion de « prochain »…  Le prochain, ce n’est pas mon voisin ou mon compatriote, ce n’est pas celui qui est blessé et dans le besoin… Le prochain, c’est vous, c’est moi lorsque nous nous rapprochons de quelqu’un qui souffre! 

Le légiste qui était venu pour prendre Jésus au piège se voit donc obligé d’admettre que le Samaritain, l’exclus, et non pas le prêtre ou le lévite  a été celui qui s’est montré le prochain de l’homme tombé aux mains des voleurs de grands chemins. 

Le Samaritain ne demande pas si l’homme blessé est un compatriote, un ami, un homme de la même religion. C’est une personne qui a besoin d’aide et cela suffit. Jésus donne le coup de grâce au légiste en le mettant au défi d’agir de la même façon : «Va et fais de même». Tu as donné la bonne réponse, tu sais ce qu’il faut faire. Agis comme le Samaritain et tu vivras… 

Lors du Jugement dernier, nous ne serons pas évalués sur nos titres, nos appartenances ou nos connaissances, mais sur nos actes : «J’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais en prison, j’étais malade et vous êtes venus me visiter…» Au soir de la vie, rappelle Jean de la Croix, nous serons jugés sur l’amour. 

Bon samaritainÀ nous de nous poser la question aujourd’hui :

Qui est le prochain du vieillard qui souffre de solitude et ne peut se déplacer?
- de la femme abandonnée par son mari et par ses enfants?
- du jeune déboussolé, sans travail, qui se réfugie dans la drogue?
- du prisonnier qui n’a eu aucune chance dans la vie et qui a raté toutes les occasions de s’en sortir?
- du voisin qui vient de perdre son emploi et qui se demande comment il va faire vivre sa famille…

Est-ce que je me fais le prochain de ces gens dans le besoin? 

Nous savons maintenant qui sont les vrais pratiquants, les vrais croyants. Ce sont les bons samaritains de ce monde. Nous les retrouvons partout : ceux et celles qui distribuent les repas de la «popote roulante», qui s’occupent des malades, qui visitent les personnes âgées, qui chantent dans les foyers afin de donner un peu de joie et d’agrément aux personnes seules, qui accueillent les jeunes sans foyers, qui se privent d’un voyage ou de quelques jours de vacances pour aider financièrement un voisin sans emploi, etc. 

À chacun et à chacune d’entre nous, Le Christ dit : «fais de même… et tu auras la vie».  

«La loi du Seigneur n’est pas au-dessus de tes forces et hors de ton atteinte», affirme la première lecture. Être chrétien, c’est pas compliqué. Il s’agit d’avoir le cœur et les yeux ouverts. On ne sert pas Dieu dans le temple si on ne le sert pas d'abord dans la rue et sur la route! Suis-je un chrétien «pratiquant ?» 

À la fin de chaque eucharistie, le Christ nous renvoie à nos occupations, à nos familles, à notre travail… en nous disant : «souviens-toi du bon Samaritain… et toi, va, fais de même, et tu vivras.»

Source des photos: Méditation, par Rembrandt, Musée du Louvre.; Le bon Samaritain, Van Gogh