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Réflexion sur l'évangile du 5e dimanche de Pâques, C

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Jean 13, 31-35

Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti, Jésus déclara: «Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire; et il la lui donnera bientôt.
«Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour peu de temps. Je vous donne un commandement nouveau: c'est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres.»

5e dimanche de Pâques - C

photo du Père Allard


Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres

 

L’évangile d’aujourd’hui nous vient du chapitre 13 de S. Jean. La première partie de ce chapitre nous montre Jésus lavant les pieds de ses disciples. Il leur donne un exemple d’amour et de service. Cet amour mutuel, qu’ils doivent exercer les uns envers les autres, devient le signe distinctif des chrétiens. «Si je vous ai lavé les pieds… vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns les autres. C’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous». (Jean 13, 14)

Comment savoir si nous sommes de véritables disciples du Christ ? La dernière phrase de l’Évangile d’aujourd’hui nous donne la réponse : « ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». Voilà notre marque distinctive. Les rites, les institutions, les sacrements, sont subordonnés à cela et n’ont d’autre fonction que d’entretenir et d’exprimer l’amour que nous avons les uns envers les autres.

Le commandement de l’amour n’est pas nouveau en soi. Il constitue l’un des éléments fondamentaux de la tradition biblique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19, 18). Ce qui est nouveau, c’est la façon d’exprimer cet amour : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

L’amour fraternel au sein de nos communautés n’est pas évident. L’histoire nous enseigne que les chrétiens ont été violemment déchirés au sujet de questions plus ou moins importantes de théologie, de dogme, de liturgie, de politique, etc. Dès les premiers schismes (le mot schisme veut dire déchirure), dès les premiers conflits sur la conception de la vérité, les chrétiens se sont battus entre eux et ces disputes durent encore aujourd’hui. Il y a eu les conflits entre Rome et Constantinople, il y a eu les croisades, les guerres de religions, les nombreuses excommunications, la chasse aux sorcières, les abus de pouvoir, les meurtres et les génocides de la colonisation, les mésententes tragiques entre Orthodoxes, Catholiques et Protestants. Les pays d’Europe se sont déchirés au nom de la religion, ce qui a causé la mort de millions de personnes. Le fanatisme religieux a conduit à des atrocités terribles... au nom de Dieu.

Sur le plan individuel, le même genre de divisions nous accablent et nous déchirent. Nos amours sont fragiles et risquent de ne pas tenir dans les moments difficiles. Des frères et sœurs qui s’entendaient bien, tout à coup ne se parlent plus, des couples de plusieurs années se séparent et souvent se poursuivent devant les tribunaux, des amis de longue date se brouillent et ne se visitent plus. L’indifférence, l’égoïsme, la haine, la vengeance, la violence, font parti de nos comportements.

eau viveL’amour dont parle le Christ ce matin est une source d’eau vive qui fait jaillir un nouveau printemps. C’est un baume qui guérit les blessures. Cet amour est difficile, profond, fidèle, un amour plus fort que la haine, plus fort que l’injustice et plus fort que la mort. Il est nouveau parce qu’il va jusqu’au bout : «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés».

Ce commandement constitue l’unique obligation de la nouvelle alliance. Tout le reste est secondaire et en fonction de cette mission qui nous est confiée par le Christ. «Ils sauront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres».

Ce qui prime dans l’Église ne sont pas les lois, les institutions, les mécanismes d’organisation, les dogmes, les traditions. Ce ne sont pas non plus les prières, la dîme, l’aumône, la croix sur le mur de la maison ou la statue de la Vierge. Tout cela est important, mais ce qui est absolument essentiel c’est l’amour que nous avons les uns pour les autres. C’est là le signe distinctif par lequel les chrétiens peuvent être reconnus! C’est le commandement nouveau que le Christ nous a laissé en héritage.

Chaque dimanche, après la consécration, nous prions pour que cet amour nouveau se réalise en nous : «Quand nous serons nourris de ton corps et de ton sang, et remplis de l’Esprit Saint, accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ.»

Ce genre d’amour est possible et il existe vraiment dans notre monde d’aujourd’hui. Chacun et chacune d’entre nous pourrait en donner des exemples.

Nous connaissons tous :
- des parents qui pendant des années entourent d’amour et d’affection un enfant handicapé incapable de prendre soin de lui-même;
- des enfants qui s’occupent et se préoccupent de leurs vieux parents, qui les visitent de façon régulière et les aident financièrement;
- des personnes qui consacrent une partie de leur temps à faire du bénévolat, à visiter les malades, à accompagner les personnes âgées, à aider les handicapés;
- des gens qui acceptent de vivre avec les plus démunis dans notre pays et dans d’autres pays du globe;
- des bénévoles qui travaillent avec Amnistie internationale, la Croix rouge, Médecins sans frontières,
- des volontaires qui donnent du temps et de l’argent pour aider les sinistrés, un peu partout dans le monde; etc.

Cet amour mutuel se traduit de mille façons dans la vie quotidienne : l’écoute, l’accueil, l’attention à l'autre, le service des plus faibles, la compassion, le pardon, la miséricorde, etc. Il se traduit dans des actes simples de la vie de tous les jours et dans des actions communautaires en faveur du bien commun, des droits de la personne, de la justice sociale, d'une meilleure répartition des biens, d'un environnement de qualité supérieure, de la lutte contre le racisme, contre le sexisme, contre toute discrimination, etc.

En nous aimant les uns les autres comme le Christ nous a aimés, nous participons à la construction de la cité nouvelle, la cité où «il n’y aura ni mort, ni deuil, ni pleurs, ni douleurs, ni violence, ni guerre, ni exploitation».

«Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.»

 

Source des photos: Méditation, par Rembrandt, Musée du Louvre.; www.grandmamanjacqueline.com