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Réflexion sur l'évangile du 4e dimanche de Pâques, C

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Jean 10, 27-30

«Jésus avait dit aux Juifs: «Je suis le Bon Pasteur (le vrai berger).» Il leur dit encore: «Mes brebis écoutent ma voix; moi je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle: jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. 
   «Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN.»

4e dimanche de Pâques - C

photo du Père Allard


"Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent"

 

Bon bergerL’image du Bon Pasteur est la plus ancienne représentation de Jésus dans l’iconographie chrétienne. Au cours des premiers siècles, on la retrouve dans les catacombes, les salles de réunions, les maisons des disciples du Christ. On voit habituellement un jeune berger avec une brebis épuisée ou blessée sur ses épaules.

Pour bien comprendre cette représentation de « Jésus, bon pasteur », il faut nous débarrasser de l’idée romantique que nous avons du berger et des brebis. Le berger était un homme robuste, courageux, sans peur qui protégeait le troupeau des voleurs et des animaux sauvages. Souvent, le soir, il mettait ses brebis dans le corral avec les brebis d’autres pasteurs. Cela permettait aux bergers qui n’étaient pas de garde cette nuit-là de se reposer. Le matin suivant, la seule façon de retrouver les brebis était l’appel que faisait chaque berger. Les brebis connaissaient sa voix. Elles venaient le retrouver et allaient avec lui vers de nouveaux pâturages.

Avec le Seigneur, les brebis ont une grande liberté : «vous pourrez aller et venir... Vous trouverez du pâturage»... image de fraîcheur et de joie de vivre ! À ceux et celles qui écoutent sa voix, il indique le chemin à suivre. 

Malgré toutes nos revendications d’autonomie, nous avons besoin, nous aussi, d’être guidés vers le bonheur, vers une vie pleine et entière.

En préparation à cette réflexion, je relisais l’histoire du Bismark, le fameux bateau de guerre allemand qui, pendant la deuxième guerre mondiale, semait la terreur et avait la réputation d’être indestructible. C’était le plus gros bateau de combat au monde et grâce à son arsenal imposant, les armées de Hitler dominaient les mers. Le Bismark coula des dizaines de bateaux anglais et américains.

Malgré tout, les Britanniques réussirent à l’envoyer par le fond… et une seule torpille suffit, une torpille qui frappa le gouvernail du géant des mers et le bloqua complètement. Le pilote ne pouvait plus diriger le bateau qui allait en zigzag sur l’océan, incapable d’atteindre un port allemand pour se protéger. Il fallu peu de temps aux Anglais pour comprendre la situation et diriger plusieurs destroyers vers le bateau sans gouvernail. Une fois ses munitions épuisées, le Bismark a été facilement coulé par la marine anglaise. Malgré toute sa puissance de feu et son enveloppe d’acier, le bateau de guerre le plus redoutable est condamné à être coulé s’il n’a pas de gouvernail.

Ceci est aussi vrai pour chacun de nous. Nous avons besoin d’un gouvernail, d’une « direction ». La vie est trop compliquée pour que nous puissions la traverser seul, en toute sécurité. Le Christ nous offre direction et protection pour traverser les obstacles de la vie et éviter les éléments qui pourraient nous détruire. Avec lui à nos côtés, nous ne sommes pas condamnés à tourner en rond en attendant le naufrage final. «Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, tu me guides et me rassures.» (Psaume 23)

Le Christ peut nous aider à nous en sortir, lui qui sauve et donne la vie : «Je suis venu pour que vous ayez la vie et l’ayez en abondance.» (Jean 10, 10)

Bien sûr, nous pouvons être bloqués par une maladie, un complexe, un traumatisme, des problèmes familiaux, des mésententes avec nos amis, une addiction à l’alcool, à la drogue… Nous avons tous, un jour ou l’autre, à faire face à des problèmes qui nous semblent insolubles.

Nous avons toujours la possibilité de suivre d’autres guides, d’autres gurus, et beaucoup se présentent à nous comme des «sauveurs providentiels». Mais Jésus nous avertit : «Attention ! les faiseurs de belles promesses sont souvent des voleurs et des bandits ».

On nous promet :
- un corps parfait, sans ride, qui ne vieillit pas...
- le bonheur instantané si nous achetons telle maison, tel bateau de plaisance, telle voiture…
- le voyage de notre vie, la sécurité absolue, le placement en bourse qui nous procurera un avenir assuré…

Il est facile de nous laisser induire en erreur par les charlatans du bonheur, par les modes culturelles dernier cri, par les idéologues qui promettent beaucoup mais qui en réalité ne cherchent que leurs propres intérêts.

Le message de l’évangile d’aujourd’hui est que Jésus, le bon pasteur, se propose comme guide et source de vie. Le philosophe Henri Bergson disait:

«Les centaines de livres que j’ai lus ne m’ont pas donné autant de réconfort que le Psaume 23: «Le Seigneur est mon berger, je ne me manque de rien; Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure.»