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Réflexion sur l'évangile du Dimanche de Pâques, C

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Jean 20, 1-9

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit: «On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis.»

Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il voit que le linceul est resté là; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.

C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

 

Dimanche de Pâques - C

photo du Père Allard


Joyeuses Pâques !

 

Paul Claudel écrivait : « Quand il fait bien froid en hiver et que le froid et le gel resserrent tout, on croit que tout est mort et que tout est fini. Mais il y a l’espérance qui est la plus forte. On croit que tout est fini, mais alors il y a un rouge-gorge qui se met à chanter. »

Résurrection

Pour nous les chrétiens, Pâques c’est la fête du printemps, la fête de tous les recommencements, la fête de la vie. C’est la célébration la plus importante de l’année.
Jean précise que la Pâques a lieu «le premier jour de la semaine». Ce n’est pas par hasard! Il évoque ainsi le premier jour de la création dans le livre de la Genèse. Pâques, nouvelle création, où «la mort ne sera plus... où il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car le monde ancien aura disparu» (Apocalypse 21, 4).

Les chrétiens de l’Église naissante ne se réunissaient pas tous les jours. Ils avaient, eux aussi, leur travail et leurs obligations. Ils ne pouvaient pas toujours être ensemble. Or chaque semaine, c’est dans le cadre de leur rencontre du dimanche que Jésus‑ressuscité est présent au milieu d’eux. Chaque fois qu’ils se rassemblent, le «signe» de ce premier dimanche de Pâques se renouvelle : mystérieusement, le Christ se glisse parmi les siens, dans le lieu où ils se réunissent, à Jérusalem, Antioche, Corinthe, Éphèse, Rome. Comme pour les disciples d’Emmaüs, il se manifeste à travers les textes de la Bible («Notre coeur n’était-il pas tout brûlant au dedans de nous quand il nous expliquait les Écritures?) et à travers le partage du pain eucharistique («Jésus prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Leurs yeux s’ouvrirent alors et ils le reconnurent»). Chaque dimanche, c’est Pâques! Le Christ est là, au cœur de nos vie, et c’est lui qui nous fait vivre.

Pour les chrétiens, ce «premier jour de la semaine» est le plus important. Plus tard, ils utiliseront l’expression latine «Dominica dies» (jour du Seigneur) ou  plus simplement «dominica» (dimanche). En 321, lorsque le christianisme peut s’afficher en plein jour, l’empereur Constantin fera du dimanche un jour de repos officiel dans tout l’empire romain.

Grâce à la résurrection du Christ, en ce premier jour de la semaine, nous entrons dans une vie nouvelle, une vie de grâce, d’amitié avec le Seigneur. Chaque dimanche, jour qui nous rappelle la Pâques du Seigneur, nous sommes invités à nous renouveler dans l’amour, à redonner un sens à notre vie.

Avec la résurrection du Christ, Dieu nous reprend en mains, nous pétrit dans une nouvelle glaise, nous recrée avec tendresse. Depuis ce jour-là, les chrétiens n’ont cessé de se réunir. De «premier jour en premier jour», de dimanche en dimanche, la communauté se développe et grandit. Il en faut des dimanches, au rythme des «venues» de Jésus, pour construire une communauté selon le cœur de Dieu !

Les caractéristiques du jour du Seigneur sont la joie et la fête, le besoin de remercier, d’approfondir notre foi, de faire la paix avec nos frères et sœurs, d’éliminer nos différences et nos discriminations, de venir en aide aux plus démunis, de nous «reposer à l’écart».



Tout cela fait parti du dimanche chrétien. «Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières.» (Actes 2, 42)

 


À plusieurs reprises le prophète Ézéchiel constate que l’abandon de la pratique du sabbat (pour nous le dimanche) va de pair avec le retour à l’idolâtrie : «Les fils d’Israël n’avaient pas pratiqué mes coutumes, ils avaient méprisé mes lois, profané mes sabbats et leurs regards s’étaient attachés aux idoles de leurs pères» (Ez 20, 24). La perte du sacré et le refus de la présence de Dieu dans nos vies quotidiennes sont néfastes pour nous. L’être humain renonce alors à reconnaître la grandeur des dons de Dieu. Comme Adam et Ève, il croit pouvoir se passer de son créateur. Tôt ou tard, il se rend compte qu’il est «tout nu», complètement dépourvu face à la vie, la souffrance et la mort.

En cette grande fête de Pâques, profitons de notre rencontre «en Église» pour renouveler notre attachement au Christ ressuscité. Ne permettons pas que le rythme de nos eucharisties se perde au milieu des nombreuses activités du week-end moderne.

En ce dimanche de Pâques, en ce premier jour de la semaine, nous sommes invités à passer de la peur à la liberté, à travailler ensemble pour construire un monde plus humain, un monde d’espérance et de résurrection. À la fin de chacune de nos eucharisties, nous sommes invités à retourner dans le quotidien de nos vies pour créer un monde meilleur : «Allez dans la paix du Christ». Le premier jour de la semaine donne le ton aux activités des jours qui suivent.

La fête de Pâques est la fête des gens qui veulent vivre debout, qui n’acceptent pas de pourrir au tombeau. À cause de la force de Jésus qui est en eux, ils sont convaincus que désormais rien ne saurait les empêcher de vivre pleinement et de défier la mort.

Joyeuses Pâques à chacune et à chacun d’entre vous.

 

Source des photos: Méditation, par Rembrandt, Musée du Louvre.;