Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.
Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : «Moi, je vous baptise avec de l’eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.» Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre: «C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.»
Avec la célébration du baptême de Jésus le cycle de Noël se termine et commence le cycle de «l’année ordinaire». Luc nous présente Jésus «en prière» qui se prépare à recevoir l’Esprit Saint et fait de l’événement une catéchèse pour les chrétiens de tous les temps.
Des quatre évangélistes, Luc est toujours celui qui souligne le plus les prières de Jésus. Dans l’épisode du baptême, il est le seul à mentionner que c’est au moment où il priait que le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint est descendu sur lui et le Père l’a reconnu comme «son fils bien-aimé».
Le court texte du baptême de Jésus nous offre plusieurs thèmes de méditation et de réflexion.
Après la révélation de notre Dieu dans l’histoire des mages de l’Orient, vient celle du baptême de Jésus sur l’identité du Christ et de sa mission. Jésus est celui qui rétablit le contact entre Dieu et nous. Le ciel s’ouvre de nouveau et le Père fait entendre sa voix. C’est le début d’une nouvelle période dans l’histoire de l’humanité. Comme ce fut le cas dans le texte de la création (Genèse 1, 2) l’Esprit Saint descend et inaugure un temps nouveau, une création nouvelle. À plusieurs reprises dans l’Ancien Testament, à cause des péchés du peuple de Dieu, les prophètes avaient affirmé que le ciel était fermé, que la relation avec Dieu était interrompue. Au baptême de Jésus, le ciel s’ouvre de nouveau : «alors le ciel s’ouvrit».
Sur les bords du Jourdain, non seulement Jésus rétablit le contact avec Dieu, mais il pose un geste de solidarité profonde avec chacune et chacun d’entre nous. Il prend place dans la file des pécheurs et pécheresses qui veulent se convertir. Il est notre frère qui partage notre condition humaine, avec toutes ses joies et toutes ses souffrances. Cette révélation d’un Dieu solidaire fait suite à celle de la naissance de Jésus à Bethléem, où l’évangéliste nous présente le petit enfant comme l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous.
Contrairement aux puissants de ce monde, le Messie sera «doux et humble de coeur». Comme le dit si bien Isaïe : «Il ne criera pas, ne haussera pas le ton, on n’entendra pas sa voix sur la place publique. Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit». (Isaïe 42, 1-6) Nous reconnaissons ici la grande tendresse de Dieu. Le Seigneur prendra place à la table des pécheurs, il partagera nos joies et nos misères.
Dans le texte du baptême de Jésus, saint Luc nous invite à réfléchir sur notre propre baptême. Nous avons été baptisés au moment où notre famille était en prière. Le ciel s’est ouvert et l’Esprit Saint est descendu sur chacun et chacune d’entre nous.
L’eau de notre baptême est beaucoup plus une source de fécondité qu’un rituel de purification. Elle nous donne une nouvelle vie, une vie en abondance : «Je vous aspergerez d’une eau pure..., je vous donnerai un coeur nouveau et mettrai en vous un esprit nouveau», disait le prophète Ézéchiel. (Ez 36, 25-26)
Au cours de notre existence, il y a souvent des nouveaux départs : la fin des études, la première carrière, le jour du mariage, la naissance d’un enfant. Le baptême est l’un de ces nouveaux départs, il est la manifestation d’une nouvelle étape dans notre vie. Il faut assumer notre baptême, comme le dit saint Paul, afin «d’éviter de laisser éteindre l’Esprit», (1Thessaloniciens 5,19).
Le baptême est un appel à suivre le Christ. Dans les premiers temps de l’Église, cet appel était tellement sérieux que ceux et celles qui n’étaient pas nés dans une famille chrétienne devaient s’inscrire à une période de préparation qui durait trois ans. Les candidats devaient prouver leur sincérité et vivre comme Jésus dans la prière et les bonnes oeuvres. Ils devaient aussi présenter des témoins qui professaient publiquement de leur capacité de devenir chrétiens
Comme Jésus, nos pouvons voir le ciel s’ouvrir et l’Esprit Saint descendre sur nous, pour accomplir en nous son oeuvre.