Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.
Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage suivant la coutume. Comme ils s’en retournaient à la fin de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent. Pensant qu’il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. Ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. En le voyant, ses parents furent stupéfaits, et sa mère lui dit : «Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi!» Il leur dit : «Comment se fait-il que vous m’ayez cherché? Ne le saviez-vous pas? C’est chez mon Père que je dois être.» Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son coeur tous ces événements. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes.
S. Luc serait probablement surpris d’apprendre que l’on utilise le texte d’aujourd’hui pour célébrer la Sainte Famille. Dans l’épisode de ce matin, il voulait simplement nous révéler l’identité de Jésus-Christ : le Fils de Dieu qui est chez lui dans le Temple, la maison de son Père.
Au seuil d’une nouvelle année, la fête de la Sainte Famille nous permet de réfléchir un peu sur nos familles aujourd’hui. La famille est une réalité complexe. Il existe toutes sortes de familles : familles nucléaires traditionnelles, familles monoparentales, familles reconstituées, famille homo sexuelles, etc.
Quelque soit notre situation familiale, la fête d’aujourd’hui nous fournit l’occasion de faire un petit examen sur la vie d’amour et de foi de nos diverses familles. Et elle nous invite à injecter toutes les vitamines nécessaires pour que ces deux grandes valeurs se développent dans nos milieux familiaux.
Le texte nous rappelle d’abord que la vie d’amour et de foi est basée sur la tradition et sur les valeurs humaines.
La maison de Nazareth a été pour Jésus son centre d’apprentissage : «il grandissait en sagesse et en grâce». Jésus a appris de ses parents les valeurs traditionnelles et, toute sa vie, il est resté «le fils du charpentier». Les évangiles nous le rappellent continuellement. Il grandissait entouré d’amour et de tendresse. Marie et Joseph, protecteurs et éducateurs de l’enfant, avaient une relation positive avec Dieu et avec les autres.
Jésus doit à sa famille la foi, la prière, la justice, l’honnêteté, la sérénité, le respect des autres, la sincérité, le civisme, l’esprit de service et la joie de vivre. Il a appris à reconnaître l’importance des traditions et des valeurs humaines!
Le texte nous rappelle de façon particulière la valeur des traditions religieuses, au sein de la famille. À douze ans, le jeune garçon devient un «Bar mitzvah», c’est-à-dire un «Fils de la Loi». C’était un rite d’initiation à la vie adulte et, à cet âge, le jeune garçon commençait à participer aux célébrations de la communauté, il avait les mêmes obligations et les mêmes responsabilités que les adultes. C’est à ce titre que Jésus accompagne ses parents à Jérusalem pour la fête.
«Chaque année», nous dit le texte, «les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.» En soulignant ce «chaque année», Luc nous suggère la fidélité religieuse de Marie et Joseph. Jésus a grandi dans la spiritualité de la nation juive. Trois pèlerinages annuellement, chaque fois 155 km à pied, de Nazareth à Jérusalem.
Le texte d’aujourd’hui nous présente un autre aspect de la vie familiale : malgré tous les efforts des parents et le bon exemple qu’ils donnent, les enfants veulent faire leurs propres expériences.
Quand Jésus eut douze ans, ses parents participèrent au pèlerinage à Jérusalem, suivant la coutume. Jésus les accompagna et pendant ce pèlerinage, il fit une fugue, sans en avertir ses parents. Ce n’est pas par hasard que le seul détail que nous connaissons de Jésus pendant trente ans de vie cachée soit celui-là : un enfant fugueur, qui fait souffrir ses parents...
L’évangile nous suggère que Marie elle-même, ne comprenait pas ce qui se passait : elle retient ces événements et s’interroge. «Sa mère gardait dans son coeur tous ces événements.»
Il existe une peinture de Vincent Van Gogh où la mère retient sa petite fille et un peu plus loin son père l’encourage à faire ses premiers pas et à venir vers lui. La petite fille a l’air tout excitée et tout heureuse de cette aventure. Elle va probablement tomber plusieurs fois, mais à la fin ses parents lui apprendront à marcher.
Quand on enseigne aux enfants à marcher, il faut savoir qu’un jour, ils marcheront peut-être dans une direction autre que celle que nous voudrions qu’ils empruntent. C’est ce qui est arrivé à Jésus, à l’âge de 12 ans, et ses parents ne comprenaient pas son comportement.
La vraie famille est un point de départ, une conquête qui se fait au jour le jour. La famille chrétienne est la première école de vie. C’est là que l’on retrouve le fondement de toute éducation civique et religieuse.
Faisons un effort pour que notre maison reste un foyer d’amour, de foi, de pardon et d’apprentissage… afin que comme Jésus, les enfants et les petits enfants croissent en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes.
Jésus grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes