Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.
Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : «Que devons-nous faire?» Jean leur répondait : «Celui qui a deux vêtements, qu'il partage avec celui qui n'en a pas; et celui qui a de quoi manger, qu'il fasse de même!» Des publicains (collecteurs d'impôts) vinrent aussi se faire baptiser et lui dirent : «Maître, que devons-nous faire?» Il leur répondit : «N'exigez rien de plus que ce qui vous est fixé.» À leur tour, des soldats lui demandaient : «Et nous, que devons-nous faire?» Il leur répondit : «Ne faites ni violence ni tort à personne; et contentez-vous de votre solde.»
Or, le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n'était pas le Messie. Jean s'adressa alors à tous : «Moi, je vous baptise avec de l'eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas.» Par ces exhortations et bien d'autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
La période de l’Avent est avant tout une période de conversion. C’est pourquoi le prêtre porte l’étole de couleur violette. C’est une période de préparation à la fête de Noël pendant laquelle nous sommes invités à recevoir Dieu dans nos vies en acceptant sa miséricorde et son pardon.
Le sentiment qui marque le plus la réconciliation dans la Bible, c’est celui de la joie. Dans la première lecture de Sophonie, le texte dit : «Yahvé a levé la sentence qui pesait sur toi. Il t’a pardonné… Sois sans crainte… Yahvé ton Dieu est au milieu de toi… il exultera pour toi de joie, il tressaillera dans son amour; il dansera pour toi avec des cris de joie.»
Et nous retrouvons ce même sentiment de joie dans la parabole de l’enfant prodigue, lorsque le Père fait tuer le veau gras, invite les musiciens et organise la fête parce que son fils qui était perdu est retrouvé, son fils qui était mort est revenu à la vie!
Le pardon et la miséricorde nous apportent la paix intérieure et la joie.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, les gens qui vont trouver Jean Baptiste lui demandent : «Que devons-nous faire?» Il ne s’agit pas de savoir ce que les autres doivent faire pour que le Royaume de Dieu arrive, ce que le gouvernement doit faire, ce que l’Église doit faire?... Non. Qu’est-ce que « nous » devons faire?
Il ne s'agit pas non plus de savoir ce que nous devons penser ou ce que nous devons croire. « Que devons-nous faire? ». Tout le message de Jésus ira dans le même sens. La question ultime, maintenant comme au jour du jugement, sera toujours « comment as-tu agi ? », « comment as-tu traité ton prochain ? ».
Et Jean Baptiste répond qu’ils doivent s’entraider, partager leur surplus avec ceux qui sont dans le besoin, être honnêtes et justes, qu’ils ne doivent pas utiliser leur position de force pour abuser des autres… Rien de bien extraordinaire dans tout cela, mais une façon honnête et juste de vivre sa vie. Ils sont invités à produire des fruits de conversion.
Aux percepteurs d’impôts et aux policiers de l’armée d’occupation Jean-Baptiste ne demande pas de changer de métier, mais seulement de se comporter de manière nouvelle : respecter la justice, ne pas abuser de la force qu’on a entre les mains, s’en tenir au droit, aux lois, au civisme.
Et moi? Quels sont les péchés habituels de ma profession, de ma situation, de ma vie de tous les jours? Péchés du prêtre, du professeur, de l’employée de bureau, de l’infirmière, du médecin, du fonctionnaire, du patron d’entreprise, de l’ouvrier salarié, du commerçant, des enfants, des parents?
Pour séparer le bien du mal, Jean Baptiste utilise la très belle image du vanneur. Vous avez sans doute déjà vu, dans un film ou dans un reportage, un vanneur sur son aire. Debout, un jour de grand vent, le fermier prend dans sa grande «pelle à vanner» un mélange de poussière, de balle, et de grain... et il lance le contenu dans l’air. Alors le grain plus lourd tombe à la verticale et la paille, plus légère, est balayée par le vent.
La célébration de la pénitence nous invite à séparer ce qui a de la valeur, ce qui a du poids, ce qui est bon dans nos vies, de ce qui n’en a pas, de conserver le grain de blé et de se débarrasser de la paille inutile.
Les repliements sur soi, les comportements négatifs risquent de rapetisser notre âme comme une peau de chagrin et d’assécher notre coeur, d’engendrer une perte de joie et de paix intérieure. Lorsque ces comportements ne sont pas corrigés, il y a en nous quelque chose qui ne tourne pas rond, qui nous empêche de nous épanouir pleinement. On s’habitue alors à vivre dans la monotonie et dans la médiocrité.
Être chrétien veut dire croire que le Règne de Dieu est possible, croire qu’il peut y avoir moins de violence dans nos foyers, moins d’abandon des enfants à eux-mêmes, moins de solitude chez les personnes âgées, moins de discordes entre voisins, moins de guerres, de famines, d’inégalités, d’injustices. Le Règne de Dieu est possible si chacun de nous, à l’invitation de Dieu, faisons des efforts pour créer un monde meilleur.
Fêter Noël, c’est fêter l’arrivée de Dieu parmi nous, un Dieu qui nous invite à construire avec lui un monde nouveau.
Que faut-il faire pour nous convertir à la vision de Dieu?