Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : «Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête. Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre coeur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste. Comme un filet, il s’abattra sur tous les hommes de la terre. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme.
C’est aujourd’hui le début d’une nouvelle année liturgique. Le temps passe sans jamais s’arrêter et il nous est souvent difficile d’accepter ce changement continu. Nous préférons croire que nous ne vieillissons pas vraiment, que nous n’avons pas plus de rides que l’année dernière, que nous sommes aussi capables physiquement que par le passé. Et pourtant, les années et les saisons se succèdent et nous changeons continuellement.
Notre vie est semblable à un sablier, ce petit instrument qui mesure le temps. La partie d’en haut se vide graduellement et le sable coule vers le bas. L’Avent nous rappelle que dans la partie du haut, il y a moins de sable qu’il y en avait l’an dernier.
Cette nouvelle année liturgique nous réserve des nouveautés, des surprises, des conquêtes, des défaites. Notre vie est une marche vers l’avant et nous ne pouvons ni arrêter le temps, ni revenir en arrière. Il nous faut continuer à avancer, même si parfois la route est difficile. Le temps de l’Avent nous rappelle que le temps est un don précieux. Il est limité et nous devons l’utiliser le mieux possible.
La période liturgique de l’Avent a deux buts principaux : nous préparer à la fête de Noël et raviver le feu de notre espérance.
Dieu vient à Noël. Il s’invite chez-nous. Lui fermerons-nous la porte comme les gens de Bethléem : «il n’y a plus de place dans notre auberge» ? Est-ce que la fête de Noël sera seulement une fête mercantile, une fête de grande bouffe, de célébrations multiples? Y aura-t-il encore de la place pour Dieu dans notre vie?
Nous commençons aujourd’hui une période de quatre semaines de réflexion, de préparation, de conversion !
Le temps de l’Avent est non seulement un temps de préparation à la fête de Noël, c’est aussi un temps de grande espérance.
Dans le texte d’aujourd’hui, loin d’exploiter la peur, Jésus la désamorce... «Quand ces événements commenceront... les hommes mourront de frayeur... mais vous, redressez la tête...» La parabole du «figuier» qui annonce le beau temps et le retour de l’été symbolise cette espérance (Luc 21,29-30) et nous assure que Dieu veut redonner un sens à notre vie.
Dans la première lecture, le prophète Baruch nous invite à «être debout sur les hauteurs, à regarder vers l’Orient». Il faut abandonner nos refuges, nous libérer d’une mentalité «de personnes installées», mettre de côté notre inertie et notre immobilisme. Celui ou celle qui se contente des positions acquises n’éprouvera jamais le désir d’aller sur les hauteurs, ne verra jamais la nouveauté qui vient d’Orient. Celui ou celle qui se limite à défendre son horizon domestique, n’acceptera jamais d’ouvrir les yeux sur une perspective plus vaste. Celui ou celle qui croit déjà tout savoir et tout connaître n’acceptera jamais de s’ouvrir à la nouveauté.
S. Paul terminait sa lettre aux Romains en disant: «Que le Dieu de l’espérance vous donne en plénitude dans votre acte de foi la joie et la paix, afin que l’espérance surabonde en vous par la vertu de l’Esprit Saint.» (Romains 15, 13)
Le temps passe et nous vieillissons, mais une personne n’est vraiment vieille que lorsqu’elle n’a plus d’espérance, lorsqu’elle n’attend plus rien de la vie. Perdre l’espérance, c’est pire que perdre la foi, car il n’y a pas de foi sans espérance.
L’espérance est un véritable moteur qui nous pousse à l’action et nous incite à faire plein d’activités généreuses. Pendant ce temps de préparation à la fête de Noël, nous sommes invités à participer à la nouvelle création de Dieu. Ceci devrait être le sens des échanges de cadeaux à Noël, des invitations et des visites que nous faisons pendant le temps des Fêtes : faire plaisir, pardonner, renouer les contacts, venir en aide, créer un monde plus fraternel.
Pour un grand nombre de personnes, le temps des Fêtes, c’est le temps qui souligne de façon pénible leur misère, leur pauvreté, leur isolement. Combien de personnes âgées ne recevront ni visites, ni cadeaux, ni cartes de souhaits? Combien de familles n’auront pas de paniers de Noël? Combien d’itinérants passeront ce grand jour de fête comme tous les autres jours de l’année, à chercher dans les poubelles de quoi se nourrir? Il y a de plus en plus de sans logis qui vivent dans la rue, de familles mono parentales qui luttent pour joindre les deux bouts, de personnes âgées qui se meurent de solitude, de jeunes et de moins jeunes qui sont victimes de la drogue, de l’alcool, des jeux de hasard. Ces gens ont besoin de notre attention et de notre aide. L’Avent nous invite à ouvrir les yeux et le coeur pour partager notre espérance avec ceux et celles qui en ont le plus besoin.
Redressez-vous et relevez la tête, tenez-vous sur les hauteurs et regardez vers l’Orient
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Source des images utilisées:
1- digitalpublishing.wordpress.com/2008/02/
2- prierepartage.org