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Réflexion sur l'évangile du 33e dimanche ordinaire, B

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Marc 13, 24-32

Jésus parlait à ses disciples de sa venue: «En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel. «Que la comparaison du figuier vous instruise : Dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. «Quant au jour et à l’heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père.»

33e dimanche ordinaire - B

photo du Père Allard


Vous savez alors que l’été est proche

 

 

Nous arrivons à la fin de l’année liturgique. La semaine prochaine, nous célébrerons la fête du Christ Roi, et ce sera le dernier dimanche de cette année dédiée à l’évangile de S. Marc.

figuierLe texte d’aujourd’hui est un peu compliqué, mais il est plein d’espérance. Ceux qui enseignent la crainte, la peur de Dieu n’ont rien compris à l’évangile. Le Jour du Seigneur sera l’heure de la victoire remportée par le Christ sur la malice humaine, l’heure de l’amour vainqueur pour l’éternité. Lorsque le Fils de l’Homme reviendra dans la gloire, il ne sera pas différent de ce qu’il a été lorsqu’il a vécu parmi nous sur la terre. Il sera toujours un Dieu plein d’amour, de compassion, de sollicitude.

Nous devons aborder la scène du jugement dernier avec une grande joie et avec une sérénité pleine de lumière puisque le Christ est venu sauver le monde. «Dieu a envoyé son fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que par lui le monde soit sauvé», dit Jésus à Nicodème. (Jean 3, 17)

Il est intéressant de constater que, dans le texte d’aujourd’hui, Marc ne parle ni de châtiment, ni de punition, ni de condamnation mais de la réalisation d’un grand rêve : «Alors on verra le Fils de l’Homme venir sur les nuées...» Le thème fondamental de ce texte d’évangile n’est donc pas la fin du monde mais l’arrivée du Fils de l’homme qui vient nous sauver. C’est la réponse du Père à notre prière : «Que ton règne vienne... viens Seigneur Jésus».

Dans cet évangile il y a d’abord les mauvaises nouvelles: «Les terribles détresses, le soleil qui s’obscurcit, la lune qui perd son éclat...» Et Marc s’y connaissait en mauvaises nouvelles. La persécution de Néron avait failli faire disparaître l’Église naissante : le premier pape, Pierre, a été crucifié la tête en bas, Paul a eu la tête tranchée, les chrétiens de Rome ont été brûlés vifs dans les jardins du Vatican qui faisait alors parti du domaine impérial. Quelques années plus tard, en l’an 70, Jérusalem sera détruite complètement, le temple rasé, les Juifs survivants dispersés à travers le monde.

Le texte d’aujourd’hui fait référence aux malheurs et aux souffrances de tous les temps : guerres, tremblements de terre, feux de forêts, famines, violences, désastres naturels, épidémies, chômage, pédophilie, prostitution, foyers séparés, scandales de toutes sortes, maladies terminales.

Les malheurs arrivent et passent, les puissances de ce monde prennent de la force puis disparaissent : les empires d’Égypte, de Babylone, de Perse, de Grèce, de Rome sont suivis du Moyen Âge, du féodalisme, des grandes monarchies, de l’époque des Lumières, du Communisme, du Fascisme, du Capitalisme sauvage, etc.

Dans toutes les périodes de l’histoire, comme dans toutes les familles et dans toutes les vies, il y a une saison d’automne, suivie de la froidure, et du gel hivernal. Mais ce n’est pas la fin de l’histoire, dit Jésus.

«Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous, à tous ceux qui vous le demanderont.» (1 Pierre 3, 15)

Saint Pierre a prononcé l’une des plus belles phrases du Nouveau Testament : «Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous, à tous ceux qui vous le demanderont. Mais que ce soit avec douceur et respect.» (1 Pierre 3, 15) Il faut savoir garder bien vivante cette espérance qui est en nous! À travers tout ce que nous vivons, le Christ nous offre une vision du futur qui nourrit notre espérance. «Je suis la résurrection et la vie». «N’ayez pas peur, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps» (Matthieu 28, 20).

Il y a des personnes qui semblent destinées à avoir peur toute leur vie. Il existe des gouvernements qui passent leur temps à faire peur aux gens, pour leur dire ensuite : «Votez pour nous et nous vous protégerons.» Certains chefs religieux utilisent la peur pour mieux contrôler leurs adeptes.

Le texte d’aujourd’hui est une invitation non à la peur mais à l’espérance. Il se termine avec la belle Parabole du figuier : «Quand ses branches reverdissent et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche

On a vraiment rien compris à la pensée de Jésus quand on se fait «prophète de malheurs». «Lorsque tout cela arrivera, sachez que le Seigneur est proche, qu’il est à votre porte.» «Il enverra ses anges pour nous rassembler des quatre coins du monde». Le christianisme sans cette espérance n’est pas le christianisme.

«J’entendis alors une voix clamer : «Voici la demeure de Dieu parmi les hommes. Il aura sa demeure avec eux; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu.  Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n’y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé.» Alors, Celui qui siège sur le trône déclara : «Voici, je fais l’univers nouveau.» (Apocalypse 21, 2-5) C’est le message d’espérance de notre évangile aujourd’hui.