Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.
Un scribe qui avait entendu la discussion, et remarqué que Jésus avait bien répondu, s'avança pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as raison de dire que Dieu est l'Unique et qu'il n'y en a pas d'autre que lui. L'aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toutes les offrandes et tous les sacrifices. » Jésus, voyant qu'il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n'es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n'osait plus l'interroger.
Cette semaine, nous avons célébré deux des plus grandes fêtes de l’année liturgique : la fête de tous les Saints et la fête de tous les Fidèles défunts. En début novembre, nous nous souvenons de cette longue chaîne de témoins qui nous ont précédés...
Les psychologues affirment que le souvenir de ceux et celles qui ont été importants dans notre vie contribuent à construire notre d’identité. Les gens que nous avons oubliés non pas vraiment d’influence sur nous, tandis que ceux et celles dont nous nous rappelons et qui ont joué un rôle dans notre vie, continuent à nous influencer bien longtemps après leur départ.
L’année liturgique ouvre le grand livre de souvenirs. Nous nous rappelons des personnages importants de l’histoire du christianisme : Pierre, Paul, Augustin, Thomas d’Aquin, François d’assise, Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, Mère Teresa, Kateri Tekakwitha, le Frère André, Martin Luther King, et tant d’autres... Mais, il y a aussi les personnes beaucoup moins connues, qui ont eu une influence déterminante sur nous : nos parents, nos grands parents, certains éducateurs, des voisins, des collègues de travail... des gens simples, qui ont marqué notre vie. Ces gens sont là comme des phares qui illuminent nos vies. Ils ont été des guides et nous ont aidés à faire face aux obstacles de la vie. Ce sont eux qui nous ont permis de devenir qui nous sommes aujourd’hui. Nous ne nous sommes pas créés de toute pièce (self-made man or woman). Nous sommes le fruit d’une famille, d’une paroisse, d’un village.
Dans le christianisme, nous avons l’excellente tradition de prier pour ceux et celles qui nous ont précédés. Et dans nos prières, nous ne séparons pas les riches des pauvres, les hommes des femmes, les bons des moins bons. Nous prions pour tous...
Cette première semaine de novembre est notre semaine du souvenir durant laquelle nous nous souvenons avec gratitude et de celles et de ceux qui ont vécu avant nous.
Les célébrations de novembre sont aussi une excellente préparation à notre propre mort. Notre monde moderne fait tout ce qu’il peut pour canceller la mort de nos esprits. Les médias sont remplis de violence et d’agressivité, mais il s’agit toujours de la mort des autres. On nous présente sans arrêt des annonces commerciales promettant l’éternelle jeunesse. Nous n’avons qu’à utiliser leurs produits miracles pour paraître dix ans plus jeunes.
Nous les chrétiens, nous ne croyons pas à une mort cruelle où tout se termine au tombeau. Nous croyons dans un paradis ou la vie se transforme et change. Nous croyons que la mort est un seuil, un passage, une porte ouverte sur l’éternité. Dans le livre du prophète Isaïe, nous trouvons ce très beau texte : «Le Seigneur essuiera toutes les larmes de nos visages... sur sa sainte montagne, il préparera une fête de riche nourriture... il fera disparaître la mort pour toujours... Réjouissons-nous dans le salut du Seigneur.»
Nous vivrons alors la paix du Royaume de Dieu où : «Le loup habitera avec l’agneau, la panthère se couchera avec le chevreau, le veau, le lionceau et la bête grasse iront ensemble, conduits par un petit garçon. La vache et l’ourse paîtront, ensemble se coucheront leurs petits. Le lion comme le boeuf mangera de la paille. Le nourrisson jouera sur le repaire de l’aspic, sur le trou de la vipère le jeune enfant mettra la main. On ne fera plus de mal ni de violence sur toute ma montagne sainte.»
(Is 11, 6-9)
Et saint Jean ajoute dans son Apocalypse : «Je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle... Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux (Emmanuel), sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n’y en aura plus; de pleurs, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé.» (Ap 21, 1-4)
Il y a plein d’espérance dans ces fêtes de novembre. Ça nous rappelle que la mort n’est pas la fin de tout. Ça nous rappelle aussi que le temps qui nous est donné est un don précieux et que nous devons l’utiliser le mieux possible.
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