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Réflexion sur l'évangile du 16e dimanche ordinaire, B

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Mc6,30-34

Après leur première mission, les Apôtres se réunissent auprès de Jésus, et lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné. Il leur dit: « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu’on n’avait même pas le temps de manger.

Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement.

 

16e dimanche ordinaire - B

photo du Père Allard


Retour d’une mission de paix

 

Dans l’évangile, les apôtres reviennent de leur première mission, et S. Paul ajoute que grâce au Christ tous les murs de séparation s’écroulent. En sa personne, «le Christ a tué la haine sur la croix pour que nous vivions en paix». «Nous sommes appelés à une seule espérance, car il y a un seul Corps et un seul Esprit... un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous...» (Éphésiens 4, 4).

mur de séparationPour décrire la séparation, la discrimination et la haine omniprésentes dans notre monde, Paul utilise l’image du mur, faisant référence aux nombreux murs qui séparaient les différents groupes dans le temple de Jérusalem : «Le Christ a fait tomber le mur qui les séparait, le mur de la haine». Dans le Temple, il y avait : le mur qui interdisait, sous peine de mort, l’entrée à tous les non-Juifs; le mur qui limitait les allées et venues des femmes, le mur qui empêchait les laïcs de se rendre dans la section réservée aux prêtres, le mur qui défendait aux prêtres d’aller là où seul le grand prêtre pouvait aller! Par tous ces murs, les gens étaient séparés les uns des autres comme le sont aujourd’hui encore les états d’Israël et de Palestine, délimités par de hauts murs, des tours de gardes et une haine implacable.

Le Christ est celui qui nous propose une oeuvre universelle de réconciliation avec Dieu et avec les autres, «il fait crouler tous les murs de séparation».

Nous vivons dans un monde plein de division. Il y a d’un côté les pays riches et de l’autre les pays pauvres, les secteurs de grandes richesses et les secteurs de taudis, les régions de grande abondance et les régions de famine et de misère, les pays en guerre et les pays en paix. On érige partout le mur de la discrimination raciale, le mur de la religion, le mur de l’idéologie, de la culture, de la vertu. On élève des murs pour se protéger des immigrés, des sans-logis, etc., etc.

La caractéristique principale de tout chrétien, c’est d’être un artisan de paix, un rassembleur, un agent d’union.

Tous ces murs créent un univers d’incompréhension, de méfiance et de haine. Ils provoquent des luttes mortelles, causant des milliers de morts et des millions de déplacés. Les exemples ne manquent pas : en Israël, un véritable mur sépare les Juifs des Palestiniens, en Bosnie, les musulmans des chrétiens, au Ruanda, les Tutsis des Utus, en Irak, les Sunis des Shiites et des Kurdes. Dans nos pays démocratiques, les murs existent entre les différents partis politiques, entre les religions, entre les personnes de différentes couleurs, entre les citoyens de vieille souche et les immigrés. La liste de ces murs semble s’allonger tous les jours. Lorsqu’il y a un mur de séparation, l’intolérance s’installe, les déclarations agressives se multiplient, le fanatisme, la violence et la haine prennent toute la place.

L’être humain semble avoir été créé pour ériger des murs plutôt que de construire des ponts. Devant ces situations désastreuses, Paul, pour qui le Christ est le modèle parfait, nous dit : «Vous avez revêtu l’homme nouveau... Là il n’y a ni de Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni hommes ni femmes, ni Barbares, Scythes, esclaves ou homme libre; il n’y a que le Christ, qui est tout et en tous

Dans notre monde d’inégalité et d’injustice, le Christ nous invite à la paix et à la réconciliation : «Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils ou fille de Dieu!» (Mt 5, 9).

Le Christ nous réconcilie avec Dieu notre Père, avec nous-mêmes, et avec les autres, en nous pardonnant et en nous intégrant à sa grande famille. C’est là le sens de notre belle prière : le Notre Père. Nous sommes tous frères et sœurs. Cela devrait faire crouler tous les murs de séparation qui existent entre nous.

Le jour du Seigneur nous permet de laisser tomber notre agressivité, de détruire les murs qui nous séparent. Nous rencontrons le Seigneur, recevons son pardon, et pardonnons ceux et celles qui nous ont offensés.

La caractéristique principale de tout chrétien, c’est d’être un artisan de paix, un rassembleur, un agent d’union. C’est pourquoi Jésus envoie ses disciples en mission. Rassembler plutôt que disperser et séparer, tout faire pour éviter que les factions se forment, que les commérages se diffusent, que la jalousie ou l’ambition viennent miner les fondements mêmes de la communauté!

Le compliment le plus beau que l’on puisse faire à quelqu’un c’est qu’il est un rassembleur, une personne de paix … Jésus les envoya deux par deux pour annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, un Royaume de paix, de compréhension et d’amour. «Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils et filles de Dieu