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Réflexion sur l'évangile du 3e dimanche du Carême, B

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Jn 2, 13-25


La Pâque des Juifs était proche et Jésus monta à Jérusalem. Il trouva dans le Temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes et les changeurs assis. Se faisant un fouet de cordes, il les chassa tous du Temple, et les brebis et les bœufs; il répandit la monnaie des changeurs et renversa leurs tables, et aux vendeurs de colombes il dit: «Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce.» Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : «Le zèle pour ta maison me dévorera.» Alors les Juifs prirent la parole et lui dirent: «Quel signe nous montres-tu pour agir ainsi?» Jésus leur répondit: «Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai.» Les Juifs lui dirent alors: «Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèveras?» Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. Aussi, quand il fut relevé d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole qu’il avait dite. Comme il était à Jérusalem durant la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il faisait. Mais Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et qu’il n’avait pas besoin d’un témoignage sur l’homme: car lui-même connaissait ce qu’il y avait dans l’homme.

 

3e dimanche du Carême - B

photo du Père Allard


Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte

 

La première lecture d’aujourd’hui sur les dix commandements donne le ton à ce troisième dimanche du carême. Il est intéressant de constater que la liste des commandements mentionnés ne commencent pas par une obligation, mais par le souvenir de ce que Dieu a fait pour son peuple: «Je suis le Seigneur ton Dieu, celui qui t’ai fait sortir d’Égypte, de la maison de l’esclavage». Le comportement du peuple hébreu sera donc la réponse à cette libération qui lui a permis de retrouver sa dignité humaine : «Tu n’opprimeras pas l’étranger. Vous savez ce qu’éprouve l’étranger, car vous-mêmes avez été étrangers au pays d’Égypte.» (Exode 23, 9) L’action de Dieu en faveur de son peuple est la base de la Loi donnée à Moïse et, suite à cette libération, les commandements invitent au respect que l’on doit avoir pour Dieu et pour les autres.

La Loi du Seigneur est en notre faveur et non contre nous. Elle ne veut pas limiter notre liberté mais lui permettre de s’épanouir.

Le respect c’est plus qu’une question de bonnes manières, c’est un témoignage d’estime, d’intérêt et même d’amour. C’est aussi une condition essentielle pour que règne la paix dans la communauté. Le manque de respect conduit à l’injure, l’insulte, le mépris, l’intimidation, le ridicule, le rejet et l’exclusion.

Est-ce que j’ai vraiment du respect pour Dieu, pour mes parents, pour la famille, pour les faibles, pour les étrangers, pour ce qui appartient aux autres. Voilà les commandements que Dieu a donnés à Moïse.

Prenons l’exemple du sabbat : «Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré.» La loi du sabbat ou du dimanche caractérise l’identité du peuple juif, et l’identité du peuple chrétien. Le sabbat est d’abord et avant tout une institution sociale qui accorde un répit aux êtres humains. C’est une loi qui profite non seulement aux Juifs et aux Chrétiens mais à tous les êtres humains : «Tu ne feras aucun ouvrage le jour du Seigneur, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’étranger qui est dans ton village» (Exode 20). Même dans un monde d’esclavage et de tyrannie, tous ont droit au repos au moins un jour par semaine! C’est bien sûr un projet religieux mais c’est avant tout un projet laïque et social :

Jésus chasse les vendeurs du templeJésus chasse les vendeurs du temple.

«Le septième jour, tu chômeras, afin que ton boeuf et ton âne se reposent et que le fils de ta servante et l’émigré reprennent leur souffle» (Ex 23, 12). Et le livre du Deutéronome poursuit : «Tu te souviendras qu’au pays d’Égypte tu étais esclave, et que le Seigneur ton Dieu t’a fait sortir de là d’une main forte et le bras étendu ; c’est pourquoi le Seigneur ton Dieu t’a ordonné de pratiquer le jour de sabbat.» C’est donc au nom de la liberté, du respect des personnes, que nous observons le repos hebdomadaire. Aucun être humain ne devrait être obligé de travailler sans arrêt!

Le respect dont parlent les textes d’aujourd’hui s’applique à la famille, à la mère, au père, aux femmes, au serviteur et à la servante et à tout ce qui appartient aux autres. Il s’applique aussi à la maison du Seigneur : c’est l’évangile d’aujourd’hui où Jésus chasse les vendeurs du Temple.

Il est intéressant de constater qu’Israël ne parle pas de la Loi comme d’une imposition, d’une contrainte, mais comme un cadeau, un don généreux de la part de Dieu, un don qui permet de vivre pleinement et, comme le dit le Psaume 119, qui «est lumière pour nos pas» : «Je te recommande d’observer ces commandements afin que tu puisses vivre pleinement» dit le Deutéronome (30, 15s). La Loi du Seigneur est en notre faveur et non contre nous. Elle ne veut pas limiter notre liberté mais lui permettre de s’épanouir.

Cette Loi du Seigneur touche au quotidien, au profane de la vie : la famille, les rapports sociaux, le monde du travail, la vie de tous les jours. Si la Loi nous empêche de profiter de la vie, c’elle est mal interprétée!

Les commandements qui nous sont proposés aujourd’hui deviennent un chemin de liberté, de respect, de partage et de fraternité. Et le temple, la maison du Seigneur, est l’endroit où nous célébrons ce cadeau, ce don de Dieu. Il a donc droit à tout notre respect : «Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce

 

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Source des images: (1) Méditation, par Rembrandt, Musée du Louvre. (2) basilique Notre Dame du Port - Clermont-Ferrand