Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.
Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit: «Voici l’Agneau de Dieu.» Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus. Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit: «Que cherchez-vous?» Ils lui répondirent: «Rabbi (c’est-à-dire: «Maître»), où demeures-tu?» Il leur dit: «Venez, et vous verrez.» Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers quatre heures du soir.
André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit: «Nous avons trouvé le Messie» (autrement dit: «le Christ»). André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit: «Tu es Simon, fils de Jean; tu t’appelleras Képha», (ce qui veut dire: «pierre»)
Aujourd’hui et dimanche prochain, nous assistons à la rencontre de Jésus avec ses premiers disciples. Selon saint Jean, ceci a lieu au bord du Jourdain, selon les évangiles synoptiques l’événement prend place près du lac de Tibériade.
Ce qui frappe dans ce texte de vocations, c’est que les disciples apprennent à connaître Jésus grâce à l’intervention d’intermédiaires : Jean Baptiste conduit André et un autre disciple à Jésus, André invite son frère Simon à rencontrer le Seigneur, Simon en parle à Philippe qui, à son tour, transmet la nouvelle à Nathanaël... Et il en est ainsi depuis 2000 ans! L’appel de Dieu est transmis par quelqu’un qui, ayant rencontré Jésus, en parle à d’autres. S. Jean dira dans sa première lettre : «Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie... nous vous l’annonçons.» (1 Jean 1, 1-4)
En réfléchissant sur l’origine de notre propre foi, nous nous souviendrons sans doute de certaines personnes qui nous ont introduit au Christ : nos parents, nos grands parents, un oncle, une tante, le curé de notre paroisse, certains enseignants... L’histoire du christianisme est une grande chaîne de personnes qui en conduisent d’autres à Dieu.
Devant la crise des vocations, nous sommes tentés de multiplier les sondages, les enquêtes, les analyses sociologiques. C’est sans doute nécessaire, mais nous devons nous demander : qu’est-ce que les chrétiens font pour annoncer Jésus et sa Bonne Nouvelle. Sont-ils convaincus des répercussions positives que peuvent avoir les valeurs chrétiennes dans leur quotidien? Comment vivent-ils leur christianisme au sein de la famille, au travail, dans les lieux de loisirs?
Dans le texte d’aujourd’hui, lorsque le Christ rencontre ses premiers disciples, il ne leur dit pas «suivez-moi»… mais : «Que cherchez-vous?» Ce sont là les premiers mots de Jésus dans l’évangile de saint Jean.
Cette question s’adresse à chacun et à chacune d’entre nous. «Que cherchons-nous? Quels sont nos désirs et nos aspirations?» Quel est le sens de notre vie? Que cherchons-nous dans la famille, au travail, au club, au bar, à l’église ? Quelles sont nos priorités?
Une fois ces priorités clarifiées, le contact avec Jésus conduira à un changement de direction, à une conversion. Être disciple de Jésus veut dire, entrer dans une nouvelle aventure, dans un changement de notre façon de vivre. Le nouveau nom de Simon est une indication de cette transformation : «Tu es Simon, le fils de Jean; à l’avenir, tu t’appelleras Pierre». Jésus révèle à Pierre qui il est maintenant et qui il deviendra plus tard. Le véritable chrétien est celui ou celle qui apprend petit à petit à changer sa façon de comprendre les choses, à voir à travers les yeux du Seigneur, à adopter sa mentalité à celle du Christ. Ce contact donne un sens nouveau à notre vie et transforme notre petit monde.
Jésus appelle André, Jacques, Simon et Jean, mais il nous appelle nous aussi. Autrefois, il y avait plein de prêtres, de religieux et religieuses, de gens qui s’engageaient au nom de leur foi chrétienne. Aujourd’hui, ils sont beaucoup moins nombreux à répondre de cette façon et nous ne pouvons plus nous permettre de laisser aux autres le soin de faire le travail à notre place. Le temps des substitutions est terminé. Nous ne pouvons plus dire maintenant : «que les religieuses se chargent d’éduquer nos enfants et nos petits enfants dans la foi chrétienne; que les missionnaires aident les gens des pays plus pauvres; que les bénévoles visitent les malades; que les laïcs engagés s’occupent des personnes âgées, etc.» Aujourd’hui, nous sommes tous appelés à faire notre part, à mettre l’épaule à la roue, à donner un coup de main.
Dans notre église, le temps des substitutions est terminé. Nous ne pouvons plus nous contenter d’assigner aux autres le travail à faire et les responsabilités à assumer, tout en nous réservant le beau rôle de spectateurs privilégiés et de critiques des curés, des religieux, des laïcs engagés. Chacun et chacune est appelé à collaborer avec le Seigneur pour rendre notre monde meilleur, plus humain, plus fraternel. Nous sommes invités à créer un monde de pardon, de partage, de tendresse et d’amour. Voilà ce à quoi nous sommes appelés par le Christ.
Avec André et Simon, Jacques et Jean le Seigneur nous invite à le suivre et à construire, jour après jour, le Royaume de Dieu chez-nous. Il nous appelle par notre nom et nous indique le chemin qui s’ouvre devant nous : «Tu es Simon, Claudette, Hélène, Jean-Claude! Tu t’appelleras messager de la paix, éducateur de la foi, ami(e) plein(e) de tendresse, protecteur du plus faible, bénévole de l’encouragement…» L’appel s’adresse à tous, sans exception.