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Réflexion sur l'évangile de la Célébration du baptême de Jésus

Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.

 



 

 

Mc 1, 7-11

Jean Baptiste proclamait dans le désert: «Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint.»

Or, à cette époque, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. Au moment où il sortait de l’eau, Jésus vit le ciel se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre: «C’est toi mon Fils bien-aimé; en toi j’ai mis tout mon amour.»

 

Baptême du Seigneur - B

photo du Père Allard


« Jésus vit les cieux se déchirer et l'Esprit descendre sur lui »

 

Le ciel se déchire ety Dieu vient habiter parmi nousLe prophète Isaïe avait supplié Dieu d’interrompre son silence, de descendre du ciel: «Ah! Si tu déchirais les cieux et descendait». Isaïe avait l’impression qu’un mur existait entre Dieu et nous.

Avec la naissance et le baptême de Jésus, le ciel se déchire et Dieu vient habiter parmi nous, le temps d’attente est terminé... Jésus effectue une «déchirure» dans notre univers clos. Il nous permet de communiquer avec le monde divin. Au lieu de nous enfermer dans notre égoïsme, nous sommes invités à nous ouvrir aux autres et à Dieu.

Notre monde n’est plus la prison dans laquelle l’humanité s’était enfermée depuis qu’elle avait eu peur de Dieu, depuis le soupçon d’Adam et Ève dans le jardin d’Éden : « J’ai entendu ton pas dans le jardin, dit Adam à Dieu. J’ai eu peur… et je me suis caché. » (Genèse 3, 10) La communication est enfin rétablie.

La scène du baptême nous révèle la mission de Jésus qui s’est fait solidaire de nous tous en se joignant aux pécheurs qui viennent recevoir le baptême de Jean.

Dans le Jourdain, Jésus révèle la solidarité profonde de Dieu. Il ne nous considère pas comme des pestiférés, mais comme des gens blessés, malades dont il se soucie et qu’il veut sauver. Il est le bon berger qui cherche la brebis égarée. Par son incarnation il devient pour nous un Messie humble, solidaire et fraternel.

Dieu vient nous rejoindre là où nous sommes. Il n’écrase pas ceux et celles qui souffrent : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai... car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez soulagement. » (Mt 11, 28) Le Seigneur « ne fera point de querelles ni de cris… le roseau froissé, il ne le brisera pas, et la mèche fumante, il ne l’éteindra pas. » (Mt 12, 19-20) Le Seigneur devient notre Emmanuel, le Dieu-avec-nous. Il prend place dans la longue lignée des pécheurs que nous sommes. Il est solidaire, malgré nos faiblesses et nos péchés.

Cette fête du baptême de Jésus, sur qui descend l’Esprit Saint et que le Père révèle comme fils bien-aimé, nous invite aussi à réfléchir sur notre propre baptême. Le baptême est une grande libération. Il y a tellement de faux dieux dans nos vies : l’argent, le travail, l’état, la nation, le pouvoir, la religion, etc. Le baptême nous invite à n’adorer que Dieu seul et nous libère du joug d’oppression des autres dieux.

Cette grâce baptismale reçue dans notre enfance, est continuellement renouvelée par la parole de Dieu, par nos eucharisties dominicales, nos rencontres avec la communauté de foi, nos prières quotidiennes, nos lectures, etc.

Mon baptême n’est pas une histoire qui commence avec moi. Il me rattache aux millions de chrétiens qui ont vécu avant moi. Il est l’aboutissement d’un long cheminement et la continuation de l’expérience de foi des apôtres, des martyrs, des moines d’antan, des nombreux baptisés à travers les siècles. Je suis le résultat de la foi, de la charité et de l’amour de mes grands parents, de mes parents.

Le baptême nous insère dans une longue suite d’engagements chrétiens qui transmettent la foi de génération en génération.

C’est grâce à cette longue chaine de croyants et de croyantes que Dieu a pu dire à notre baptême ce qu’il a révélé à son fils Jésus : Tu es ma fille, tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour.

Pour nous, « le ciel s’est déchiré » et Dieu est venu habiter chez nous. Renouvelons aujourd’hui la grâce de notre baptême, en célébrant la solidarité du Christ. Faisons une plus grande place à ce Dieu qui est devenu l’un de nous.